Don du sang : Non à la marchandisation de la santé

mardi 22 novembre 2011.
 

Au 37e Congrès de la Fédération française pour le don de sang, qui s’est déroulé du 13 au 15 mai dernier à Tours, le président de la Fédération française pour le don de sang bénévole (FFDSB) déclarait  : « Le système de transfusion sanguine, élément clé du service de santé publique, est menacé (…) par les attaques incessantes et multiformes du secteur profit, concurrentiel. » Les 1 250 délégués ont unanimement confirmé leur attachement au système éthique, sans profit, et à l’autosuffisance nationale.

Dans ce contexte, à la clôture du congrès, Mme la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, s’est fait le porte-parole des « principes éthiques fondamentaux auxquels notre pays est particulièrement attaché »…

C’est donc en suffoquant que les militants du don de sang ont appris – par les dépêches de l’Agence France-Presse (AFP), l’Agence de presse médicale (APM) et les Échos du 23 juin – que le Laboratoire du fractionnement et des biotechnologies (LFB), établissement 100 % public, allait acquérir un groupe autrichien disposant de « huit centres de collecte » en Autriche et en République tchèque. Ces deux pays font partie du monde marchand, les prélèvements de plasma y sont rémunérés. Il n’y a pas de donneurs de plasma mais des vendeurs, souvent étudiants pauvres, trouvant là le moyen de payer leurs études, ou des familles défavorisées, pour survivre.

Les donneurs de sang ne cautionneront jamais cette opération. Nous ferons tout pour la faire échouer. L’opinion publique, les élus, le monde médical doivent en être informés pour développer une activité internationale. Le LFB peut trouver du plasma éthique dans presque tous les pays de l’Union européenne.

Au même moment où les institutions voient en Espagne les plus gros risques de faillite étatique après la Grèce, une société espagnole, Grifols, vient d’acquérir un concurrent américain, Telegris, pour la somme de 3,3 milliards d’euros. Grifols devient ainsi le troisième opérateur mondial sur le « marché » des médicaments dérivés du sang (MDS), autrement dit la marchandisation de la santé et la commercialisation d’éléments du corps humain sont en plein essor. Mais, écrit le quotidien financier les Échos du 8 juin, si l’utilisation des produits sanguins a un bel avenir, le « marché » américain est en récession car il s’agit de traitements très coûteux et avec la crise, des malades y renoncent. Or, si Grifols part à la conquête des États-Unis, c’est à Barcelone, en Espagne, qu’est implantée une usine de « fractionnement » de plasma. À quelques kilomètres de la frontière française  !

À la différence des États-Unis, le système de santé français reste solvable grâce à la Sécurité sociale et à l’hospitalisation publique. Et l’on pourrait très bien trouver rapidement un quatrième opérateur aux côtés des trois multinationales qui attaquent le système transfusionnel français, qu’approvisionne en médicaments dérivés du sang éthique le Laboratoire du fractionnement et des biotechnologies.

Les valeurs éthiques, la non-commercialisation du corps humain ne sont pas discutables, pas négociables  !

Il faut savoir que la France, à l’origine de l’éthique dès 1952, limite par la loi le don de plasma à 24 par an, chiffre qu’en réalité personne n’atteint. Or, aux États-Unis, dans les quartiers déshérités ou à la frontière mexicaine, des marginaux, des pauvres, peuvent vendre leur plasma sanguin 120 fois par an  !

L’objectif du don, c’est de soigner 
les malades. La raison d’être des sociétés marchandes, c’est de faire du profit pour 
les actionnaires, sans craindre d’altérer la santé de celui qui vend une partie de lui-même.

Le débat éthique porte donc sur la dignité humaine.

Par Jean-Pierre BASSET, Militant du Don du Sang, Valence.


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