Les fables d’Esope sont d’actualité… depuis 2500 ans

mardi 22 février 2011.
 

À qui devons-nous les fables D’un Loup et d’un Agneau, De la Fourmi et de la Cigale, De l’Arbre et du Roseau ? Si vous avez répondu Jean de La Fontaine, vous avez perdu… Ces fables ont été écrites par Ésope, plusieurs siècles avant Jésus Christ. Dans un livre d’art publié par les éditions Libertaires, le peintre Laurent Melon rend hommage au père des fabulistes.

Ce n’est pas la première fois que les éditions Libertaires s’aventurent hors des sentiers battus du militantisme traditionnel. Elles ont à leur actif quelques beaux livres d’art comme les deux tomes des affiches de la Révolution libertaire espagnole ou le catalogue regroupant quarante ans d’autocollants rebelles. On peut inclure dans ce chapitre les bandes dessinées sur Errico Malatesta et Nestor Makhno ou les petits volumes de la collection Paroles (anticléricales, antimilitaristes, poètes révoltés, Brel Ferré Brassens…) dont deux sont dus à l’anartiste Laurent Melon.

Avec Recital by the fabulous Esope, Laurent Melon, alias Papa Laurent ou Léo38, est passé au grand format. Sur plus de soixante-dix planches couleurs 28x23, il a sélectionné des dizaines de fables du mystérieux Ésope qui était, selon la légende, un esclave affranchi boiteux, bègue et bossu qui fut jeté du haut d’une falaise par les habitants de Delphes. Papa Laurent a orchestré les images pour des textes hérités de la tradition orale allant de De la Grenouille et du Bœuf à Du Lion allant à la chasse avec d’autres Bêtes en passant par De la Nourrice et du Loup, De l’accouchement d’une Montagne, Du Vieillard qui se marie à contretemps, Du Satyre et du Paysan, D’un Rat de ville et d’un Rat de village, De la Fourmi et la Cigale… Quelques titres nous rappellent l’école primaire. « Je chante les héros dont Ésope est le père », reconnaissait Jean de La Fontaine.

Chaque fable est accompagnée de tableaux flamboyants rappelant par certains côtés les collages surréalistes, par d’autres des univers fantastiques peints ou dessinés. Le bestiaire est truffé de clins d’œil inattendus. Ici, on croise Michael Jackson (pour De la Cire qui voulait devenir dure…). Là, surgit un immense semi-remorque américain. Plus loin, un outlaw traverse la page en danseuse sur un vélo de course. Au fil des fables, on voit des affiches détournées, des origamis, des cornets de frites, des choppers, des boîtes de camembert, des santiags, des allusions à l’île d’Oléron…

L’esprit vif d’Ésope en a vu d’autres. De la Grèce antique à Rome, puis de Rome à Versailles, l’humour piquant du fabuliste a toujours su rebondir. Depuis les païens jusqu’aux chrétiens, de la cour du roi Crésus à celle du roi Soleil, en grec, en latin ou en français, en prose ou en vers, la pensée caustique d’Ésope a survécu. Il est bon de lui donner une nouvelle vigueur par les temps cruels et absurdes que nous vivons. Dans ce monde maudit pour les innocents et faste pour les rusés, il serait urgent que les esclaves s’affranchissent pour écrire enfin des « morales » potables. Il faut faire mentir Ésope et ses disciples. Notamment La Fontaine quand il termine Les Animaux malades de la peste par ces vers tristement célèbres « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».


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