NE LAISSONS PAS LES BANQUES FAIRE LA LOI (tract national du PG)

jeudi 29 avril 2010.
 

A) C’est la crise ? Pas pour tout le monde ! (PG)

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Les profits des banques ont atteint 11 milliards d’euros en France en 2009, deux fois plus que l’année précédente. Et les bonus astronomiques distribués aux traders ont recommencé : 500 millions d’euros pour la seule BNP, soit 10% de l’aide publique versée par l’État après la crise financière.

Comment font les banques pour amasser des capitaux ? Elles empruntent leur argent à la Banque Centrale Européenne à un taux dérisoire de 1%(au lieu de 4,25% avant la crise financière). Puis elles imposent à leurs clients des taux d’intérêts sans rapport : 10% en moyenne pour les découverts, 15%pour les crédits revolving… souvent plus.

Parfois c’est un peuple entier qui est saigné pour nourrir les profits bancaires. Ainsi en Grèce, les banques se ruent sur la dette de cet État car elles prêtent à 6% l’argent qu’elles obtiennent de la Banque Centrale à 1%, soit six fois la culbute ! Pour payer les profits bancaires, le gouvernement grec augmente la TVA, supprime les 13e et 14e mois des fonctionnaires, recule l’âge de la retraite de 63 à 65 ans. Il viole le programme sur lequel il a été élu. La loi des banques l’emporte sur la démocratie. Ces sacrifices seraient inutiles si l’État grec pouvait emprunter directement auprès de la Banque Centrale Européenne à 1% sans devoir engraisser les banques. Mais c’est interdit par le traité européen de Lisbonne !

Le gouvernement dit qu’il est nécessaire que les banques aillent bien pour que toute l’économie s’en sorte. C’est faux. Pendant que les profits des banques doublaient l’an dernier, la France a connu la récession et perdu 500 000 emplois.

Et contrairement aux engagements des banquiers après le versement des milliards d’aide publique, les crédits prêtés aux entreprises ont baissé. Mais le pouvoir préfère aider les banquiers que défendre l’intérêt public. Par exemple, si l’État était devenu action naire des banques avec les 21 milliards qu’il leur a apporté, il aurait réalisé entre l’automne 2008 et la fin 2009 une plus value de 15 milliards d’euros. Et il aurait pu refuser que l’argent public aille nourrir la spéculation contre les peuples.

Aujourd’hui le gouvernement veut nous préparer à un grand plan d’austérité pour payer à prix d’or la dette qu’il a lui–même creusée auprès de ses amis banquiers. Nous le refusons.

Ce n’est pas au peuple de subir la loi des banques.

B) Denis Durand : «  Pour changer le comportement des banques, il faut y prendre le pouvoir  »

Pour l’économiste du PCF Denis Durand, remplacer les critères de rentabilité qui guident aujourd’hui les banques par des critères d’efficacité sociale implique non seulement des lois, comme la nationalisation, mais aussi de prendre appui sur le mouvement social.

Les frais de tenue de compte ont, en moyenne, augmenté de 13 %. Les banques, pour se justifier, avancent la faiblesse des taux d’intérêt. L’argument est-il recevable  ?

Denis Durand Il est vrai que les taux d’intérêt sont, en général, très bas aujourd’hui. Ces marges sont donc forcément plus basses. D’où leur argument, même si ces taux bas ne profitent pas à tous  : pour le découvert d’une PME ou un crédit à la consommation, ils sont encore très élevés. Et en réalité cela fait plus de vingt ans que la rémunération des banques vient de moins en moins de ces marges-là. Les commissions, les frais de tenue de compte ou encore les opérations purement financières sont aujourd’hui une très grosse part de leurs profits. Dans le même temps, les banques refusent de reconnaître que la tenue de compte, comme beaucoup d’autres de leurs activités, sont un véritable service public. Tout le monde devrait y avoir accès, ces augmentations sont donc inacceptables.

Avec l’augmentation des revenus issus des marchés financiers, y a-t-il à nouveau un risque de crise  ?

Denis Durand Le baril de poudre, qui n’a pas encore explosé, est trois ou quatre fois plus grand qu’en 2007. Les risques qui figurent dans les bilans des opérateurs des marchés financiers – les banques, les assurances, les fonds de pension, les fonds de placement, les multinationales… – sont plus grands parce que plus d’argent y circule.

Au-delà du risque de crise, ce type d’activités est-il nuisible  ?

Denis Durand En tant que consommateur, on est à juste titre très sensible à l’augmentation des frais bancaires, mais l’activité des banques pèse beaucoup plus sur notre situation, en tant que travailleur comme en tant que citoyen, que ce qu’on peut imaginer si on s’en tient aux apparences. Quand une PME ferme ses portes, c’est toujours qu’une banque a refusé de la financer. Quand un territoire ne parvient pas à se développer, une demande de crédit a été rejetée. Sans les banques, il n’y a pas d’évasion fiscale, elles en sont la cheville ouvrière.

Comment les banques pourraient-elles jouer un autre rôle  ?

Denis Durand Il s’agit de les transformer. La Société générale et la BNP, qui sont les derniers grands réseaux bancaires privés en France, doivent devenir publiques mais cela ne suffit pas. Des réseaux publics ou mutualistes, comme le Crédit agricole ou les Banques populaires, se comportent exactement comme des banques privées. Il faut à la fois la nationalisation ou la mutualisation, la création d’un pôle public bancaire, et une autre distribution des pouvoirs dans ces institutions pour les obliger à se comporter autrement. Il faut que, sous la pression sociale, soient pris en compte pour l’attribution des financements des critères non pas de rentabilité pour le capital privé mais d’efficacité sociale. Cela concerne aussi la banque centrale. Une autre politique monétaire est nécessaire à l’échelle de la France mais aussi au plan européen. On est en droit d’exiger qu’un crédit qui sert le développement de l’emploi ou des services publics soit refinancé par la Banque centrale européenne (BCE) aux conditions qu’elle pratique aujourd’hui en faveur des marchés financiers avec des taux d’intérêt négatifs. Le comportement des banques est une question politique qui ne se résoudra pas seulement par des décisions réglementaires. Cela suppose aussi la construction de rapports de forces dans les luttes.

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui


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