Une semaine de campagne : aide aux artistes, diff du dimanche, Education, Retraites, Hôpitaux, Victoria Donda, Cohn-Bendit et Mussolini, Foulard...

jeudi 25 février 2010.
 

Dans ce billet, je prends le temps de regarder dans le rétroviseur en vous racontant les sept jours qui viennent de s’écouler. Samedi dernier, avec Eric Coquerel, Ariane Calvo (adjointe au Maire du 20e), et Jean-Charles Lallemand, candidats comme moi sur la liste du Front de Gauche "Ensemble pour des Régions solidaires...", nous sommes allés rencontrer les artistes du 53bis rue de la Voute dans le 12e. Ils sont en danger. C’est un des dégâts collatéraux de la construction du tramway sur les boulevards des Maréchaux parisiens. Les artistes de la rue de la Voute sont menacés d’expulsion. En effet, le terrain sur lequel se trouve leur atelier, depuis 18 ans, est la propriété de RFF avec lequel ils avaient un bail précaire. Dans le parcours qui a été tracé initialement pour le tramway, personne n’a prêté attention au fait qu’un poste de redressement (en d’autres mots un transformateur électrique) devait être placé sur un terrain déjà occupé. Pour RFF (Réseaux Ferrés de France), qu’importe que des gens travaillaient là depuis longtemps. C’est donc par courrier, au mois de juillet, que les artistes ont appris qu’ils devaient vider les lieux 6 mois plus tard. Aussitôt, beaucoup de personnes se sont émues et mobilisées. La Maire du 12e et l’adjointe concernée par le dossier les ont rencontré rapidement pour essayer de trouver des solutions. Mais, pas simple, à froid, de faire reculer RFF.

Comme élu et habitant du quartier, je suis moi aussi sensible depuis plusieurs mois à ce dossier. Avec d’autres, je demande que les artistes, qui le veulent, puissent continuer à exercer leur métier dans cet atelier. Ce n’est pas le cas de tous les artistes qui étaient là. Certains, parmi eux, ont accepté de quitter les lieux en échange d’une autre proposition correcte d’atelier de la part de la Ville. Les visites sont en cours. Mais, deux d’entre eux, qui habitent également dans la rue à quelques mètres, ne souhaitent pas partir, car rationnellement à leurs yeux rien ne le nécessite. Si les travaux imposaient (ce qui reste à démontrer) que pendant quelques temps, les artistes soient déplacés, nous demandons avec eux, à ce que RFF accepte, une fois les travaux terminés, de leur louer à nouveau de façon pérenne, la partie non utilisée pour le poste de redressement. Nous avons déjà fait adopter deux vœux en Conseil de Paris. Plusieurs réunions mettant autour de la même table les artistes, la RATP, RFF et la Ville de Paris ont déjà eu lieu. Les choses avancent doucement, trop doucement au goût des artistes et leurs soutiens. Un Collectif de soutien rassemblant de nombreux voisins et commerçants de la rue de la Voute est particulièrement actif. La presse (en particulier Le Parisien) a également relaté cette affaire. En attendant que des solutions acceptées par tous voient le jour, tous les soutiens politiques sont importants. Mes amis Verts du quartier sont mobilisés. Les militants du PG et du Front de Gauche également. C’est pourquoi j’ai tenu à amener Eric Coquerel, notre tête de liste parisien, à la rencontre de mes amis artistes. Demain, une fois élu au Conseil Régional, son soutien peut être déterminant pour faire évoluer ce dossier positivement.

Dimanche dernier, me revoilà encore sur le marché de la Porte Dorée dans le 12e. Avec mes camarades du PG. Le rituel de la diffusion dominicale sur un marché est toujours l’occasion de croiser des habitants qui nous ont déjà rencontré la semaine dernière et qui reviennent discuter. Ainsi se construit le Front de Gauche, discussion après discussion, petit pas après petit pas. Ce rite (celui de la "diff" du dimanche) est toujours pour moi une source d’interrogation. Parfois, des gens ne veulent pas débattre et jugent notre présence dérangeante. Mais, à l’inverse, sitôt que l’on est pas présent pendant quelques semaines, nous essuyons des réflexions de certains nous disant : "Et bien, on vous voit plus.." Alors, on s’accroche. Depuis plusieurs décennies, la gauche s’interroge sur le moyen de construire un Parti de masse, de militer "autrement"... A ces débats sans fins, je réponds que la seule façon de construire une force de gauche peut se résumer en un mot : militer.

Lundi soir, dans le 2e arrondissement, j’ai participé à la réunion du Front de gauche concernant les enjeux régionaux d’éducation. Ce fut une réunion de grande qualité introduite par Emmanuelle Becker (Conseillère de Paris, PCF), en présence d’acteurs centraux de l’Education nationale. Je pense au Président de la FCPE Paris Michel Samgan, à des représentants du SNES, et aussi à Gérard Aschieri, ex Secrétaire national de la FSU, venu exprimer son soutien au Front de Gauche. Une nouvelle occasion pour moi d’intervenir sur la question des lycées professionnels parisiens. 17 000 lycéens sont en Lycées Pro à Paris, soit un tiers de l’ensemble des lycéens. Et parmi eux, 5100 lycéens sont encore dans 11 lycées à statuts municipaux alors qu’ils devraient être dans des établissements gérés par la Région depuis la loi de 1986 ! C’est une situation unique en France. Manifestement, la Région ne se presse pas pour récupérer la gestion de ces établissements. A l’inverse, elle préfère développer l’apprentissage en alternance, c’est-à-dire deux semaines dans une entreprise pour une semaine en centre de formation. L’objectif de la précédente mandature de Jean-Paul Huchon était d’atteindre le nombre de 100 000 apprentis. Nous n’y sommes pas encore, mais c’est là que la priorité a été mise. Valérie Pécresse, candidate UMP et Ministre, propose de « doubler le nombre d’apprentis » !

Je suis donc intervenu pour m’opposer à cette logique, car elle est préjudiciable pour les jeunes. Il faut avant tout défendre la formation professionnelle initiale qui est dispensée dans les lycées professionnels publics. C’est une formation de qualité. Les taux de réussite y sont bien meilleurs, contrairement au CFA où près de 25 % des apprentis échouent et abandonnent leur formation en cours de cursus. Les jeunes apprentis sont souvent victime de l’illusion entretenue par beaucoup comme quoi c’est dans l’entreprise que l’on apprend le plus, et que finalement l’école ne sert plus à grand chose. De plus, bien des jeunes, en situation financière difficile, se laisse abuser par le fait qu’ils toucheront un peu d’argent au cours de leur apprentissage en alternance. Terrible illusion. Il faut donc reconquérir les esprits. Nous devons montrer que l’enseignement professionnel public peut être une voie d’excellence pour tous. Pour défendre l’enseignement professionnel public, la Région doit investir avec détermination dans ces établissements. Il faut une volonté politique. Les élus du Front de Gauche défendront l’enseignement professionnel et le service public d’éducation nationale. Nous ne confondons pas les missions des uns et des autres. La Région ne doit pas se substituer à l’Etat et à l’Education nationale, c’est une évidence. Mais, elle doit montrer une ligne conductrice, afficher une volonté politique. La Région doit être un blouclier social dont une des tâches est la défense inconditionnelle des services publics. C’est là que l’argent public doit se concentrer. C’est pourquoi, les élus Front de gauche assurent qu’ils voteront contre tout financement pour les établissements privés, même si cela les place en rupture avec la loi. Nous l’assumons. Pas un sou pour l’école privé. L’argent public, à l’école publique ! Eric Coquerel a conclu cette soirée par une intervention forte rappellant nos engagement sur ce sujet.

Jeudi. D’abord une réunion unitaire sur les retraites dans les locaux du NPA. J’y représente le Parti de Gauche. Sandra Demarq et Olivier Besancenot ont pris l’initiative de cette rencontre où sont venus des représentants du PCF, des Alternatifs, de la Fédération, du POI, de la GU et d’Alternative Libertaire. Une petite déclaration devrait être adoptée dans quelques jours. Elle souligne les points centraux : défense de la retraite à 60 ans à taux plein, autre répartition des richesses pour financer une bonne retraite pour tous. De l’avis général, il faut bâtir un cadre unitaire de résistance. La Fondation Copernic et Attac ont déjà pris l’initiative, à l’image de ce qu’ils avaient permis pour la défense de la Poste. Ce sera plutôt le cadre de la riposte unitaire. Nous décidons également d’appeler à la journée de mobilisation du 23 mars à l’initiative des organisations syndicales. Lundi, le secrétariat national du PG se réunira comme d’habitude. Il débattra de l’opportunité de signer cet appel ou non. Personnellement, j’y suis favorable. Mais, je le répète, et cette opinion était partagée par la grande majorité des présents : c’est à travers le cadre de la Fondation Copernic que la riposte unitaire va se construire.

Quelques heures plus tard, c’est dans la salle des fêtes de la Mairie du 12e que se retrouve plus d’une centaine de personnes pour la défense des hôpitaux parisiens et particulièrement St Antoine, les Bluets et Trousseau où les fermetures de services sont programmées (notamment les maternités de St Antoine). Cette réunion est à l’initiative d’un Collectif unitaire animé par des représentants syndicaux de la CGT, FO et Sud. L’émotion est grande parmi les présents. Des professeurs de médecine, dont le professeur Milliez, sont venus exprimer leurs colères devant la politique du gouvernement Sarkozy guidée seulement par le profit et la rentabilité. Notre ami l’urgentiste Patrick Pelloux, maintenant si médiatisé, est venu lui aussi dire combien c’est inacceptable. Il se moque dans son intervention de Carla Bruni-Sarkozy qui est si attentive, à raison, de la situation des enfants d’Haïti, mais ne dit rien sur la dégradation de la pédiatrie hospitalière en France. Comment aider vraiment les haïtiens si l’on accepte cette politique en France ?

Eric Coquerel symboliquement a tenu a être là, avec Ariane Calvo toujours active sur ce front, pour apporter son soutien, et donc celui de notre liste, à cette mobilisation. Samedi dernier, nous étions allés ensemble manifester pour la défense du Centre IVG de l’Hôpital Tenon dans le 20e arrondissement. Après avoir dit quelques mots d’accueil au nom de toute la majorité municipale au début de la réunion, j’interviens à la fin pour souligner les aspects positifs de notre début de mobilisation, grâce à l’existence d’un Collectif unitaire, et inviter à organiser une manifestation prochaine en soutien à nos maternités. Je suis convaincu, que sur ce thème là, la mobilisation de va cesser de progresser. Toucher au droit à la santé revient à briser un des socles sur lesquels notre pacte républicain s’est construit. Parmi les gens présents ce soir, je reconnais des visages d’habitants du quartir qui ne sont pas des gens de gauche. Leur présence confirme que nous pouvons faire reculer le gouvernement sur ces projets. Affaire à suivre...

Vendredi. C’est la soirée de formation en présence de Victoria Donda, députée argentine, et enfant volée durant la dictature, dont j’ai déjà beaucoup parlé ici. Malgré le rythme effréné de la campagne, plusieurs dizaines de camarades ont fait le déplacement pour l’écouter et échanger avec elle. Son expérience politique et son regard sur la crise financière qui a frappé l’argentine en décembre 2001 est au cœur de notre discussion. La deuxième partie du débat, Victoria aborde la question des Droits de l’Homme. Elle ne le détache pas des questions sociales. Raquel Garrido assurera la traduction. Vous pourrez bientôt retrouver les images de toute cette soirée passionante sur le site du PG, dans la rubrique PG TV. Nous terminons notre soirée dans un restaurant du quartier en compagnie de Victoria. Après, une tournée d’un mois en Europe, elle repart demain en argentine. Beaucoup de camarades qui partagent ce repas sont émus par la vie de Victoria et sa force de caractère. Elle ne le cache pas, ce qui lui a permis de tenir debout, malgré la violence de tout ce qu’elle a vécu, c’est son engagement militant. Cette femme est un exemple pour nous tous. Une fois de plus, l’Amérique latine nous inspire avec ses formidables lutteurs qu’elle produit, génération après génération. Nous espérons tous la retrouver bientôt, pourquoi pas au prochain congrès du PG ? Et quoi qu’il en soit, merci Victoria.

Cette semaine militante s’achève. Déjà une autre commence. A partir de lundi, je serai dans l’Hérault pour quelques jours. J’y vais pour des raisons personnelles. Mais, j’en profiterai pour retrouver mon camarade René Revol, dont la liste créditée à 11% dans un dernier sondage peut être le véritable évènement de cette campagne. Je profiterai de ce blog pour rendre compte de ce que je verrai de la campagne de René. J’en profite pour dire un mot sur la campagne en Languedoc-Roussillon.

Hier, Daniel Cohn-Bendit a dit sur LCI : « Georges Frèche, c’est Mussolini » ! Aouff... ! Pour moi, ce genre de déclaration est scandaleuse et minable par sa démesure. Sur cette échelle d’attaque, dans l’esprit embrumé de "Dany", le Président Sarkozy avec lequel il entretient des relations plutôt souriantes, c’est quoi ? Gengis Kahn et Pinochet réunis ? Kim Jung-Il et Dracula ? Bon. Redevenons sérieux et rigoureux. Chacun sait le peu de sympathie que j’éprouve, avec le PG, pour Georges Frèche, sur ses positions en faveur de la retraite à 62 ans, sur ses soutiens répétés à Sarkozy, sur ses alliances avec le Modem, sur ses déclarations imbéciles et nauséabondes pour faire rire certains des ses électeurs dont ils considèrent "qu’ils sont des cons...", etc... Tout ces désaccords politiques sont connus, mais le traiter de Mussolini ! C’est-à-dire de fasciste...C’est franchement une honte. Daniel Cohn-Bendit devrait se taire. D’autant que par ce type de déclarations, il renforce immédiatement Georges Frèche. On ne peut s’indigner des déclarations intempestives de cet homme et ne rien dire quand il se fait insulter de la sorte. Alors, je le dis clairement : non, Georges Frèche, ce n’est pas Bénito Mussolini. Faire cette comparaison est énorme et absurde, d’autant que durant la mandature précédente, les Verts étaient dans la majorité de Frèche. Selon Daniel Cohn-Bendit, ses amis verts étaient-ils dans une majorité dirigée par un fasciste ? Bien sûr que non. Alors, arrêtons les délires verbaux, peut-on combattre les dérapages de Georges Frèche avec des méthodes identiques ? Je ne le crois pas. Loin de ces attaques et polémiques stupides, mon camarade René Revol, lui réel opposant historique à Frèche lorsque nous étions encore au PS (pas comme Hélène Mandroux devenue Maire de Montpellier grâce à son appui), mène une campagne de fond accompagnée de nombreuses propositions en défense des services publics, de l’emploi et de l’environnement. En Languedoc-Roussillon, le seul vote utile et efficace de gauche, c’est René Revol (pour consulter son site,cliquez ici ).

Je conclus en revenant sur le débat concernant le port du foulard par une militante NPA. Cette dernière, dans une interview de Libération, assure que dans le cas, peu probable car elle est 6e de la liste, où elle serait élue, elle garderait son foulard dans l’hémicycle régional. Bon. Je l’ai déjà dit. Je ne suis pas d’accord avec cette position qui est une attitude politique. Je considère qu’il y a un enjeu à défendre la laïcité. Je répète une nouvelle fois que je ne perçois pas où il y aurait un progrès à ce que les élus affichent publiquement leur conviction religieuse. Le débat est évidemment sensible et "piégeux" comme on dit. J’invite chacun à lire la tribune de mon ami (et militant du Comité PG 12e) le philosophe Henri Pena-Ruiz publiée récemment dans Le Monde (Cliquez ici).

Un lecteur de mon blog, et militant NPA, réagissant à l’un de mes précédents billets, m’interpelle vertement sur mon "silence" supposé sur les listes anti-minarets que des groupuscules d’extrême droite présentent en Lorraine et Franche-Comté. Premièrement, je réponds à ce lecteur exigeant que mes "silences" concernent plusieurs milliers d’autres sujets que je n’aborde pas sur ce modeste blog. Suis-je complice de toutes les choses inacceptables qui se produisent sur notre planète parce que je n’écris rien à leur sujet ? Bigre, je suis vraiment un sale type complice de bien des dictatures dont je n’ai pas eu le temps de parler. Deuxièmement, le rapport entre les deux questions, le foulard pour une militante NPA et l’extrême droite, reste à établir. Cette liste anti-minaret est une abjection d’obédience fasciste qui mène un combat rageur contre la présence de musulmans en France. Ses initiateurs sont des illuminés racistes, des cathos intégristes. Pour eux, la France doit être blanche et chrétienne. Ces listes "anti-minarets" devraient donc être interdite, car elles sont, selon ma conception, anti républicaine. Il n’est pas acceptable que des forces mènent campagne contre la pratique d’une religion quelle qu’elle soit. De la même façon, pour élargir le sujet, je ne comprends pas pourquoi un maire (socialiste) d’une commune du nord de la France, à Roubaix, attaque en justice un restaurant Quick, car il propose des menus exclusivement avec de la viande Hallal. Bien sûr, la généralisation de ce type d’établissement est un (petit) pas de plus vers une société communautaire, ici à des fins purement mercantile car fric et religion font bon ménage. Mais, déjà actuellement, des centaines de restaurant cacher existent dans notre pays sans que celà ne suscite la moindre réaction. Donc là, je ne comprend pas bien le fondement de la plainte déposée par ce Maire, d’autant que j’ai lu qu’il avait approuvé l’ouverture de ce restaurant Hallal deux mois avant. Donc, ce type de réaction, sans doute sous la pression d’habitants mécontents, n’a selon moi, rien à voir avec la défense de la laïcité.

Enfin, celui qui m’écrit sur mon blog me demande ma position sur la présence d’uen élue, de gauche, portant un foulard, dans le Conseil municipal d’Echirolles (38). Là encore, je réponds que je ne suis pas d’accord. Partout, la gauche devrait rester vigilante. Partout. Si, une liste PCF l’a accepté, elle a eu tort. Ai-je été clair ? C’est une lourde erreur, d’autant que l’on voit bien que, dans la polémique, cela sert de prétexte à la généralisation de cette pratique. Une différence toutefois, à ma connaissance, la direction nationale du PCF n’a pas approuvé. Car, dans le cas présent, concernant le NPA, c’est un débat légèrement différent. La Direction du NPA approuve cette candidature. Cela devient donc une position à dimension nationale. D’où le débat interne à la gauche, entre anti-libéraux, entre forces fraternelles qui veulent construire une société où l’émanicipation sociale et individuelle sera possible pour tous. Ce n’est pas une question anecdotique locale. C’est d’ailleurs logiquement un débat qui traverse, et secoue tout le NPA. Ils en reparleront lors de leur congrès. On peut donc donner son avis même quand on est "que" au PG, non ? Faut-il être à jour de cotisation NPA pour donner son opinion sur un sujet qui nous concerne tous dans "l’autre gauche" ? La Laïcité sera, ou du moins devra être, un des fondements de la construction de la nouvelle société que nous proposons comme horizon. C’est important d’être d’accord là dessus. Nous amis du NPA nous rétorque que ce n’est pas le sujet, qu’il n’y a pas de divergences là dessus. Peut être. Mais alors si, nous sommes tous des défenseurs de la laïcité pour demain, pourquoi l’ébrécher aujourd’hui ? Pourquoi considérer qu’elle n’est en rien un acquis actuel, mais seulement le masque hypocrite d’une domination "raciste" sur les français musulmans. Parlons franchement, le NPA aurait-il accepter si facilement un candidat sur ses listes avec une croix catholique ou un autre avec une Kippa ? Je ne le crois pas. Car je pense que mes amis considèrent que le foulard est le signe d’une religion qui est celle majoritairement des "opprimés", donc qui à sa place au NPA. Bon. Et bien moi, je ne suis pas d’accord, avec ce raisonnement. Cela fait-il de moi un "islamophobe" ? Non, un laïque, tout simplement.

Enfin, dernière remarque. La petite musique, de plusieurs des soutiens au port du foulard sur des listes politiques, que je retrouve dans différentes tribunes publiées par exemple dans le Monde, laissant entendre que ceux qui s’y opposent sont des racistes ou des néo colonialistes, est ignoble et blessante. Je le dis sans détour. A mes yeux, elle déshonore ceux qui utilisent cet argument. Elle révèle aussi la grande ignorance de ceux qui l’utilisent. Dans le système colonial, ce fut précisement l’inverse, chacun, selon la couleur de sa peau, étaient "à sa place". Dans ce système d’appartheid bien hiérarchisé, les colons, dans les faits, ne se mélangeaient pas avec les populations colonisées. Ils ne fréquentaient pas les mêmes écoles. Aux élections, ils ne votaient pas pour les mêmes collèges. Ce système colonial n’avait pas pour ambition de faire de chacun des égaux.De plus, sûr de leur domination, les colons mettaient un signe égal entre les autochtones exploités et l’islam, on parlait alors des "populations musulmanes", sans plus de distinction. Le "cliché" était alors monnaie courante dans la vision coloniale, il en était même un des fondements idéologiques. On organisait des Expositions coloniales pour diffuser ces "images fabriquées". Les affiches, les photos et films coloniaux montraient toujours les hommes noirs torses nues bien musclés, les femmes montrant leurs seins, les arabes avec un turban sur la tête, les femmes voilées, l’asiatique avec un chapeau pointu, etc....

La demande des laïques républicains sociaux, à présent, que, dans les écoles ou dans les assemblées d’élus, personne n’affiche publiquement sa foi, me semble relever d’une logique strictement inverse au raisonnement colonial. Nous avons la passion de l’égalité, et nous voulons faire société avec tous ceux qui vivent sur notre territoire, et qu’importe leur "origine" et la couleur de leur peau. Nous voulons faire France de tout bois.. Après des siècles d’affrontement religieux, la laïcité nous semble être une des conditions de cette concorde. Paradoxe, ceux qui considèrent "normal" qu’une jeune femme, de nationalité française, porte un foulard à l’école où dans des instances élues, sous le seul argument que sa famille est issue de l’imigration maghrébine ou que c’est là "son identité", n’ont peut être pas totalement perdu cette représentation "clichée" des relations entre les êtres humains. La laïcité ce n’est pas un machin pour homme blanc, la laïcité c’est pour tout le monde, sinon ce n’est pas la laïcité !

Universaliste, je crois en l’égalité entre les hommes et les femmes, quelle que soit la couleur de notre peau.

Voilà, vous ai-je convaincu ? Suis-je,avec mes amis, un raciste ? Un colonialiste ? Que répondre encore... ? Peut être rien finalement. Sale époque.


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