Sommets UE USA et OTAN : Les USA sont la source des dangers essentiels de notre époque

jeudi 18 novembre 2010.
 

Le 20 Novembre prochain aura lieu le sommet UE-USA. C’est le second depuis le début du mandat de Barack Obama. Il se tiendra à Lisbonne. A cette occasion le Parlement Européen se voit proposer une résolution. Ce qui rend cette résolution remarquable c’est qu’elle est signée par la droite, le centre mais aussi les socialistes et les Verts. L’autre aspect extraordinaire de ce moment est que ce sont en fait trois sommets qui se tiennent en même temps à Lisbonne. D’habitude ce sont trois réunions distinctes dans le calendrier et l’espace. Est-ce un hasard si elles sont conjointes cette fois ci ? Il s’agit du Sommet de l’OTAN, du Sommet Union Europenne- Etats-Unis, et enfin, de la Réunion du Conseil Economique Transatlantique, le bras armé du capitalisme transatlantique. Les piliers du Grand Marché Transatlantique seront donc rassemblés à Lisbonne. Ainsi l’a voulu le président Obama. Je commence par décrire ces trois outils pour que chacun puisse apprécier tout le sel de ce que comporte le texte de résolution présenté au parlement européen par le quatuor d’atlantistes échevelés qui a signé la résolution soumise aux parlementaires européens a Bruxelles.

Les Sommets UE-USA ont lieu une à deux fois par an. C’est la réunion des principaux responsables des deux rives de l’Atlantique : le Président des Etats-Unis, le Président de la Commission Européenne et le Président du Conseil Européen. C’est de là que sont avalisées et propulsées les grandes orientations politiques du projet transatlantique. Ensuite il y a le Conseil Economique Transatlantique (CET). C’est l’organe central de mise en place du Grand Marché Transatlantique (GMT). Ce conseil a été mis en place en 2007 pour accélérer la libéralisation des échanges entre les USA et l’UE. Curiosité significative, cette instance ne compte aucun élu européen parmi ses membres. Seuls y siègent des représentants de la Commission européenne. Il s’appuie pour ce faire sur les « dialogues transatlantiques » selon le vocabulaire pédant de ce genre d’instance qui ne veut pas trop se faire identifier. Parmi ces « dialogues » se niche le plus influent, le TransAtlantic Business Dialogue (TABD), créé dès 1995. Il regroupe les représentants des plus puissantes multinationales états-uniennes et européennes comme Coca Cola, Siemens et ainsi de suite.

Enfin se tient aussi le sommet de l’OTAN. Celui là n’a pas lieu habituellement tous les ans. Mais la cadence s’est accélérée depuis les années 90. Il s’agit de la vingt quatrième réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays membres de l’OTAN. Elle est destinée à fixer les priorités stratégiques de l’Alliance Atlantique. C’est décisif pour la paix du monde dans la mesure ou l’OTAN est le seul impérialisme militaire du monde et qu’il s’agit en fait d’une coalition de vassaux autour de l’impérium américain. Je rappelle que les USA dépensent à eux seuls autant que tous les autres budgets militaires du monde. Et six fois la dépense militaire de la Chine qu’égale à lui tout seul le tandem France Grande-Bretagne. Ce Sommet doit notamment avaliser la volonté de « partenariat » avec la Russie tel que le préconise le "groupe des sages" autour de Madeleine Albright. Ce n’est pas rien. Il doit aussi affirmer les nouvelles raisons d’être de l’OTAN. Là seront étudiés des thèmes comme par exemple la sécurisation de l’approvisionnement énergétique de ses membres. Le partenaire russe va avoir les oreilles qui sifflent. Ca va chauffer, si j’ose dire. Les troupes américaines, les mercenaires et leurs alliés du commandement intégré de l’Otan vont redoubler d’ardeur sur le trajet des pipeline et gazoducs actuels et futurs.

Les USA sont la source des dangers essentiels de notre époque. J’ai longuement décrit, dans mon antépénultième note, la situation explosive qui est créée par l’emballement de la machine à fabriquer des dollars dont la valeur ne repose absolument plus sur aucune contrepartie matérielle. Le 18 mars 2009 est la nouvelle date symbole de la période ouverte par la liberté prise par les USA de se racheter eux-mêmes les titres de leur propre dette. C’est la deuxième étape d’un mouvement commencé le 11 aout 1971 lorsque le président Nixon décida que le dollar n’avait plus de contrepartie en or comme c’était le cas jusqu’à ce jour là. La semaine passée, les USA ont procédé pour la deuxième fois à une opération massive de rachat de leur dette. Deuxième dose massive d’une drogue mortelle. Je ne reviens pas sur ce que j’ai déjà décrit à ce sujet et que l’on peut aller lire. Je n’y reviens que pour montrer comment s’illustre ma thèse selon laquelle notre pays, et l’Europe n’ont aucun intérêt à rester plus longtemps amarré au vaisseau en perdition que sont les USA. Les signes de cette perdition sont évidemment la baisse progressive de la production réelle aux USA. J’ai lu l’autre jour au détour d’une analyse économique une démonstration absolument stupéfiante d’un drogué de l’économie du crédit permanent tel que la pratique les USA. Un raisonnement cent pour cent tordu. On y lisait que la masse d’argent injecté par les USA, bien sûr, ne donne pas de résultat direct puisque tout part dans la bulle et la spéculation. Mais, disait l’auteur, ce n’est pas grave car les cours de bourse se mettent à monter. Ce qui s’est vérifié en effet. Et si les cours de bourses augmentent, disait-il, même pour des raisons spéculatives, c’est le patrimoine des ménages qui possèdent ces titres qui augmente. Donc cela les rassure. Le moral s’améliore. Et leur capacité d’emprunt pour consommer s’accroit puisque leur patrimoine grandit tout seul. Et hop, passez muscade, la partie de Monopoly continue. Entre le treizième et le dixième étage, l’homme qui tombe dans le vide peut dire : « pour l’instant rien de trop grave ».


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message