« Bonjour, j’ai des problèmes avec mes parents »

mardi 25 mai 2010.
 

Depuis vingt ans, les messages de détresse affluent au 119, service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger.

Le téléphone sonne chaque seconde au pré-accueil du 119-Allô Enfance en danger. Marjorie décroche  : « 119 bonjour, téléphone national pour l’enfance en danger, je vous écoute. » L’appelant est un enfant. « Bonjour, j’ai des problèmes avec mes parents, mais je ne veux pas qu’ils le sachent », témoigne une petite voix inquiète. « Ne t’en fais pas, je te mets en communication avec quelqu’un qui pourra t’aider », répond-elle avec douceur. L’appel est court et pertinent. Trois appels sur dix sont ainsi envoyés au plateau d’écoute, où des juristes, des psychologues, des éducateurs et des assistants sociaux fournissent une aide immédiate aux appelants et, si nécessaire, transmettent le dossier à l’aide sociale.

Nadine prend l’appel d’une femme qui ne souhaite pas s’identifier. « Il y a combien d’enfants dans la famille  ? Ils voient peu leur père  ? L’aînée est allée à l’école avec un œil au beurre noir  ? Qui d’autre a reçu des coups  ? C’est la mère qui les frappe ou son compagnon aussi  ? Cela fait-il trois mois qu’elle est alcoolique  ? Comment avez-vous eu ces
informations  ? Sentez-vous que la situation se dégrade  ? Où sont scolarisés les enfants  ? » Nadine glane le maximum d’informations pour localiser cette famille. L’enjeu est de taille, quelquefois il en va de la vie des enfants.

Ernesto vient de prendre un autre appel, celui d’un père inquiet pour sa fille qui subirait des attouchements par son beau-père. « Tonton touche à ma pépette avec ses doigts », lui a confié son enfant. Il veut porter plainte. Ernesto rédige un compte rendu après chaque conversation. 90 % des appelants sont des adultes  : des grands-parents soucieux pour leurs petits-enfants, des enseignants ayant remarqué quelque anomalie chez un élève, des parents en demande de conseils éducatifs, de la famille qui dénonce des violences faites par la belle famille. Les dossiers les plus préoccupants sont envoyés par les coordinateurs aux départements pour une évaluation par leur cellule de recueil des informations préoccupantes. Marie-Pierre Marion, une des trois coordinatrices, transmet quotidiennement 14 appels sur 1 600 à ce service de l’aide sociale à l’enfance, qui se charge d’envoyer une assistante sociale au domicile des enfants en danger. « Les violences sont des réponses individuelles à des problèmes sociaux partagés par beaucoup, elles sont le reflet
de la société », conclut-elle amèrement.

Céline Trégon


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