Bruxelles veut encaserner les États

vendredi 14 mai 2010.
 

La recherche d’une coordination des politiques économiques cache une volonté d’appliquer un contrôle de fer sur les économies.

En manifestant avec leurs chaînes autour du cou et aux poignets, certains manifestants grecs ont vu juste. Car, à la faveur de la crise, les dirigeants européens poussent à une plus forte « coordination des politiques économiques ». En fait, il s’agit rien de moins que de contraindre les peuples à se soumettre aux rigoureux dogmes libéraux bruxellois. Les chefs d’État et de gouvernement se voient aujourd’hui à Bruxelles pour finaliser le plan d’austérité grec, mais aussi pour discuter de l’avenir de la zone euro.

Le 1er Mai, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont fêté les droits des travailleurs en indiquant vouloir « renforcer les mécanismes de surveillance au sein de la zone euro ». Pour faire adopter le plan « d’aide » à la Grèce par le Bundestag, Angela Merkel a répété, mercredi, vouloir « accroître la discipline budgétaire », et soumettre les États à des sanctions plus strictes. La chancelière envisage une révision des traités, afin d’ôter le droit de vote au Conseil pour ceux qui ne respectent pas les critères du pacte de stabilité. Les récalcitrants pourraient voir une réduction des aides agricoles et structurelles. Plus tôt dans l’année, le Parlement européen avait déjà adopté une résolution visant à soumettre l’attribution d’aides « à la compatibilité avec les objectifs de la stratégie Europe 2020 ».

La Commission européenne n’est pas en reste. À la mi-avril, Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques, a annoncé des propositions législatives allant dans le sens d’une vérification des projets de budgets des États par la Commission, avant leur vote par les Parlements nationaux !

Pour coordonner les politiques économiques, encore faut-il se mettre d’accord sur quelle politique mener. Les critères du pacte de stabilité sont ceux imposés par l’Allemagne, dont l’économie est, plus que toute autre, dépendante des exportations. Les économies méditerranéennes souffrent, elles, de l’euro fort. L’imposition aux forceps des critères du mark font dire à Jürgen Klute, eurodéputé de Die Linke, que « Merkel rêve d’une démocratie au rabais ». Favorable à l’idée d’un fonds monétaire européen, le député prévient : « Si on le fait à la sauce Merkel, on peut alors tout aussi bien refonder l’UE au bon plaisir des Allemands. »

Gael De Santis


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