Languedoc Roussillon : La présence de 4 dirigeants communistes dont Gayssot sur les listes de Frêche provoque des réactions vives et argumentées

samedi 6 mars 2010.
 

1) "Comment peut-on se prétendre "communiste" et adopter une posture de complète complicité avec Georges Frêche ?

Par Myriam Barbera (ancienne députée), Henri Costa, Bernard Deschamps (ancien député), Marie-Thérèse Goutmann (ancienne députée et sénatrice), Roland Leroy (membre honoraire du Parlement), Claude Mazauric (historien), tous anciens membres du Comité central du Parti communiste français.

"Comment peut-on se prétendre "communiste" et adopter une posture de complète complicité avec Georges Frêche ? C’est pourtant ce que quatre élus du Conseil régional sortant du Languedoc-Roussillon (par ordre alphabétique : Boré, Collerais, Garino, Gayssot) n’hésitent pas à préconiser, au risque de se renier entièrement.

Ignorant délibérément le juste choix contraire de l’immense majorité des communistes de leur région, les "quatre" en question ont accepté de se soumettre à celui qu’ils appellent "le président", quoique ses paroles et ses actes déshonorent, à la fois, la gauche et le socialisme. Ce que vient, enfin, de reconnaître le PS lui-même.

Comment en effet, s’allier avec quelqu’un qui cherche, par exemple, à flatter le vieux fonds, d’ailleurs résiduel, raciste, colonialiste, xénophobe, qui a marqué si longtemps notre pays ? Comment approuver quelqu’un qui s’apprête à accompagner, voire à précéder, les prétendues "réformes" sarkozystes des institutions régionales et locales, contre toute la tradition démocratique qui nous inspire ? Comment soutenir un dirigeant qui crache sur la résistance du peuple palestinien en apportant un soutien financier et politique à ses bourreaux ?

C’est pourtant ce que n’hésitent pas à entreprendre les "quatre", tournant ainsi sans vergogne le dos à ce qui est au coeur de l’engagement communiste : le désintéressement, la volonté de résistance, l’esprit de solidarité avec les peuples opprimés, en se rendant propriétaires d’un mandat qui leur avait été confié démocratiquement mais qui ne leur a pas été renouvelé.

Toute honte bue, les quatre sortiront discrédités de l’aventure dans laquelle ils se sont enlisés. Que personne parmi nous ne les suive sur ce chemin !

Nous appelons les électeurs communistes à demeurer dignes d’eux-mêmes et fidèles à leur engagement de principe, en soutenant avec détermination, lors du scrutin régional du 14 mars 2010, la liste "A gauche maintenant !" conduite par René Revol, François Liberti, David Hermet, liste qui a reçu le soutien entier et sans faille du Parti communiste français.

2) Sodol Colombini (Conseiller Général de 1973 à 1985 et Maire d’Aigues-Mortes de 1977 à1989) répond aux 4 vice-présidents communistes

Non ! Le bilan de la région Languedoc-Roussillon n’est pas à la hauteur de la situation

Vous dites : « qu’entre votre bilan et celui de l’équipe précédente il n’y avait pas photo »… Avec le doublement des impôts, il n’aurait plus manqué que vous ne fassiez pas mieux que la Droite…

Mais il n’y a pas de quoi pavoiser

Il y a plus urgent aujourd’hui que de reconduire, en l’état, une gauche dominée par le social-libéralisme qui, dans notre région, au-delà des comportements insupportables, et d’un autre âge, de votre Président, prend carrément des allures d’accompagnement de la mondialisation. Sur Canal+, votre président est allé jusqu’à se féliciter que la mondialisation apporte des emplois aux ouvriers chinois. Emplois que, selon notre Empereur de Septimanie, nous ne pourrions conserver… Et qu’il voulait en Languedoc favoriser les pôles d’excellences… Pôles d’excellences ? Pourquoi pas ! Mais dit ainsi, et avec l’exemple des huîtres sud de France, huîtres importées, qui ne passent que quelques jours dans l’étang de l’or, on sait très bien que pour votre président, comme pour tous les tenants de la mondialisation, il faudrait que les agriculteurs, les ostréiculteurs, les pêcheurs, les saliniers, bref tous ceux qui représentent l’économie locale soient réduits au minimum pour faire place nette à la spéculation immobilière et au tourisme de luxe.

On voit ce qu’une telle politique donne en Espagne

Et combien d’argent dépensé (et souvent en pure perte) pour vendre notre région ? On avait, à juste raison, critiqué Blanc pour sa maison du Languedoc à Barcelone. Frêche a fermé Barcelone… Mais pour ouvrir des maisons à Shanghai, à New York. Certes, ça a servi à 40 « obligés » pour aller, au frais de la région, serrer la main au président du FMI . (DSK qui, lorsqu’il était ministre des finances, exonéra de fiscalité les stock-options). « Soutien des services publics » dites-vous. Quel soutien ? Dans les 5 lycées construits (sur les 12 promis) vous avez privatisé l’entretien et la restauration. Est-ce un hasard si un Nicollin (qui s’est gavé avec l’argent des collectivités) est un grand supporteur de notre petit timonier ? Vous déclarez : « un bilan qui porte sans ambiguïté l’empreinte des communistes »… Quel crédit aurez-vous, auprès des salariés qui luttent contre l’externalisation de leur travail, quand ils sauront qu’à la Région (et dans les collectivités) vous retardez toujours la reconquête des services publics cédés au privé ?

Et la gestion de l’eau ? Et la formation professionnelle ? Partenariat public/privé ou véritable service public ?

Et Agrexco ? Un fauteuil de vice-président vaut-il plus que notre solidarité envers le peuple palestinien chassé de ses terres depuis plus de 60 ans ? Sans compter que les produits importés des colonies d’Israël (dont la production prive d’eau les Palestiniens) vont concurrencer nos agriculteurs.

« Ne pas donner de chance à la droite ». Certes, mais la droite ce n’est pas seulement au plan électoral qu’il faut la battre, c’est d’abord et surtout au plan des idées…Et le premier tour d’une élection doit permettre à chacun de pouvoir exprimer un choix réel et non par défaut. Votre choix, qui consiste à vouloir effacer le premier tour, sous prétexte de vote utile, conduit à renoncer à changer la donne à gauche.

Si on veut durablement changer le sort du monde du travail, il faut, sans attendre, changer la donne à Gauche

Depuis le virage libéral de 1983 (1), que les maigres succès du gouvernement de la Gauche plurielle (1997/2002) n’a pas remis en cause, bien au contraire, avec la poursuite des privatisations, dont certaines ont été patronnées par le camarade-ministre Gayssot, ce qui presse, c’est que toutes les forces qui luttent pour sortir de la logique capitaliste s’unissent et renversent la domination social-libérale sur la Gauche.

Face à la crise généralisée du capitalisme, il est urgent, au plan local, comme au plan national, en passant par nos régions et nos départements, de résister et de s’opposer aux politiques d’un monde financiarisé et aux directives libérales de Bruxelles.

Et cela ne peut se faire sans se dégager d’une gauche dominée par le social-libéralisme qui de plus, dans notre région, est marquée par une gouaillerie affligeante. (2)

Changer la donne à gauche, cela ne peut se faire qu’en votant pour la liste « A Gauche maintenant » !

3) Ni cet excès d’honneur ni cette indignité (Jacques Cros PCF)

Un ancien élu communiste, aujourd’hui candidat contre son parti sur la liste de Georges Frèche, Jean-Claude Gayssot pour ne pas le nommer, a fait état au cours d’une réunion publique qui s’est tenue le 18 février dans nos murs (cf. l’édition du vendredi 19 février de Midi Libre) de l’évolution démographique respective de Béziers et de Montpellier. Selon lui il y a une cinquantaine d’années la capitale du vin faisait, question population, jeu égal avec la préfecture de l’Hérault. Cinquante ans, c’est un peu court, mais en remontant un demi-siècle plus tôt ce ne doit pas être faux.

Depuis ? On connaît tous la suite : Béziers à fortement décliné. Haro donc sur Couderc qui… Mais enfin voyons, nous avons connu d’autres municipalités qui n’ont pas plus enrayé la dégradation des choses au plan économique, social, démographique… que l’actuel maire de la ville ! Le problème dépasse largement la responsabilité d’un conseil municipal. La crise viticole qui conditionne largement la situation de Béziers et du Biterrois n’est pas étrangère à une certaine conception de l’Europe et aux conséquences d’une mondialisation au service du capital.

Montpellier ? Oui, c’est la ville d’Europe qui a connu l’expansion démographique la plus importante. Le devons-nous à la personne qui a occupé ici le fauteuil de maire pendant presque trente ans où à la conjoncture ? Et par ailleurs, la vie est-elle idyllique pour les Montpelliérains ? Pour ceux de La Paillade [quartier périphérique de Montpellier] plus particulièrement ? Monsieur Gayssot s’égare et, comme c’est écrit dans la lettre que j’ai reçue et qu’il a cosignée avec les trois autres renégats, je refus de « transformer les élections régionales en un champ de manœuvres et d’ambitions personnelles ».

Pour être plus clair je me refuse à cautionner des gens qui subordonnent leur orientation politique à leurs intérêts de carrière. Et là c’est précisément le cas, c’est patent pour celui qui accepte d’analyser les choses avec un minium d’honnêteté ! Gayssot ne représente pas grand-chose à Béziers. En tout cas il ne représente en rien le parti communiste.

Jacques Cros


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