Dernier discours d’Oskar Lafontaine

lundi 8 février 2010.
 

Le 19 janvier dernier, Oskar Lafontaine, Président de Die Linke, s’est adressé à ses camarades à Saarbrück. Ce discours est important pour tous ceux, quelle que soient leurs nationalités, qui veulent participer à la construction d’une "Autre gauche" dans le monde. Les lecteurs réguliers de ce blog savent que Die Linke est une formation politique "soeur" du PG, et que nous suivons de très prêt ce qui se déroule dans la gauche allemande. Nos camarades allemands aussi, s’intéressent au PG, au point que , le 29 novembre 2009, lors de notre meeting de lancement du PG, Oskar Lafontaine nous a fait l’honneur d’être présent (ici en photo avec Jean-Luc Mélenchon).

Mais, le discours qui suit a aussi, pour de bien tristes raisons, une dimension toute particulière. Il y a quelques mois, Oskar a annoncé publiquement qu’il était atteint d’un cancer et qu’il ne représentera pas à la direction de son Parti.

Le discours qui suit est donc un de ses derniers discours importants, il y donne son opinion sur des débats qui traversent Die Linke. J’ai considéré important de le publier.

Après notre entrée, une nouvelle fois, au Bundestag, avec 11,9% des voix, et le succès à l’élection du Parlement du Land de Sarre, la phase de fondation du parti DIE LINKE arrive à son terme. Nous sommes maintenant représentés non seulement dans six Länder de l’Est, mais aussi dans six Länder de l’Ouest de l’Allemagne, et nous avons rallié les voix de 5 155 933 électrices et électeurs lors des élections au Bundestag, soit plus que les Verts, et plus que la CSU.

En créant le parti DIE LINKE, nous voulions avant tout changer la politique étrangère, ainsi que la politique économique et sociale. Nous sommes maintenant en plein dans ces changements.

Après le refus de la majorité de la population de défendre l’Allemagne au Hindou Kouch, les deux églises chrétiennes se sont à nouveau prononcées contre la guerre en Afghanistan. Nos concurrents politiques cherchent une stratégie de sortie, à des degrés divers, et c’est à qui reculera le plus. Westerwelle1 ne veut pas envoyer de troupes supplémentaires et veut un retrait de l’armée allemande à moyen terme. Gabriel2 veut commencer l’année 2011 par le retrait de la Bundeswehr, tout comme Obama. Zu Guttenberg3 a reconnu que c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, en Afghanistan, et qu’elle ne sera pas gagnée. Il laisse aussi entendre qu’il serait impossible d’y mettre en place une démocratie sur le modèle occidental. En outre, il demande, comme avant lui quelques politiciens de la CSU l’avaient fait, que l’on trouve un moyen de retirer les troupes allemandes d’Afghanistan. Notre affiche de campagne « dehors, sortir d’Afghanistan » se révèle efficace.

En ce qui concerne la loi Hartz IV, le Paritärische Wohlstandsverband4 demande une « révision totale ». Le ministre président Rüttgers sait que l’entrée de Die Linke au Parlement du Land de Rhénanie du Nord Westphalie peut lui coûter sa présidence, et plaide donc pour une révision de fond de Hartz IV. Gabriel reprend à son compte notre revendication de prolongement de l’indemnisation du chômage pour les salariés qui ont cotisé pendant de longues années. Il y a maintenant presque chaque jour de nouvelles propositions de changement de Hartz IV. Ce qui est en question, c’est le rétablissement de l’assurance chômage, que l’on avait démantelée. Les travailleurs âgés, qui ont cotisé pendant des décennies à l’assurance chômage, doivent bénéficier plus longtemps des allocations de chômage. Il faut changer la clause de l’emploi satisfaisant, qui est une incitation au dumping sur les salaires. Notre affiche de campagne « abandonner Hartz IV » trouve toujours plus de partisans. Les autres partis sont en train de réviser la loi Hartz IV.

Le SPD et les Verts demandent maintenant eux aussi un salaire minimum garanti par la loi, rejoignant ainsi DIE LINKE et les syndicats. La majorité des électrices et électeurs est de toute façon d’accord pour l’introduction chez nous de règles qui vont de soi dans la plupart des pays européens Malheureusement SPD et Verts n’ont pas profité de la coalition majoritaire dont ils faisaient partie au Bundestag pour introduire un salaire minimum. Et cela, parce que le SPD n’a pas voulu déroger à la discipline de la coalition. La question reste donc ouverte : quand prendra-t-on enfin en compte la volonté majoritaire de la population, quand mettra-t-on fin au dumping salarial dévastateur des dernières années ? Les pratiques de l’entreprise Schlecker sont désormais critiquées, cette entreprise qui comme tant d’autres profite de la dérégulation du marché du travail pour faire pression sur les salaires. Les incendiaires appellent les pompiers. Le salaire minimum légal limiterait les dégâts.

Il est de plus en plus évident que la réforme des retraites n’est pas tenable. L’introduction de la retraite par capitalisation se révèle, crise financière aidant, une décision historique tant elle est nocive. La destruction de l’assurance retraite inscrite dans la loi reste un scandale. Celui qui gagne aujourd’hui 1000 euros, aura droit, après 45 ans de travail, à 400 euros. La CDU/CSU, le SPD, le FDP et les Verts ont programmé avec cette réforme des retraites la pauvreté de millions de personnes âgées. Notre affiche « contre la retraite à 67 ans » convainc maintenant aussi les politiciens des autres partis qui s’occupent des questions sociales. Ils reculent, sur des décisions qu’eux-mêmes ont prises, et cherchent une issue qui leur permettrait de garder la face. Il va de soi que DIE LINKE continue de défendre l’ajustement des niveaux de retraites à l’Est.

A côté de ces quatre revendications centrales du parti DIE LINKE pour les élections de 2009 au Bundestag, « dehors, sortir d’Afghanistan », « abandonner Hartz IV », « un salaire minimum maintenant » et « contre la retraite à 67 ans », la politique économique de notre parti a fait ses preuves dans le contexte de la crise financière. Il a fallu que tous les états industrialisés fassent une politique monétaire et fiscale expansive pour éviter l’effondrement de l’économie mondiale. Nombreux sont ceux qui sont bien obligés d’admettre, et ils s’en étonnent, que c’est l’idéologie néolibérale de la dérégulation qui a conduit l’économie mondiale à la crise, et que le keynésianisme prôné par les partis de gauche en a empêché l’effondrement. Mais comme on n’a jamais voulu prendre en compte notre exigence de régulation du secteur financier et de nationalisation du secteur bancaire, au final, l’argent des banques centrales n’a pas servi à renforcer l’économie réelle, c’est tout le contraire, il a servi à financer la prochaine bulle financière. Pour la première fois à ce jour, il est maintenant clairement démontré que c’est l’industrie financière qui détermine la politique, et non pas l’inverse. Le capitalisme financier dérégulé a vidé la démocratie de son sens.

Nous n’avons pas participé à la dérégulation des marchés financiers, nous exigeons sa régulation depuis des années. C’est aussi pour cette raison que nous nous revendiquons comme un mouvement démocratique de rénovation. Ou bien l’état régule et régule les banques, ou bien c’est l’industrie financière qui régule la politique.

Si on se définit comme mouvement de rénovation démocratique, alors il faut dire ce que l’on entend par démocratie. DIE LINKE se réfère à la définition classique attribuée à l’homme d’état grec Périclès : « Le nom que nous donnons à notre ordre politique est la démocratie parce que les affaires sont traitées non pas dans l’intérêt de quelques uns, mais dans l’intérêt du plus grand nombre. »

La répartition des revenus et des richesses, d’année en année de plus en plus inégalitaire, est aussi à l’origine de la crise financière mondiale, à côté de la dérégulation des marchés financiers. Certains malheureusement, qui pourtant comme nous voient dans la dérégulation une erreur décisive, ne s’en rendent pas compte. La phrase de Rosa Luxemburg : « Il n’y a pas de démocratie sans socialisme et pas de socialisme sans démocratie » ne dit rien d’autre que cela : il n’y a pas de démocratie sans une répartition plus juste des richesses, parce qu’une répartition injuste des richesses conduit à des structures de pouvoir non démocratiques. DIE LINKE est la seule force politique à poser cette question : qu’est ce qui appartient à qui et pourquoi ? Die Linke veut un ordre social et juridique dans lequel un bien appartient à celui qui l’a créé et gagné par son travail. C’est pour cela que nous voulons que l’accroissement des biens d’exploitation des grandes entreprises de production soit attribué à ceux qui l’ont gagné par leur travail. Ce bien appartenant au personnel, il restera ainsi dans l’entreprise et assurera aux personnels les mêmes droits que les actionnaires. Il n’y a que cette voie pour démocratiser progressivement l’économie et faire naître un ordre social où s’imposera l’intérêt du plus grand nombre.

C’est justement parce que DIE LINKE préconise un ordre de propriété qui attribue la richesse à ceux qui l’ont créée, que les actuels bénéficiaires de la répartition des richesses, basée sur la dépossession des salariés, nous attaquent. Cela vaut aussi pour les médias privés dans lesquels 200 riches diffusent leurs opinions, comme le dit Paul Sethe, le fondateur de la FAZ. [Freie Allgemeine Zeitung]. Au sujet des partis de gauche, les médias procèdent toujours de la même manière. Ils tracent une ligne entre d’un côté les politiciens qu’ils estiment réalistes et pragmatiques, et de l’autre, ceux qu’ils traitent d’agitateurs, de populistes, ou d’idéalistes. C’est comme cela qu’ils pèsent sur les contenus politiques et les décisions d’attribution des places au sein des partis de gauche. C’est comme cela, qu’au cours des années, au SPD, l’aile réformiste comme on dit, s’est imposée ; avec pour résultat la réduction de moitié de son électorat et de ses membres.

L’agenda 2010 ainsi que le soutien à la guerre ont détruit ce qui constitue la quintessence du SPD : la défense de la justice sociale et de la paix.

Les Verts, qui viennent d’avoir 30 ans, ont été influencés par le même modèle et sont ainsi devenus un parti gouvernemental. L’aile « réaliste » a été bichonnée, les « agitateurs » et les « idéalistes » ont été sans cesse vilipendés. Comme pour le SPD, c’est le courant réaliste qui a triomphé. Ce parti qui à sa création portait sur son drapeau les mots de justice, non violence, démocratie et protection de l’environnement est devenu un parti qui a approuvé l’agenda 2010 et la guerre. Comment se fait-il alors que ce parti n’ait pas connu le même sort que le SPD ? La réponse est simple. Les Verts sont devenus un parti de nantis, leurs électrices et électeurs veulent tous davantage de protection de l’environnement. Mais ils soutiennent tout de même majoritairement des guerres, que l’on désigne par l’euphémisme d’interventions humanitaires. La marque des Verts, c’est la protection de l’environnement. Justice sociale, non violence, démocratie n’en font pas forcément partie, pour beaucoup de ses partisans. Voilà pourquoi les Verts n’ont pas connu le même sort que le SPD.

Les médias essaient de jouer le même jeu avec le nouveau parti DIE LINKE, qui n’a que deux ans et demi d’existence. Ils louent infatigablement les réformistes et les pragmatiques, comme ils disent, et polémiquent constamment avec ceux qu’ils traitent de populistes, fondamentalistes, agitateurs et idéalistes. Ils sont naturellement soutenus dans ces manœuvres par les « réformistes » et les « pragmatiques »des autres partis, qui n’arrêtent pas de rabâcher comme une litanie que DIE LINKE est incapable de gouverner. Si nous tombions dans le piège de cette propagande, de ce journalisme partisan, alors il nous arriverait ce qui est arrivé au SPD. Et comme nous sommes encore moins « établis » que le SPD, l’électorat et les membres se réduiraient de moitié encore plus vite que pour le SPD.

Nos succès électoraux, nous les devons aux contenus politiques que nous avons élaborés ensemble dans les dernières années. DIE LINKE est pour ses partisans le parti de la paix, de la justice sociale et de la raison en matière d’économie. Notre parti, dans la tradition de Karl Liebknecht et de Willy Brandt, vote contre les engagements dans la guerre. Au contraire de ses concurrents, il se prononce contre la casse sociale, contre les réductions de personnel dans les services publics, et contre la privatisation des institutions d’aide sociale. Il veut limiter le secteur financier à sa mission première, qui est de financer l’économie réelle en proposant du crédit.

Lorsqu’il s’agit de juger une stratégie, pour décider si elle est juste ou mauvaise, ce ne sont pas les commentateurs qui décident. Ce sont les électrices et les électeurs. C’est aux revendications politiques du nouveau parti, celles de la campagne des élections au Bundestag que l’on doit le succès de DIE LINKE : « dehors, sortir de l’Afghanistan », « abandonner Hartz IV », « un salaire minimum maintenant » et « contre la retraite à 67 ans »

Pour minimiser ce succès pourtant indiscutable, pour mettre la pression et essayer de nous faire rentrer dans le rang, on dit que les résultats électoraux ne seraient valables que s’ils permettent de participer au gouvernement. Ces mots cachent une vision simpliste des choses : l’opposition ne servirait à rien. Mais gouverner peut aussi être totalement inutile, le SPD en a fait la douloureuse expérience lors des dernières élections. Il a à nouveau déçu ses partisans en participant à la coalition qui a voté l’augmentation de la TVA, et la retraite à 67 ans. Le SPD a été sanctionné pour cela. Notre parti frère « Rifondazione Communista », en Italie a fait la même expérience pour avoir approuvé, une fois au gouvernement et au mépris de ses promesses de campagne, et la participation à la guerre en Afghanistan et la réduction des prestations sociales. Aujourd’hui, il n’est plus représenté au parlement. L’un des deux partis dont est issu DIE LINKE, le PDS, n’a pas eu non plus une expérience très concluante au gouvernement. Pour autant, les participations au gouvernement ne conduisent certes pas obligatoirement à la perte de voix aux élections. Il y a beaucoup d’exemples qui prouvent le contraire.

Je vais tout de suite lever le doute : je suis bien favorable à une participation au gouvernement, dans la mesure où nous changeons la politique dans le sens de notre programme. Mais dire qu’un parti politique ne pourrait changer la société et la politique qu’en participant gouvernement, c’est méconnaître la manière dont on peut agir dans un système parlementaire. Les lois sociales de Bismarck, par exemple, n’ont pas résulté d’un projet politique du chancelier de fer, elles ont été mises en place pour empêcher le renforcement du SPD. La retraite par répartition, et l’introduction de la cogestion paritaire ont été mises en route par Konrad Adenauer pour empêcher la formation d’un gouvernement par le SPD. Les Verts ont fait changer les programmes des autres partis sans être au gouvernement. DIE LINKE aussi a contribué à l’élaboration de l’agenda politique dans la dernière législature, comme le disent ses détracteurs les plus virulents. Comme je l’ai déjà évoqué, les autres partis, après notre succès aux élections du Bundestag, font de la surenchère pour trouver des stratégies de retrait des troupes d’Afghanistan, et pour développer et proposer des améliorations de l’assurance chômage et des retraites. C’est prouvé : plus DIE LINKE sera un parti fort, plus le pays sera social.

Plutôt que de construire sur ces succès, et de nous concentrer sur l’entrée de DIE LINKE au parlement du Land de Rhénanie du Nord Westphalie, nous nous payons le luxe de batailles de personnes dont nous n’avons pas besoin, et multiplions les débats sur la question de la participation ou non au gouvernement. Sur les querelles de personnes, c’est avant tout Gregor Gysi et Klaus Ernst qui ont déjà dit ce qu’il faut dire. Là où des hommes travaillent ensemble, et cela vaut pour toutes les organisations et partis, il y a des vanités, des rivalités, et des états d’âme. Tous les acteurs ne sont pas unis par des liens de sympathie et d’affection, il nous faut donc, comme dans la vie quotidienne, nous en tenir à des règles qui permettent de vivre ensemble dans la solidarité.

En ce qui concerne la participation au gouvernement, on aborde la question comme s’il y avait dans notre parti, à l’Est ceux qui veulent gouverner, et à l’Ouest, des fondamentalistes qui refusent la participation à un gouvernement. C’est manifestement faux. En Hesse, DIE LINKE voulait voter pour Andrea Ypsilanti à la tête du gouvernement. C’est à cause du SPD que cela n’a pas marché. En Sarre, nous voulions un gouvernement rouge-rouge-vert. Cela a échoué à cause des Verts, achetés par un entrepreneur appartenant au FDP. Et à Hambourg, ce n’est pas DIE LINKE qui a refusé un gouvernement rouge-rouge-vert, lequel était possible, mais c’est le SPD qui l’a exclu d’emblée. Ce n’est pas à cause de la question de la participation ou non à un gouvernement que la négociation a échoué dans le Brandebourg. Non, ce qui était en question, c’est les diminutions d’emplois dans les services publics. Moi non plus, je n’aurais pas signé un contrat de coalition dans ces conditions, parce qu’il y a des lignes à ne pas franchir ; ces lignes doivent être les conditions d’une participation à un gouvernement : arrêt de la casse sociale, arrêt des réductions de personnel dans les services publics, arrêt des privatisations.

A une époque où les salariés du secteur public de l’Allemagne entière d’après la réunification sont moins nombreux que ceux de la seule République de Ouest avant la réunification, la poursuite de la suppression d’emplois dans les services publics est pour moi injustifiable. Si en Allemagne la part des emplois publics était la même qu’en Suède, par rapport à l’emploi total, alors nous aurions entre 5 et 6 millions d’emplois en plus dans le service public.

En Hesse aussi, nous avons eu des controverses sur la conclusion d’un accord indiquant que DIE LINKE n’aurait pas de participation aux décisions du Bundesrat du Land de Hesse. J’étais contre, et je n’aurais pas soutenu un accord qui exige le soutien à un gouvernement, sans pouvoir d’influence sur les décisions du Bundesrat de ce gouvernement.

Dans le cadre des négociations en vue de la composition du gouvernement en Thuringe, nous avons formulé l’exigence d’avoir la présidence du Land de Thuringe si notre parti est le plus fort de la coalition. Cette exigence est partagée à l’Est et à l’Ouest. Le journalisme partisan, qui prétend qu’à l’Est il y aurait les « pragmatiques qui veulent gouverner » et à l’Ouest les « agitateurs qui ne veulent pas gouverner » est donc une torsion inouïe des faits et de la vérité. L’offre que j’ai faite et répétée au SPD durant la dernière législature, à savoir de voter pour un chancelier socio démocrate, à condition que l’armée allemande soit retirée d’Afghanistan et qu’on introduise un salaire minimum le prouve assez. Il faudrait y ajouter une décision sur les retraites, afin qu’elles assurent un niveau de vie correct, et la révision dans son ensemble de Hartz IV. Ce sont exactement ces revendications que le SPD veut plus ou moins satisfaire, maintenant, après tout ce temps.

Lorsqu’ils s’emploient à pronostiquer la chute proche de DIE LINKE, les médias prétendent que nous n’avons pas de programme, et quand nous discutons de programme, ils prétendent que la rupture est inévitable. Bien que les faits disent exactement le contraire, c’est toujours cette soupe que l’on nous sert. Nous avons, outre l’appel de fondation du parti, un programme, approuvé par un vote de tous les membres du parti, mais qui porte le titre malheureux de « points clés programmatiques ». Le terme de « point clé » donne une impression d’inachevé, et offre ainsi à nos détracteurs la possibilité de faire comme si cela n’était pas un vrai programme. C’est pourtant une excellente base pour un travail politique, qui soutient aisément la comparaison avec les programmes politiques des autres partis. Certes nous n’avons pas encore pu décider d’un programme de principes, parce que nous avons dû présenter l’an dernier et le programme pour les élections européennes, et le programme pour le Bundestag. Mais la commission de programme de principes a déjà travaillé des textes et fait un bon travail préliminaire, tant et si bien qu’un projet pourra bientôt être mis en discussion au parti.

Dans la mesure où les programmes de principes des partis se ressemblent tous dans leur formulation d’objectifs généraux, il convient pour DIE LINKE de travailler les points qui nous différencient des autres partis. A mon, avis, les points suivants en font partie :

* Nous sommes attachés au fait que la démocratie est une société où prévalent les intérêts de la majorité

* Le système parlementaire doit donc être complété par des éléments de démocratie directe. Le référendum est le moyen approprié pour cela.

* Le financement des partis politiques par les entreprises, les syndicats patronaux, les banques et les assurances doit être interdit par la loi. Les millions de financement du FDP en échange de la réduction de la TVA pour le secteur hôtelier en dit long.

* Aucun membre du parlement ne peut durant son mandat figurer sur la liste des salariés d’une entreprise ou d’un groupement économique.

* Pour DIE LINKE, et comme c’est le cas dans beaucoup de pays d’Europe, la grève politique est un moyen de corriger les mauvaises décisions du législateur, comme la retraite à 67 ans ou Hartz IV.

* DIE LINKE n’accepte aucun financement de grandes entreprises ni de groupements économiques, et demande à ses élus de ne pas figurer sur la liste des salariés d’entreprises ou de groupements économiques pendant l’exercice de leur mandat. Pour les décisions politiques importantes et les décisions d’orientation, les statuts prévoient que ce sont les membres qui prennent la décision.

* La guerre n’est pas un moyen politique. Le droit des peuples est le fondement de la politique extérieure

* La question de la propriété est la question fondamentale de la démocratie. La richesse doit être attribuée à celui qui l’a créée. Le code civil allemand établit que « celui qui par traitement ou par transformation d’une ou de plusieurs matières, a fabriqué un nouvel objet distinct gagne la propriété de cet objet. » La coopérative est la forme d’entreprise du futur.

* Toutes les citoyennes et tous les citoyens sont égaux devant la loi. L’état de droit doit aussi traiter les aspects sociaux de ce droit. En raison des tarifs des honoraires en vigueur, la majorité de la population ne peut payer une action en justice pour des litiges dont les conséquences sont importantes. Aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est que pour avoir mangé un petit pain sans y être autorisé, un salarié peut être licencié. Mais le détournement de milliards est récompensé par une indemnité de plusieurs millions.

* Les systèmes d’assurance sociale doivent rester en régie d’état. Les limites supérieures de calcul des cotisations doivent être supprimées. Directeur général ou portier, chacun doit cotiser aux assurances sociales à hauteur du même pourcentage de son revenu.

* La fiscalité doit devenir sociale. Exemple : le forfait déductible pour les frais de déplacements domicile/lieu de travail. Nous demandons que les frais de déplacement soient payés directement à tous les salariés, et soient imposables. Cela pour aider les bas salaires qui ne paient pas d’impôt sur le revenu.

En rapport avec les discussions de personnes des dernières semaines, on a aussi philosophé pour savoir qui, des membres de la direction du parti, serait irremplaçable. De tels débats sont vains. Personne n’est irremplaçable, et ceci vaut aussi pour DIE LINKE. Ce qui est irremplaçable, en revanche, c’est une politique et une stratégie de DIE LINKE qui répondent aux aspirations d’électrices et électeurs toujours plus nombreux.

C’est en se distinguant clairement des partis qui soutiennent les guerres et qui sont responsables de Hartz IV et de l’agenda 2010 que DIE LINKE renforcera et consolidera sa position dans le système des partis de la République Fédérale.

Après nos succès de l’année dernière, il nous faut maintenant nous concentrer sur les élections au parlement du Land de Rhénanie du Nord Westphalie. Le point central de cette bagarre, c’est : qui va payer les conséquences de la crise financière ? La CDU et le FDP veulent tromper les électrices et les électeurs : les coupes sociales qui sont déjà prêtes, ils veulent les cacher jusqu’à ces élections décisives. Il est de notre devoir de déjouer cette manœuvre. L’entrée de DIE LINKE au gouvernement du Land de Rhénanie du Nord Westphalie permettrait une plus juste répartition des charges que fait peser la crise financière.

Pour cela, cela vaut le coup de lutter.


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