René Revol « Avec Frêche, la gauche ne se reconnaît pas ». Preuve : le PS monte une nouvelle liste (interview de Revol, plus 3 articles dans l’ordre chronologique)

mardi 26 janvier 2010.
 

1) Interview de René Revol par Midi Libre

Midi libre : Vous avez été, il y a 6 mois, avec François Liberti, l’un des premiers antifrêchistes déclarés. Pourquoi ?

Nous sommes une liste de gauche alternative fidèle aux valeurs de gauche. Elle représente toute la diversité de la gauche sur la base du non au référendum de 2005. Il y a des écolos, le NPA, le PCF, le Parti de gauche auquel j’appartiens, la Fédération, les Alternatifs et tous ceux qu’on rencontre dans la bataille du quotidien et qui ne sont jamais représentés aux élections comme Réseau d’éducation sans frontières (RESF). Il y a des personnalités du monde médical, des services publics et des militants PS qui ne se reconnaissent pas chez Frêche. Jean-Luc Mélenchon participera à la campagne. Qu’il soit sur la liste n’est pas décidé.

Aubry vote Frêche…

C’est le problème du PS qui soutient sans soutenir tout en soutenant… Nous ne sommes pas antifrêche. Avec Frêche, il y a un problème de valeurs quand il se rallie aux propos du ministre Besson. Nous voulons infliger une défaite à Sarkozy qui a instauré le bouclier fiscal et qui démantèle l’hôpital public. Ces questions-là, Frêche ne les aborde pas. Sauf sur la réforme territoriale qu’il défend ! Frêche est un centre mou qui cherche une alliance avec le MoDem.

Quel est votre but ?

Il n’y a pas de problème de personne mais un problème politique : avec Frêche, les gens de gauche ne se reconnaissent pas dans leur vote de 2004. Nous voulons rendre la région à gauche au moment où Sarkozy veut en faire un levier politique, où il veut mettre les régions en concurrence. Frêche suit cette politique nationale : Sanofi par exemple a reçu des aides de la Région, mais elles n’étaient pas conditionnées à la création d’emplois et aujourd’hui Sanofi engage un plan de restructuration. C’est un fleuron de l’industrie régionale en danger. La stratégie économique de Frêche vise à développer des fleurons mais, derrière, les habitants ne voient aucune retombée. Au lieu de favoriser ces grandes entreprises qui cachent un désert, nous prônons des coopérations territoriales. Que l’argent public permette une relocalisation de l’activité. Que Frêche déclare vouloir faire de l’étang de Thau une marina, c’est un scandale ! On ne veut pas d’un littoral bronze cul de l’Europe. Il faut réinsérer le tourisme dans les pratiques, les savoir-faire et les métiers locaux ; s’appuyer sur des circuits courts, en agriculture. Cela génère une autre façon de vivre ensemble en étant moins soumis à la mondialisation.

Quel bilan tirez-vous de Frêche ?

Il y a des réalisations incontestables. Les travaux anti-inondations ou les livres gratuits. Heureusement : les impôts ont été multipliés par deux ! Il y a des échecs. Il avait promis 12 lycées : sous cette mandature, seulement 5 ont été réalisés ; la fréquence des TER devait augmenter jusqu’à 3 trains par heure. Promesse non tenue. En 2004, le produit intérieur brut de la région par habitant était le dernier de France juste devant la Picardie. Cela a-t-il changé ? Non. Le taux de chômage est de 12,7 % (3 points au-dessus de la moyenne nationale) et un Languedocien sur six vit en dessous du seuil de pauvreté (1 sur 14 en France).

Votre accord avec Europe Écologie pour le second tour ne fausse-t-il pas le scrutin ?

Nous sommes prêts à fusionner avec toutes les listes de gauche sur un programme de gauche, sans Frêche. A ce jour, il n’y en a que deux. S’il y a une autre liste de gauche investie par le PS, on discutera pour fusionner.

Comment gérer une région avec le NPA qui par essence est un parti contestataire ?

Je gérerais avec tous les partenaires. Nous voulons le pouvoir pour transformer les choses sans augmenter les impôts, en affectant les ressources différemment.

Êtes-vous prêt à aller jusqu’à faire perdre la gauche ?

Si le bloc écologique de gauche et nous, nous faisons plus que Frêche, est-ce qu’il se maintiendra ?

Recueilli par Olivier SCHLAMA le 25 janvier 2010

2) Tollé politique après les propos de Frêche sur Fabius Article du Monde

Les propos de Georges Frêche sur Laurent Fabius, à qu’il a reproché d’avoir "une tronche pas catholique", ont déclenché un vent de protestation, aussi bien à gauche qu’à droite, jeudi 28 janvier. Martine Aubry, secrétaire nationale du Parti socialiste, a d’ailleurs annoncé dans l’après-midi qu’elle allait proposer à la maire de Montpellier, Hélène Mandroux, de mener une liste "de rassemblement de la gauche et des écologistes" pour s’opposer à l’actuel président de la région Languedoc-Roussillon.

De quoi satisfaire le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, qui avait invité plus tôt, "l’ensemble des socialistes à se rassembler en Languedoc-Roussillon autour d’un autre chef de file qui, à la tête d’une liste progressiste, mènera campagne dans la fidélité à [leurs] idéaux". "La famille socialiste doit impérativement tirer les conséquences de ce nouveau dérapage", avait-il déclaré dans un communiqué. Harlem Désir, secrétaire national du PS et député européen, avait aussi appelé à former une nouvelle liste pour les élections régionales afin de "tourner immédiatement la page Frêche en Languedoc-Roussillon", après des propos "d’une ignominie qui achève de déshonorer ce sinistre personnage".

Noël Mamère, député-maire des Verts, s’était aussi offusqué d’un tel comportement, dans un entretien sur Public Sénat : "Les propos qu’il a tenus sur les harkis, les Noirs et maintenant Fabius, si ce n’est pas de la xénophobie, de l’antisémitisme et une forme de racisme, je ne sais pas ce qu’est le racisme. Georges Frêche est un universitaire. Il devrait savoir que les mots ont un sens. Je ne peux pas imaginer qu’il n’ait pas mesuré la portée et la connotation de ses propos." Pour Aurélie Filippetti, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, "les derniers propos de Georges Frêche sont à vomir".

"UN LE PEN DE GAUCHE"

Même l’eurodéputé PS Vincent Peillon, qui avait soutenu Georges Frêche, a affirmé sur France Inter jeudi que celui-ci avait "des excuses à faire" et que ces propos étaient "inacceptables". Sur France Info, Manuel Valls avait dénoncé un nouveau "dérapage", des propos "nauséabonds, indignes, insupportables". "Après ce type de provocation, le risque de perdre une région n’est rien par rapport au risque de perdre nos valeurs", a souligné le député-maire d’Evry.

Sur Canal +, le député UMP Eric Raoult a dit avoir cru à un "premier avril" en entendant la déclaration de Georges Frêche sur Laurent Fabius. "J’ai découvert un Le Pen de gauche", a-t-il déclaré, ajoutant que Martine Aubry jouait sa crédibilité de présidentiable dans cette affaire. "Le Parti socialiste est un magnifique donneur de leçons, il a, de façon indirecte et hypocrite, donné son investiture à Georges Frêche dont les débordements sont permanents", avait également déclaré Hervé Morin, président du Nouveau Centre, sur LCI.

3) Frêche : Martine Aubry saisit le bureau national du PS Article Nouvel Obs

La Première secrétaire du PS Martine Aubry va "saisir mardi prochain le bureau national" du parti socialiste après les propos du président de Languedoc-Roussillon Georges Frêche, qu’elle juge "indignes d’un élu de la République".

"La déclaration de Georges Frêche parue ce jour (jeudi NDLR) dans ’l’Express’ concernant Laurent Fabius est indigne d’un élu de la République, et constitue une insulte aux valeurs de la gauche", dénonce Martine Aubry dans un communiqué.

"Je suis indignée par de tels propos. Je saisirai mardi prochain le Bureau National du Parti Socialiste pour décider des suites à leur donner", précise la No1 du PS.

Le président de la région Languedoc-Roussillon, qui présente une liste d’union pour les élections régionales de mars, attaque directement le député de Seine-Maritime Laurent Fabius dans l’hebdomadaire : "voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème : il a une tronche pas catholique", dit-il, en allusion vraisemblable à ses origines juives.

Georges Frêche a été exclu du PS en 2007 après des propos controversés sur les joueurs noirs de l’équipe de France de football et les harkis qu’il avait traités de "sous-hommes". Mais les adhérents ont voté en majorité en faveur de l’ancien maire de Montpellier, ce dont le bureau national a pris acte début décembre.

La Première secrétaire du PS Martine Aubry avait alors expliqué avoir "pris acte" du vote des adhérents en faveur de la candidature de Georges Frêche pour les régionales en Languedoc-Roussillon, estimant qu’"il faut tout faire pour que cette région reste à gauche". AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...

4) La maire PS de Montpellier face à Georges Frêche aux régionales Article de L’Express

Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier (Hérault), a annoncé jeudi avoir accepté la proposition de Martine Aubry de conduire une liste concurrente à celle de Georges Frêche aux élections régionales.

La dirigeante du Parti socialiste avait annoncé "après la nouvelle indignité dont s’est rendu coupable Georges Frêche", qu’elle allait proposer au bureau national du PS d’investir la maire de Montpellier contre lui.

"J’accepte la proposition de Martine Aubry de conduire une liste aux prochaines élections régionales et j’appelle tous les socialistes, toutes les composantes de la gauche et les écologistes à venir me rejoindre sans arrière-pensée, sans calcul", a-t-elle dit lors d’une déclaration à la presse.

Georges Frêche a récemment déclaré à l’adresse de l’ex-Premier ministre Laurent Fabius, d’origine juive : "Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas catholique."

Le premier secrétaire du PS avait immédiatement réagi, se disant "indignée" par cette "insulte aux valeurs de la gauche."


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message