Jeunes travailleurs, apprentis, lycéens professionnels : une jeunesse invisible

samedi 18 mars 2006.
 

L’édition du 10 mars du journal Le Parisien consacrait son grand dossier d’actualité au thème "Avoir 20 ans en 2006". A lire cette étude, on pourrait croire que la-plupart des jeunes ont aujourd’hui leur bac à 17-18 ans, puis sont en études supérieures jusqu’à 20-21 ans, voire 25 ans, aprés quelques périodes de stages. La réalité est trés différente puisqu’à 19-20 ans, seulement 40% des jeunes sont aujourd’hui scolarisés dans l’enseignaement supérieur. A 24- 25 ans, cette proportion tombe à à 15% et à 26 ans, seulement 8% .

Dans ce dossier du Parisien, comme dans la-plupart des médias, la réalité populaire et ouvrière de la jeunesse est ainsi passée sous silence. C’est le même processus qui est à l’oeuvre lorsque la classe politique parle sans cesse de la "classe moyenne", en oubliant que les 7 millions d’ouvriers et les 6 millions d’employés forment la majorité de la population active. Même processus encore quand la filière générale du lycée est présentée comme la voie normale, puisqu’à cet âge plus d’un jeune sur deux est dans l’enseignement professionnel, technologique ou en apprentissge.

Il y a urgence pour la gauche à ouvrir les yeux sur les centaines de milliers de jeunes salariés souvent en CDD ou intérim, les 620000 chômeurs de moins de 26 ans, les 400000 apprentis et les 200000 jeunes en contrats divers.

On découvre ainsi une réalité de misère et de précarité qui dépasse largement et s’ajoute à celle des 200000 étudiants pauvres dont on entend parfois parler. Les salaires moyens des jeunes travailleurs de moins de 25 ans sont aujourd’hui inférieurs à ceux de 1970 ( en francs constants). 35% des salariés de 16 à 25 ans sont aujourd’hui payés en dessous du SMIG et 35% autres au SMIG. Le quart des contrats d’apprentissage sont rompus avant leur terme, avec des pics à prés d’un contrat sur deux dans les secteurs les plus durs. 80% des apprentis sont obligés de faire des heures supplémentaires et 20% sont victimes d’un accident du travail.

En 1979, 8,5% des ménages de moins de 25 ans vivaient en dessous du seuil de pauvreté ; ce pourcentage atteint aujourd’hui 25%. Autre réalité souvent oubliée, dans une telle précarité, avec la pénalisation tout azimut et la répression au faciès, les 16-29 ans représentent 40% de la population des prisons, alors qu’il ne représentent que 20% de la population totale du pays.


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