Les listes du Front de gauche dans la dernière ligne droite (article de L’Humanité 7 janvier)

vendredi 8 janvier 2010.
 

Dans toute négociation sérieuse, c’est dans la dernière ligne droite que perle la sueur. Les partis fondateurs du Front de gauche en sont arrivés à cette ultime étape avant de pouvoir donner le coup d’envoi de leur campagne lors d’un grand rassemblement populaire, dimanche, à Paris. Ce tout jeune Front de gauche, qui a su déjouer les pronostics les plus sombres qui avaient accompagné sa naissance, avant les élections européennes, traverse sa crise de croissance avec les élections régionales. La croissance, cela signifie son implantation dans la grande majorité des régions et son élargissement à d’autres forces militantes, au monde syndical, associatif, culturel. Au-delà des rébarbatives mais indispensables discussions sur une répartition des candidats qui doit donner une forte visibilité à cette diversité citoyenne, c’est l’élan de cette nouveauté à gauche qui se joue. Quelle recomposition à gauche  ? Les élections de mars ne fermeront pas le débat, mais, pour l’heure, face aux ravages de la droite, le monde du travail veut faire front à gauche.

Jean-Paul Piérot

« Le temps du débat public et des propositions concrètes est venu. » C’est l’adresse que lance le PCF à ses partenaires du Front de gauche (Parti de gauche, Gauche unitaire) dans un communiqué publié lundi soir. Pour les communistes, le temps presse, à moins de dix semaines du premier tour des élections régionales, et alors que le meeting de dimanche après-midi au Palais des congrès de Paris constituera « le premier temps fort de cette campagne ». « Après toutes les discussions qui ont eu lieu, les bases d’un accord national permettant de rassembler les formations du Front de gauche, mais aussi toutes celles et tous ceux qui entendent construire les listes “Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologiques et citoyennes” (l’intitulé des listes arrêté par l’ensemble des partenaires – NDLR) nous semblent réunies », indique encore le PCF. D’autant qu’au plan local, de nombreux acteurs témoignent de « l’avancée de la constitution des listes ».

« Déboucher sur un accord avant dimanche »

Mais l’accord national avec le Parti de gauche (PG) n’est toujours pas finalisé. Les responsables communistes ont donc fait une ultime offre nationale au PG, avant le meeting du 10, en lui proposant de conduire cinq listes régionales dont la Franche-Comté (au lieu de Poitou-Charentes, qu’il refusait), et 19 têtes de liste départementales contre 17 proposées initialement (lire le détail ci-dessous). Au total, la répartition sur les listes devrait assurer 25 % de candidats éligibles au PG, affirme le PCF.

Au PG, si l’on salue des « évolutions sur les places éligibles », on soulève en revanche « trois problèmes importants », rapporte Éric Coquerel, secrétaire national. Ceux-ci portent sur le nombre de têtes de liste départementales (le PG en demandant 21, dont le Var et le Tarn), les contours de l’alliance dans deux régions (Franche-Comté et Pays de la Loire, où le PG conditionne sa participation à un accord avec le NPA) et, enfin, la persistance de la divergence sur la tête de liste en Île-de-France, Jean-Luc Mélenchon continuant de la revendiquer, alors que le PCF a investi Pierre Laurent. « Nous souhaitons déboucher sur un accord avant dimanche », indique Éric Coquerel. « Nous avons cofondé le Front de gauche, nous tenons à cette démarche, nous ne voulons pas envisager que le meeting ne puisse prendre toute la dimension nécessaire faute d’un accord », ajoute-t-il.

Pas de raison de paniquer, estime de son côté Christian Picquet, de la Gauche unitaire (GU), formation avec laquelle les négociations sont « en phase d’achèvement »  : « Nous sommes condamnés à nous entendre. Personne ne peut prendre la responsabilité de briser l’espoir né aux européennes », estime-t-il. Mais « la construction d’un front n’est pas simple. Cela implique de trouver des équilibres, rappelle-t-il. Le PCF, comme force de loin la plus importante, est celle qui doit consentir les plus gros efforts. En retour, ses partenaires doivent respecter l’audience et l’importance de l’engagement communiste. L’urgence est maintenant d’entrer en campagne. »

Le PCF et le PG doivent se rencontrer à nouveau aujourd’hui pour tenter de finaliser leur accord.

Sébastien Crépel


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