La face cachée des dérivés de crédit : les CDS

mardi 6 octobre 2009.
 

L’exemple des CDS, système d’assurance aux défaillances de remboursement des crédits devenus machine à spéculer.

L’exemple des CDS donne une idée de la réalité du cancer financier qui ronge la planète. Les Credit Default Swaps (CDS), apparus en 1993-1994, sont une sorte d’assurance à laquelle les organismes de prêts souscrivent pour se prémunir contre le risque de défaillance des emprunteurs, moyennant le paiement régulier d’une prime. En cas de défaut du débiteur, l’assureur rembourse l’assuré de la somme non payée. Ainsi, une banque qui prête 100 euros à 6 %, mais ne doit payer que 2 % par an à l’assureur, peut avoir le sentiment de ne prendre aucun risque et la certitude de toucher 4 % par an. Au final, l’instrument peut lui éviter d’évaluer la qualité de ses investissements. L’assureur, lui, peut assurer un très grand nombre de créances et ainsi recevoir un loyer sans investir le moindre centime.

Avec les CDS, le risque est transformé en titres de propriété cotés qu’il est possible de vendre et d’acheter sur le marché financier et dont la valeur évolue avec l’offre et la demande. Tant et si bien que, servant au départ à se protéger du risque, les CDS sont devenus un énorme moyen de spéculation. Le montant estimé des dérivés de crédit était estimé à environ 3 580 milliards de dollars à fin 2003, puis à 13 900 milliards en décembre 2005 pour atteindre 54 600 milliards à fin septembre 2008. Au premier abord, la multiplication des acteurs en sus des banques sur ce marché a été perçue comme bénéfique car elle devait permettre une plus grande répartition du risque. Sauf que ces nouveaux intervenants n’étaient pas soumis aux mêmes exigences financières que les institutions bancaires. La prolifération de ces instruments a conduit les opérateurs de marché dans une situation où les données pour évaluer le comportement futur des structures financières étaient insuffisantes, voire quasi inexistantes. Ce qui a accru l’incertitude, c’est-à-dire la hausse du risque inconnu et non mesurable.

Ainsi, les CDS sont très vite devenus le contraire d’une assurance. Ils se sont transformés en autant de virus financiers lorsque nombre d’emprunteurs (dans l’immobilier notamment) ont défailli, intoxiquant d’autant plus facilement le système financier international que le risque avait été largement réparti. De gigantesques institutions financières comme l’assureur AIG, Fannie Mae et Freddie Mac, des banques comme Lehman Brothers se sont effondrées.

Les États-Unis et l’Europe font mine maintenant de vouloir instaurer un contrôle du marché des CDS. Ils ont demandé à leur banque centrale de travailler à la création d’une « chambre de compensation » qui enregistrerait chaque transaction et exigerait des garanties des intervenants. La semaine dernière, la Securities and Exchange Commission, le régulateur des marchés, a proposé des mesures « destinées à améliorer la qualité de la notation du crédit ». Des mesures à la rigueur capables de ralentir le rythme de la bulle, en amortissant les pertes des banques, mais sans supprimer les causes susceptibles de leur donner naissance. Si le contrôle des établissements financiers paraît nécessaire, le mieux ne serait-il pas de limiter les risques de défaillance des emprunteurs en changeant les critères du crédit de telle façon qu’ils favorisent la création réelle de richesses grâce au développement de l’emploi efficace et à la promotion des hommes ?

Clotilde Mathieu


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message