Ecole Normale Supérieure : Contre la précarité Victoire importante de la grève (14 articles)

mercredi 1er juin 2011.
 

14) Victoire contre la précarité à « Normale Sup’ »

Un protocole de fin de crise a été signé cette semaine à l’Ecole normale supérieure (ENS) à Paris après un mouvement social de longue haleine.

Sept mois de lutte, dont quatre de grève. Mais ça valait le coup. CDI pour chacun des personnels contractuels grévistes, engagement de la direction de garantir l’emploi des personnels répondant à des besoins permanents afin qu’ils bénéficient prioritairement des dispositions de titularisation de la loi relative au statut de contractuel votée fin 2011, paiement des jours de grève à 75 %, indemnité biannuelle correspondant à un montant mensuel de 75 € brut : le protocole signé lundi répond à toutes les revendications des grévistes.

La lutte des salariés de l’ENS contre la double précarité dont ils étaient victimes, soutenue activement depuis le début par la CGT et les élèves par des banquets de soutien ou la vente de sandwiches, leur ont enfin permis de sortir de l’ombre pour faire valoir leur droit à la dignité et à la sécurité de l’emploi. En CDD renouvelables chaque année, les personnels de cuisine vivaient jusqu’alors dans l’angoisse permanente des lendemains incertains, à laquelle venaient s’ajouter des relations de travail anormales au sein du service. Ils ont dû affronter la fermeté de la direction de l’ENS et l’évacuation, menée d’une main de fer par les forces de police, des salons de la direction occupés par des élèves et les grévistes le 19 avril dernier.

Ce n’est qu’au terme du quatrième mois de grève que la direction a enfin accepté d’engager avec les personnels et leurs organisations syndicales de l’établissement des négociations directes, aboutissant à la signature de ce protocole de sortie de crise. Un bras de fer emblématique des enjeux qu’impliquent l’entrée en vigueur de la future loi sur « l’accès à l’emploi titulaire et l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels ». Espérons qu’il saura faire office de point d’appui pour les mobilisations à venir.

Source : http://www.humanite.fr/27_05_2011-v...

13) Victoire importante de la grève de l’ENS

Un protocole d’accord a été signé entre la directrice de l’École normale supérieure, Monique Canto-Sperber, d’une part, l’Assemblée générale des personnels en grève, des élèves et des étudiantEs mobiliséEs, la section locale FERC-Sup-CGT et la section SUD-Étudiant, d’autre part.

Il aura fallu sept mois de lutte, 136 jours de grève, de nombreux blocages, l’occupation des bureaux de la direction durant 4 semaines, des dizaines d’autres actions, près d’une centaine d’AG démocratiques et souveraines, le soutien des fédérations de l’Enseignement supérieur et de la recherche et de la Fonction publique, le combat de l’AG et des syndicats locaux parties prenantes contre des bureaucrates syndicaux locaux et nationaux qui ont tenté de mettre fin à la grève en négociant dans le dos de l’AG...

Mais le résultat est une victoire importante :

Les 11 précaires grévistes, y compris les 3 qui n’avaient pas 3 ans d’ancienneté, ont gagné un CDI ;

11 autres précaires ont été CDiséEs et, dans les mois et années à venir, toutE précaire atteignant 3 ans d’ancienneté bénéficiera automatiquement d’un CDI (la future loi Tron prévoit que ce soit le cas seulement au bout de 6 ans) ;

Prime annuelle de 1000 euros bruts pour les CDD et de 900 pour les CDI, grille indiciaire pour touTEs les précaires alignée sur celle des fonctionnaires, permettant que soit enfin prise en compte leur ancienneté ;

Paiement des jours de grève à 80% ;

Mutation-sanction interne de l’odieux chef de cuisine qui maltraitait et injuriait les personnels et enquête disciplinaire en cours ;

Mutation-sanction interne de la cheffe du service restauration qui avait couvert le chef de cuisine ;

Engagement de la direction à ce que la gestion du restaurant, de l’Internat et des services du ménage qui ne sont pas privatisés ne passe ni au privé, ni au CROUS ;

Les postes de fonctionnaires éventuellement accordés dans le cadre de la loi Tron seront proposés en priorité aux contractuels de catégorie C sans qualification (essentiellement du restaurant et du ménage), qui ont le droit d’être titulariséEs sans concours ;

Féminisation du protocole d’accord ;

Signature du protocole non seulement par la section FERC-Sup-CGT (à laquelle l’ensemble des grévistes ont adhéré au début du mouvement), mais aussi par l’AG en tant que telle, dont la légitimité est ainsi actée, et par SUD-Étudiant.

Il n’a pas été possible d’obtenir la titularisation des contractuels : Pécresse, soutenue par l’intervention directe de Élysée, n’a pas cédé les 14 postes que le secrétariat d’État à la Fonction publique avait proposés. Il n’a pas été possible non plus de contraindre la direction de l’ENS à demander ces postes (elle n’en veut que pour les catégories A !). Enfin, la direction a refusé de retirer les 5 plaintes qu’elle a déposées depuis le début du mouvement et à s’engager à ne pas sanctionner les élèves et les grévistes. Le risque de suites judiciaires et de procédures disciplinaires est donc réel — mais les grévistes se sont engagéEs à reprendre la grève à la moindre annonce de sanction.

Cela n’enlève rien à l’évidence de la victoire ! La leçon qui en découle est que, même dans une situation sociale globalement peu favorable, la grève dure, la caisse de grève, la force de l’unité dans la lutte, la démocratie ouvrière en acte et l’expérience des militantEs politiques sont les ingrédients qui permettent de gagner.

Pour fêter la victoire, l’AG appelle à un GRAND BANQUET LUNDI 30 MAI À 19H

ENS, 45 rue d’Ulm, Paris 5e, RER B Luxembourg ou Métro 7 Place Monge

La soirée commencera par un meeting où prendront la parole des grévistes, des étudiantEs et des personnalités qui ont soutenu la lutte. Elle se terminera par une fête.

Source de cet article 12 :

http://tendanceclaire.npa.free.fr/b...

12) Sortie de conflit à l’ENS : une immense victoire pour les salariés (Pierre Laurent, PCF)

Les travailleurs de l’ENS (École normale supérieure), en lutte depuis plusieurs mois pour obtenir des conditions de travail décentes et la possibilité d’accéder à des CDI, ont signé hier un protocole de sortie de conflit avec la Direction, mettant ainsi fin à 7 mois de luttes et plus de 4 mois de grève.

Après m’être rendu le 12 avril dernier auprès des salariés pour soutenir leur combat, j’avais alerté le Premier Ministre sur la situation inacceptable dans laquelle se trouvait ces personnels, et condamné fermement l’intervention des forces de l’ordre pour déloger les grévistes de leur lieu d’occupation.

Hier, les salariés contractuels de l’ENS ont obtenu, grâce à leur persévérance, 22 CDI, sécurisant ainsi tous les grévistes, avec un engagement de non-externalisation des services.

Les salariés obtiennent, par ailleurs, une prime mensuelle de 75 € brut et le remboursement de 75% des jours de grève.

Je me réjouis de cette fin heureuse et salue le courage des hommes et des femmes qui se sont battus pour leur emploi et pour leurs conditions de travail. Soutenus par de nombreux étudiants et personnels de l’ENS ainsi que par les organisations syndicales de fonctionnaires, cette immense victoire pour le monde salarial est porteuse d’avenir et d’espoir.

Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF

Paris, le 27 mai 2011

11) Meeting et banquet mercredi 4 mai 19h

Depuis six mois, des précaires et des élèves/étudiant-e-s de l’École normale supérieure sont en lutte pour la titularisation des personnels en CDD depuis des années, sous-payés et surexploités. Depuis le 10 janvier, les précaires du restaurant et du ménage font grève et le restaurant est fermé. La lutte est autofinancée (par la vente de sandwiches tous les midis et des banquets de soutien hebdomadaires) et auto-organisée : l’ensemble des décisions sont prises en Assemblées générales quotidiennes, qui réunissent syndiqués (CGT, Sud-Étudiant, UNSA) et non syndiqués. Les syndicats locaux, les fédérations syndicales de l’enseignement supérieur et celles de la Fonction publique ont apporté leur soutien.

Le 19 avril, au 100e jour de grève, la directrice Monique Canto-Sperber a appelé la police pour évacuer brutalement les bureaux de la direction occupés par les grévistes et élèves/étudiant-e-s durant 4 semaines. 13 camarades ont été retenu-e-s au commissariat pendant trois heures. De plus, la directrice a déposé plusieurs plaintes pour tenter de nous intimider. Bref, au lieu de satisfaire les revendications légitimes des précaires, elle choisit la répression !

Pourtant, des fuites récentes de mails prouvent que la directrice n’a cessé de mentir et de mépriser les travailleur-se-s et élèves/étudiant-e-s mobilisés et qu’elle a refusé un protocole d’accord négocié entre l’UGFF-CGT et le secrétariat d’État à la Fonction publique, qui offrait 14 créations de postes comme moyen de sortir du conflit. Elle a nié l’existence de ce protocole car elle refuse de titulariser des précaires de catégorie C pour réserver les postes de fonctionnaires aux seul-e-s professeur-e-s et ingénieur-e-s ! Ce refus méprisant, appuyé par la ministre Valérie Pécresse et des conseillers de Sarkozy, est dû aussi à la crainte de voir la grève s’étendre à tou-te-s les précaires de l’ENS, mais aussi aux autres facs, voire au-delà. C’est bien la question posée par la grève déterminée de l’ENS de la rue d’Ulm et des personnels et étudiant-e-s de l’ENS de Lyon viennent d’entrer à leur tour en lutte contre la précarité !

La lutte paie : la directrice a déjà cédé une prime de 1000 euros pour les contractuels et des CDI (Contrats à durée indéterminée) pour les précaires présent-e-s à l’ENS depuis plus de 3 ans. Cependant, la grève continue car elle refuse d’accorder un CDI immédiat pour 3 grévistes qui ont moins d’ancienneté, elle n’a toujours pas sanctionné le chef odieux du restaurant dont les grévistes exigent le départ, elle refuse de céder aux personnes en CDI la prime de 1000 euros gagnée pour les personnels en CDD et elle maintient ses plaintes contre les personnes mobilisé-e-s.

Nous, AG des personnels et étudiant-e-s en lutte de l’ENS, appelons les personnels de l’enseignement supérieur et les étudiant-e-s

- à nous soutenir en versant à la caisse de grève, en passant en semaine à l’heure du déjeuner au 45 rue d’Ulm, Paris 5e, RER Luxembourg ;

- à participer au meeting de solidarité mercredi 4 mai à 19h à l’ENS, qui sera suivi d’un banquet de soutien ;

- à nous rejoindre activement dans la lutte

La précarité explose dans toute la Fonction publique (près de 900 000 précaires) et notamment dans l’enseignement supérieur, en même temps que le gouvernement supprime des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires depuis des années. Il faut construire un mouvement national contre la précarité, pour la titularisation des précaires. La seule solution est d’entrer en lutte, de se réunir en Assemblée générale dans les lieux de travail, de s’auto-organiser avec le soutien des syndicats. Les directions nationales des syndicats peuvent et doivent s’engager résolument sur cette voie.

Contact : mobilisation_ens@yahoo.fr

10) Banquet de soutien aux grévistes de l’Ecole Normale Supérieure, mardi 26 avril

Bonjour à tou-te-s,

Malgré l’évacuation par la police de l’occupation des salons de la Direction, les étudiant-e-s et personnel-le-s en lutte de l’Ecole Normale Supérieure continuent le combat pour la pérennisation de leurs emplois et la reconnaissance de leurs revendications.

La direction de l’ENS s’est répandue en mensonges pitoyables dans la presse, mensonges démontés point par point par les grévistes dans l’émission Chroniques Syndicales du samedi 23 avril sur Radio Libertaire. La directrice, spécialiste d’"éthique" aurait également porté plainte pour la "dégradation" d’une palissade posée pour interdire désormais aux étudiants et aux personnels l’accès à son bureau... Aprsè les flic publics pour les arrestaions, elle a fait appel aux flics privés pour garder les couloirs de l’école la plus prestigieuse du pays. Peu d’ enseignants de l’ENS ont pris position, sur un conflit qui les concerne chaque midi : il s’agit de la cantine et du statut des personnels qui les servent. La direction de l’ENS et sa directice spécialiste d’éthique, ont pourtant mené tout le monde en bateau en prétendant qu’il n’y avait aucun moyen de titulariser les employés de la cantine, alors que le secrétaire d’Etat Tron avait poposé la création de 14 postes de fonctionnaires.

La rentrée de mardi s’avère décisive pour peser de nouveau dans les négociations avec la direction. Par ailleurs, il est grand temps d’imaginer comment pourraient se créer dans chaque Université et dans chaque établissement d’enseignement supérieure et de recherche, des luttes semblables, rassemblant personnels et étudiants contre la précarité. A l’ENS de Lyon ou à l’IEP de Paris, des premières rencontres ont eu lieu. Venez discuter avec les mobilisé-e-s et élaborer des perspectives pour les mois à venir.

L’Assemblée Générale vous invite à vous rendre au banquet de soutien organisé ce mardi 26 avril à partir de 12h30 au 45 rue d’Ulm (metro 7 Monge ou RER B Luxembourg).

Venez nombreux/euses et n’hésitez pas à faire passer l’information !

9) La directrice de l’ENS prise la main dans le sac ! La lutte continue ! Texte voté par l’Assemblée générale de l’ENS

Paris, le 22 avril 2011

Lettre ouverte à la Directrice de l’ENS.

Madame,

Nous, Assemblée Générale des personnel-le-s, élèves, étudiant-e-s en lutte de l’ENS, avons pris connaissance ce matin d’une série de courriels émanant manifestement des différents services administratifs de l’Ecole. Nous y avons découvert avec consternation que toutes nos craintes étaient justifiées :

1. Concernant le « protocole CROUS », Coralie Waluga affirme : « il n’y aura aucune garantie que les contractuels restent à l’ENS ». Nous rappelons qu’elle avait dit exactement l’inverse aux grévistes. Elle leur a donc menti.

2. Concernant le « protocole Tron » dans lequel le secrétaire d’Etat à la fonction publique proposait de donner 14 postes de fonctionnaires supplémentaires pour le règlement du conflit à l’ENS, et que le travail de désinformation de la Direction avait réussi à faire passer aux yeux de tous pour une invention de l’AG, nous avons la preuve qu’il a bel et bien été proposé par le cabinet de Tron et refusé par Canto : « MCS redit bien qu’elle est contre ces 14 postes au restaurant de l’école, si elle veut des postes c’est pour des professeurs. Toutes nos enquêtes et inspections disent qu’on a trop de catégories C. Notre quadriennal ne demande que des A. D’ailleurs, cela serait très mal pris dans l’école, la bibliothèque menace de se mettre en grève sur le thème pourquoi eux et pas nous, nous avons eu des alertes en ce sens. (…) MCS répond qu’il faut un protocole très clair pour le restaurant qui donne des CDI immédiats aurestaurant en contrepartie du passage au CROUS ensuite, mais sinon c’est le reste de l’établissement qui se met en grève si on signe le protocole tel quel. Elle pense pouvoir contenir le problème au restaurant pour que cela reste circonscrit. » MCS est donc personnellement responsable du maintien dans la précarité de ses employé-e-s en grève, qui auraient pu devenir fonctionnaires.Elle est aussi coupable d’un vaste mensonge orchestré avec le ministère : « Ils concluent la réunion en disant qu’on a le droit de rien dire (sic), surtout pas que le cabinet de Pécresse négocie avec celui de Tron ». Mais il y a plus : non contente de mentir à la communauté normalienne, MCS a aussi joué la comédie devant ses supérieurs hiérarchiques au Ministère. On lit en effet cette notation amusante : « MCS fait mine de le [le protocole Tron] découvrir en séance ».

3. Concernant nos moyens d’action, qui suscitent la colère de la Direction et nous ont valu l’intervention violente de la police, nous nous félicitons du soutien de la Directrice Générale des Services. Une certaine Coralie écrit en effet : « Finalement les élèves ont eu raison d’occuper les locaux, les méthodes de terroristes sont celles qui fonctionnent le mieux donc…Je vais peut-être revenir cagoulée lundi ! ».

4. Concernant les finances de l’Ecole, nous nous réjouissons de savoir qu’elles se portent assez bien pour permettre des travaux inutiles, justifiés par les seuls caprices de MCS. Une personne visiblement bien informée raconte cette anecdote plaisante : « j’ai oublié de vous dire juste pour rire que la directrice a su par un cafteur quelconque que le couloir du troisième étage du 29 était peint en orange, elle n’est jamais venue, ça ne lui plaît pas, elle a fait dire à Pascal Roussel qu’il allait falloir changer ça vite et que ce serait elle qui déciderait la couleur ! Elle n’a vraiment rien d’autre à f… (sic) en ce moment ? » Nous nous posons la même question. Par ailleurs, nous voudrions qu’on nous explique pourquoi le montant de la prime de précarité attribuée aux contractuel-le-s doit être négocié euro par euro alors que la Direction se permet de telles dépenses. Si MCS n’aime pas la couleur orange, les précaires de l’Ecole ont des problèmes plus urgents : se nourrir, se loger et se soigner. L’attitude de MCS est scandaleuse, mais peut-être vaut-il mieux en rire qu’en pleurer.

Ce que nous demandons, pour notre part, a toujours été clair :

• Titularisations ou a minima un CDI immédiat pour tou-te-s les grévistes.

• Il n’est pas question d’une reprise du travail à la cantine si les responsables contre lesquels des procédures disciplinaires sont en cours sont toujours en cuisine, et ce pour la sécurité de tou-te-s.

• La prime de 1000 euros qui a déjà été négociée et votée dans les instances de l’ENS, sur laquelle la Direction tente de revenir (nous rappelons que, que ce soit en CDD ou en CDI, le statut est toujours de contractuel-le et non de fonctionnaire comme cela devrait être le cas sur une fonction pérenne, ce qui justifie un dédommagement).

• Le remboursement intégral des jours de grève.

• Un engagement écrit à ne demander ni poursuites ni sanctions contre les personnel-le-s et étudiant-e-s ayant participé au mouvement. Les membres de l’AG seront très vigilant-e-s sur ce point.

Les « fuites » de l’administration prennent toute leur saveur à la lumière du dernier protocole de sortie de grève proposé par la direction en concertation avec la direction nationale de la FERC-SUP CGT, en dehors de toute discussion avec les grévistes. Ce protocole :

• Répond à la question de la titularisation par de simples vœux pieux placés en préambule du texte.

• S’obstine à refuser à tou-te-s les grévistes un traitement égalitaire puisque les trois personnel-le-s ayant moins de trois ans d’ancienneté devraient se satisfaire d’un montage juridique hasardeux : des CDD comportant une promesse de CDIsation en septembre (l’AG n’accorde plus aucune confiance à une Direction dont les mensonges sont avérés. Nous rappelons que la Direction arguait il n’y pas si longtemps de l’impossibilité totale de faire des CDI, ce sur quoi elle est revenue, pourquoi donc refuser de les donner à tou-te-s les grévistes ?).

• N’apporte aucune garantie claire concernant la procédure disciplinaire engagée à l’encontre du chef de cuisine.

• Revient sur la prime de précarité déjà négociée.

Regrettant que vous n’ayez pas jusqu’à présent jugé bon de prendre en compte les revendications des grévistes, nous nous permettons de vous rappeler que vous êtes seule responsable du blocage de la situation et de son durcissement potentiel. Ce n’est pas en négociant dans nos dos avec les directions syndicales que vous réglerez le conflit. Il est temps d’écouter la parole des grévistes !

L’assemblée générale des personnel-le-s, étudiant-e-s, et élèves mobilisé-e-s.

8) La police expulse les grévistes de l’Ecole Normale Supérieure ce 19 avril

Mardi matin 19 avril à 6 heures, la police a investi avec fracas les locaux de l’Ecole Normale Supérieure (rue d’Ulm) pour déloger les personnels et les élèves qui occupaient les bureaux de la Direction.

Voilà en effet 100 jours que les employés de la cantine, du ménage et de la bibliothèque, soutenus par des étudiants, font grève pour obtenir des CDI et des conditions de travail décentes.

La Directrice de l’Ecole, Monique Canto Sperber, n’a pas, jusqu’ici, daigné répondre aux revendications des grévistes. Elle a préféré laisser pourrir la situation, faisant alterner fausses concessions et vraies menaces.

En choisissant aujourd’hui le recours à la force, elle fait preuve d’une intransigeance qui ne pourra que plaire à sa ministre du tutelle, Valérie Pécresse. La ministre de l’Enseignement Supérieur craint en effet qu’une victoire des grévistes ne donne des idées aux milliers de précaires qui, dans toute la France, font tourner les universités.

Le Parti de Gauche a déjà apporté son soutien à cette lutte, qui dépasse le simple cadre de l’Ecole Normale Supérieure et pose crûment la question de la précarité. Il condamne avec fermeté les manoeuvres d’intimidation de la Direction et demande que les exigences légitimes des grévistes soient satisfaites dans les plus brefs délais.

7) Communiqué du Comité de mobilisation de l’École Normale Supérieure

Alors que les grévistes allaient entamer leur 100ème jour de grève et que les négociations avec la direction suivaient leur cours, la directrice de l’École Normale Supérieure, Monique Canto-Sperber, a décidé d’ordonner l’évacuation des locaux occupés par les grévistes et les étudiant-e-s qui soutenaient le mouvement. A 6h ce matin, les forces de l’ordre, en nombre conséquent, ont délogé les occupant-e-s sans sommation, en défonçant la porte. Quatorze personnes ont été arrêtées et sont actuellement retenues au commissariat du 5éme arrondissement, dont 4 élèves de l’École militants et militantes de SUD Étudiant.

Après le référé au tribunal administratif et les menaces quotidiennes des huissiers, la direction de l’ENS franchit un pas de plus dans la répression de ses propres salarié-e-s précaires et étudiant-e-s syndiqué-e-s et non syndiqué-e-s. Le mouvement social est déterminé à continuer la lutte et ne cédera pas aux pressions comme aux menaces physiques.

Nous appelons à un rassemblement de solidarité avec les interpellé-e-s, élèves et grévistes, à 9h devant le commissariat du 5ème arrondissement (4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève, 75005 Paris, métro Maubert-Mutualité). Ce rassemblement sera suivi d’une Assemblée Générale à l’ENS (45 rue d’Ulm) à 12h à laquelle vous êtes tous et toutes convié-e-s.

6) Communiqué de l’Assemblée générale des grévistes, élèves, étudiant-e-s et enseignant-e-s qui les soutiennent (11 avril)

L’AG réunie le 11 avril dans les salons occupés de la direction rappelle qu’elle est seule à prendre les décisions concernant la conduite du mouvement, les revendications et les négociations nécessaires pour sortir du conflit, qu’elle appelle de ses vœux depuis cinq mois et demi.

1) Les élu-e-s du personnel ou du CA qui ont été reçu-e-s mercredi 6 avril au ministère de l’ESR n’avaient aucun mandat pour discuter au nom des grévistes. Aucun gréviste et aucun-e représentant-e de l’AG n’ont été invité-e-s à participer à cette réunion. Les personnes qui ont y sont allées ont refusé de respecter la décision de l’AG prévoyant que les négociations avec la direction et/ou le ministère soient menées par les grévistes eux/elles-mêmes et les syndicats impliqués dans la grève. C’est pourquoi François Avisseau, élu des élèves au CA et participant au mouvement, a refusé de se rendre à cette réunion. Le représentant CGT au CA qui est allé au ministère mercredi ne représente que lui-même : il n’avait aucun mandat ni de l’AG, ni du syndicat la FERC-Sup CGT de l’ENS, qui rassemble tou-te-s les grévistes du restaurant (cf. le communiqué de la FERC-Sup à ce sujet).

2) L’AG constate que le ministère de l’ESR et la direction concèdent maintenant des CDI après 3 ans d’ancienneté en CDD, alors qu’ils prétendaient depuis le début qu’il était impossible de pérenniser l’emploi à l’École, portant seuls la responsabilité du conflit. C’est de toute évidence un résultat de la lutte depuis 5 mois et demi, notamment de la grève du restaurant et du ménage qui dure depuis le 11 janvier.

3) Cette décision unilatérale du ministère et de la direction est cependant inacceptable car elle exclut 3 des 11 grévistes du restaurant et du ménage, qui n’ont pas 3 ans d’ancienneté et qui devraient subir encore la précarité. En outre, le contrats de CDI envoyé aux personnels de l’École concernés « n’ouvre droit à aucune titularisation directe dans un corps de fonctionnaire » (article 6) ! De plus, ils ne tiennent pas compte de la grille salariale calquée sur celle de la Fonction publique qui vient pourtant d’être obtenue par la lutte et validée au CA du 4 avril (article 2) ! Enfin, la question du départ du chef de cuisine n’est toujours pas réglée à ce jour.

4) En même temps qu’elle prétend ouvrir des négociations pour sortir du conflit, la direction de l’ENS décide de réprimer les grévistes et leurs soutiens : elle a saisi le Tribunal administratif pour tenter d’imposer par la force l’évacuation de ses bureaux occupés depuis le 22 mars. Le Tribunal a ordonné l’évacuation et imposé une astreinte de 50 euros par personne et par jour et la menace d’une intervention policière plane. L’AG appelle tous les personnels, enseignant-e-s, élèves et étudiant-e-s à condamner ce début de répression contre le mouvement social, notamment l’intervention policière que prépare la direction. En tout état de cause, l’AG tient à souligner que les grévistes et leurs soutiens ne se laisseront pas intimider par ces menaces et continueront de se battre jusqu’au bout par les moyens qu’elle décide. Elle décide en particulier la poursuite de la grève et de l’occupation des bureaux de la direction, décision qui sera levée dès que les négociations auront suffisamment avancé.

5) L’AG rappelle que la grève vise à obtenir la titularisation des précaires de l’ENS par la création des postes nécessaires et un CDI pour toutes et tous dans l’immédiat, à commencer par celles et ceux qui sont en grève depuis 3 mois et demi, comme cela avait été accepté dans le protocole élaboré par Georges Tron le secrétaire d’État à la Fonction publique. Elle décide de participer aux négociations directes proposées par le ministère de l’ESR, qui a pris en main le dossier du conflit social à l’ENS et proposé à la FERC-Sup-CGT une première réunion ce mardi au ministère. Selon les avancées des négociations, l’AG et elle seule décidera des suites du mouvement. Pour soutenir les négociations, venez toutes et tous au

RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN DEVANT LE MINISTÈRE de l’enseignement supérieur ce MARDI 12 avril à 12h 30, angle de la rue Descartes et de rue Clovis (M 10 Cardinal-Lemoine)

5) Normale Sup occupée pour demander la titularisation des personnels précaires

Depuis le 22 mars, des sacs de couchage encombrent le premier étage de l’immeuble historique de Normale Sup, rue d’Ulm à Paris. Malgré l’ultimatum du tribunal administratif qui leur laissait jusqu’à hier pour évacuer les lieux, les élèves de la prestigieuse école occupent toujours les bureaux de la direction pour exiger la titularisation des personnels précaires de la cuisine et du ménage. La cantine, le « pot » dans le langage des normaliens, est fermée depuis le 11 janvier - les employés sont en grève reconductible. La vente de sandwichs sert à « financer la lutte » ainsi que des « banquets » le jeudi midi. Le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, le premier, est venu marquer sa solidarité.

Protestation.

L’Ecole normale supérieure (ENS) est décidément dans la tourmente. En janvier, la décision de la directrice, Monique Canto-Sperber, d’annuler deux manifestations sur le Proche-Orient
- dont un débat en présence de l’ancien résistant Stéphane Hessel - avait déjà déclenché un vent de protestation. A peine la polémique retombée, le mouvement sur les salariés précaires dans l’école a pris le relais. Et la directrice, qui ne fait pas l’unanimité à la tête de l’école (dont la nomination avait été mal accueillie), se retrouve à nouveau en difficulté.

Au coeur du problème, la situation de 14 contractuels. La cantine de l’ENS était à l’origine réservée aux normaliens. Puis elle a été ouverte aux autres étudiants. Mais au lieu d’embaucher, on a multiplié les contrats à durée déterminée. « On a ainsi des employés avec des CDD d’un an à répétition et qui occupent des postes pérennes, ce qui n’est pas légal », explique Ludovic, un normalien mobilisé. Les grévistes et les élèves engagés - souvent militants de SUD, de la CGT, du NPA... - exigent leur titularisation. Un autre problème vient se greffer : des cas de maltraitance dans la cuisine par un chef brutal. Les protestataires réclament des garanties sur sa mise à l’écart.

Sur ce point, la directrice veut bien reconnaître que l’on aurait pu aller plus vite. « Mais il n’y avait au début que des lettres anonymes, dit-elle, nous n’avons eu un témoignage écrit que fin février. » Elle s’engage à ce que « lorsque la cantine rouvrira, ce sera avec un autre encadrement ». Pour le reste, Monique Canto-Sperber se dit « très démunie ».« L’ENS n’a pas la capacité de créer des postes de fonctionnaires. Elle est prise en otage pour servir une revendication de portée nationale qui la dépasse. »

La situation semble pour l’instant bloquée. Après une réunion, le 5 avril, au ministère de l’Enseignement supérieur, impatient de voir la crise se régler, une nouvelle proposition est sur la table : des CDI pour ceux ayant plus de trois ans d’ancienneté. « Mais trois employés ne seraient pas concernés, explique un gréviste, nous visons toujours la titularisation et continuerons tant qu’on n’aura pas d’avancées suffisantes. » Pour la directrice, impossible d’aller plus loin : « C’est une avancée sociale qui en plus satisfait nos syndicats. »

Faute.

Il reste la solution de la force dans une institution considérée comme un haut lieu du débat intellectuel et de l’affrontement des idées. Outre la saisie du tribunal administratif le 8 avril pour « occupation illégale des locaux », Monique Canto-Sperber a aussi porté plainte pour « usurpation d’identité » numérique : le 1er avril à 2 h 36, un mail avec son adresse a été envoyé à une série de personnes, annonçant qu’elle démissionnait et rejoignait les bloqueurs. « C’était assez bien fait, dans mon style, puisque certains l’on cru et m’ont appelée, dit-elle. Mais il y avait une faute d’orthographe. »

Véronique Soulé, Libération

4) Contre la précarité Avec les grévistes opposés à la directrice de l’ENS, Mme Canto-Sperber (Jean-Luc Mélenchon

La lutte contre la précarité sera pour moi un enjeu central de l’élection présidentielle. Dans notre équipe d’animation du Parti de Gauche, il avait été décidé que j’en ferai l’axe « social » de mon discours de clôture du congrès au Mans. J’ai déjà pas mal écrit sur ce sujet ici. A la suite de ce choix nous avons demandé à Leila Chaibi de conduire notre action sur le sujet. Elle venait de quitter le NPA et de nous rejoindre, en partie sur l’identification conjointe de cette priorité. Pour elle c’était déjà une évidence de longue date compte tenu de son engagement à « l’appel et la pioche ». En fait, c’est elle qui nous inspirait à ce moment sur le thème. Une tribune de Clémentine Autain avait aussi fixé notre attention à la veille de ce congrès.

Mais surtout nous avions réfléchi sur l’urgence à analyser sérieusement la nouvelle donne du rapport de force social qui rend possible l’extension sans fin des normes libérales et de la surexploitation au travail. Dans les thèses du club « La République Sociale » nous faisions valoir que la pauvreté n’était plus la marge du système des relations sociales mais son centre et souvent le moteur de la dynamique des rapports sociaux. Nous avons fait nôtre le vocable de « précariat », pour décrire cette nouvelle catégorie transversale à tous les niveaux de qualification (lire avec ma note sur le thème). C’est essentiel à présent dans le discours du Parti de Gauche. Je ne compte plus le nombre de fois où, moi aussi, j’ai présenté et soutenu l’idée de titulariser tous les intérimaires contraints des fonctions publiques. Ils sont 850 000. Et de fixer un quota de plafond d’embauche de CDD et intérimaires pour toutes les entreprises du secteur privé. Le discours ne suffit pas. Il faut passer bien plus largement à la pratique.

J’étais dans cet état d’esprit en allant à l’ENS de la rue d’Ulm, que dirige à Paris madame Canto-Sperber. Dans ce haut lieu de l’école républicaine, comment croire que l’on va trouver cette situation. Dix travailleurs précaires de chez précaire. L’une d’entre elles additionne les contrats à durée déterminée depuis dix ans ! Certains n’ont pas duré plus d’un mois ! Et qui couvre ces pratiques ? Qui fait des remarques de caste et de classe à ceux qui argumentent pour améliorer leur quotidien ? Qui refuse toute avancée de la condition de ces gens qui travaillent sans rechigner et assez bien pour être sans cesse réembauchés ? Une directrice qui tient une émission sur l’éthique et signe des tribunes sur ce thème ici et là dans la presse. Duplicité des puissants ! Cruauté de leurs mœurs ! A côté de moi, tandis qu’on cassait la croute ce jour où je faisais une petite visite de solidarité, un gars vraiment bien costaud, grand et bâti comme une armoire à glace. Il me dit d’une petite voix ce qu’est sa vie de précaire à vie. D’abord "j’ai la boule au ventre tous les jours que le chef me dise que c’est fini je ne serai pas repris » « Il vous menace ? » « Non, il me le fait sentir. Si je me plains de quelque chose il me dit que je ne suis pas obligé de rester là ». Ensuite la vie « je n’ai pas de CDI, alors ma demande de logement ce n’est pas possible, ni le prêt à la banque. Mais je viens de me marier, alors c’est dur tout ça ». « Je ne comprends pas. Si je travaille bien pourquoi est-ce que je ne suis pas reconnu ? » Et pour finir, parmi le reste ceci, dit sur le mode de l’évidence résignée. « Le trajet depuis chez moi La Courneuve, c’est long. Et il y a les contrôles à cause des trafics. Parce que moi je suis noir, alors les flics me contrôlent ». Voila, madame, ce qu’est « l’éthique » quotidienne de notre société et des valeurs que vous défendez tous les jours comme libérale.

Je ne vais pas raconter toute cette histoire de ma visite à l’ENS en une seule fois. Il y a longtemps que je n’avais pas eu un contact humain aussi riche que celui-là. Mais je l’évoque pour me situer dans l’univers bien connu de la plupart de ceux qui me lisent. C’est ma façon de justifier que je relaie un appel qui court sur la toile. Il reprend l’esprit de la grande manifestation des précaires qu’ont organisée de la même manière les jeunes Portugais. De retour de cette manifestation, Leila Chaibi nous avait fait une sérieuse description de l’ampleur du mouvement mobilisé de cette façon. Voici venu le tour de ce pays. Je reproduis le texte d’appel.

APPEL DU PISSENLIT « Le samedi 30 avril 2011, comme chaque fin de mois, ça fera déjà dix jours que nous serons à découvert. Nous sommes salarié-e-s au SMIC, en CDD, en intérim, à temps partiel, en Contrat Unique d’Insertion, stagiaires de longue durée à 30% du SMIC, bac + 5 en Service Civique à 540€ par mois, auto-entrepreneurs, pigistes, intermittents, chômeurs en intérim, travailleuses au black au RSA, travailleurs au black, jeunes n’ayant pas droit au RSA, saisonniers, étudiants-salariés…

Nous galérons pour trouver un emploi et un logement, pour payer le loyer.

Nous galérons pour remplir le caddie chez ED.

Nous voulons vivre, pas survivre. Nous voulons payer des impôts. Nous voulons payer nos restos, aller au ciné, partir en vacances, arrêter de taxer nos parents, avoir le temps et la place pour élever des enfants, nous doucher avec du gel douche bio, manger du filet de bœuf plutôt que des surgelés, aller chez le dentiste pour retrouver le sourire. Notre précarité est une insulte au passé, alors que nos parents et nos grands-parents ont travaillé pour notre accès à l’éducation, à la sécurité sociale, pour le droit du travail, et pour notre liberté. Privés de stabilité et soumis à la flexibilité, notre avenir est hypothéqué. “C’était mieux Avant”, on finit par le croire.

Parce que nous refusons cette fatalité, nous ne nous laissons pas abattre par ce manque de perspective. Nous sommes des millions ! On se croise tous les jours dans la rue, dans le métro, au boulot, dans les facs, à Pôle Emploi ou à la CAF, ou à l’heure de l’apéro.

Nous sommes éparpillé-e-s et isolé-e-s.

Le samedi 30 avril, rassemblons-nous. A défaut de se payer notre brin de muguet du 1er mai, célébrons le pissenlit pour ne pas le manger par la racine. Avant la fête des travailleurs, retrouvons-nous pour la journée du Pissenlit, fête des précaires. Ce jour là, rendons nos galères visibles. Quelles que soient vos convictions, vos revendications, votre situation, rejoignez nous. En écho à l’énorme mobilisation des précaires portugais le 12 mars, nous vous donnons rendez-vous à Paris tout au long de la rue de Lisbonne, pour un défilé festif, pacifique et non-partisan contre la précarité. Fabriquez pour l’occasion vos propres panneaux, pancartes, banderoles, et inscrivez-y vos coups de gueules et vos messages.

Rendez-vous le samedi 30 avril pour un défilé festif, pacifique et non-partisan !

Carole, 28 ans, salariée depuis 10 ans, au SMIC, encore dépendante de ses parents.

Xavier, 36 ans, chômeur, auto-entrepreneur.

Lily, 25 ans, bac+5, en Service Civique prolongé à 540 euros par mois. Dimitri, 24 ans, serveur, travaille 50 heures par semaine dont 30 heures non déclarées.

David, 26 ans, chômeur en reconversion professionnelle dans le secteur social.

Nikos, 27 ans, vacataire dans la fonction publique. »

3) C’est pas très Normale, ces CDD à répétition  !

En grève 
depuis trois mois, les salariés précaires de l’École normale supérieure, soutenus par 
les étudiants, ont à nouveau réclamé mercredi, devant le ministère de l’Enseignement supérieur, leur titularisation.

Une détermination intacte en dépit des embûches. En grève depuis le 10 janvier, les personnels précaires de l’École normale supérieure (ENS) entendent « ne rien lâcher ». Environ quatre-vingts personnes (des étudiants, des responsables politiques) se sont rassemblées, mercredi midi, autour des grévistes devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ils réclament leur titularisation et une amélioration de leurs conditions de travail. Depuis des semaines, lettres recommandées à l’appui, ils demandent un entretien avec la ministre de tutelle, Valérie Pécresse. Sans succès. Las, grévistes et étudiants avaient déjà durci le ton début mars, occupant les salons de la direction de l’école. Une occupation menacée depuis lundi par une intervention des forces de l’ordre. Le tribunal administratif a en effet ordonné l’évacuation des lieux, ainsi qu’une astreinte de 50 euros par jour et par occupant.

« Ce n’est pas parce que nous sommes des agents du personnel que l’on doit s’écraser. On ne va pas se taire », s’agace Maia. En CDD depuis deux ans et demi, cet agent d’entretien fustige cet « État qui organise notre précarité ». à l’instar des 800 000 précaires de la fonction publique, le «  petit personnel » de la prestigieuse école de la rue d’Ulm multiplie les contrats à courte durée. « Nous vivons sans cesse avec une épée de Damoclès. Déjà que nous sommes payés une misère, nous n’avons droit à rien, impossible de faire un crédit ou de trouver un logement », poursuit Maia.

La crainte est la même pour Sylla Sourakata. « Je vis avec une boule au ventre en permanence », raconte cet agent de restauration. En quatre ans et demi d’exercice, il en est déjà à son neuvième contrat. Une situation qui l’empêche pour l’heure de trouver un logement. « Ça fait quatre ans que je cherche. Mais avec un CDD, dans le privé, c’est impossible. Quant au logement social, il y a tellement de délais d’attente et de demandes que je ne suis pas prioritaire », confie-t-il.

Sur 15 salariés, 3 sur le carreau

Visiblement plus « chanceux », il devrait se voir proposer un CDI. Le 6avril, le ministère a en effet proposé de mettre fin à ces CDD à répétition pour les agents en poste depuis plus de trois ans. Mais, sur la quinzaine de salariés concernés, trois resteraient sur le carreau, faute d’une ancienneté suffisante. « Cela ne nous convient pas. D’autant qu’il existe une clause disant que les CDI n’ouvrent pas droit à terme à titularisation. C’est inacceptable », répond Jean Quétier, normalien et syndicaliste CGT Ferc-Sup. « S’arc-bouter comme le fait la ministre pour trois postes supplémentaires, cela illustre la politique absurde du gouvernement et sa logique de privatisation de l’enseignement », a aussi dénoncé hier le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, venu « soutenir le conflit ». Pour Hugo Harrari, professeur à l’ENS-Cachan et secrétaire SNESup-Cachan, seule la victoire sera belle. « Il faut qu’ils gagnent pour eux et pour donner de l’espoir à Cachan, où nous connaissons, hélas, les mêmes problématiques. »

Un accord sous surveillance

Le 31 mars, les syndicats et le secrétaire d’État à la Fonction publique, Georges Tron, ont signé un protocole d’accord sur les non-titulaires. L’accord devrait conduire à faire passer 100 000 CDD 
en CDI et permettre par concours 40 000 à 50 000 titularisations. Les syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC et Unsa) ont toutefois prévenu qu’il ne s’agissait pas pour autant d’un blanc-seing. La CGT considère cet accord « comme un point d’appui des luttes ».

Lionel Decottignies, L’Humanité

2) M. Mélenchon est venu soutenir les grévistes opposés à la directrice de l’ENS, Mme Canto-Sperber

Il est arrivé tout sourire, un peu avant 14 heures. A avalé une assiette de riz, une crêpe à la confiture et un verre de vin - « rouge, bien sûr ». Puis est resté discuter une bonne heure. Jean-Luc Mélenchon avait « tenu à être là », jeudi 31 mars, pour encourager la « lutte exemplaire » dont l’Ecole normale supérieure (ENS) est actuellement le théâtre.

La raison de sa venue ? Le soutien à la dizaine d’employés précaires du « pot » (la cantine en jargon normalien), en grève depuis le 10 janvier pour obtenir une titularisation qu’ils attendent, pour certains, depuis des années. « C’est une honte que, dans l’une des plus prestigieuses écoles de la République, on traite des gens comme des chiens. Battez-vous : si vous gagnez, ce sera un précédent formidable pour les 800 000 précaires de la fonction publique ! », leur a lancé l’eurodéputé, coprésident du Parti de gauche et probable candidat à l’élection présidentielle de 2012.

Si Jean-Luc Mélenchon est venu - « en camarade », dit-il - c’est parce que, depuis la mi-mars, la vénérable institution de la rue d’Ulm a des allures de camp retranché. Sur sa façade flotte le drapeau rouge de la CGT. Dans l’escalier qui mène aux bureaux de la direction, quelques bancs de bois sens dessus dessous forment un début de barricade. Quant aux salons de réception du premier étage, les sacs de couchage qui jonchent le parquet rappellent que, depuis le 22 mars, dorment là chaque nuit entre quinze et vingt personnes. Des grévistes, bien sûr, et des élèves, aussi, présents pour les soutenir.

Jamais, depuis Mai 68 et ses lendemains, Normale Sup n’avait connu telle effervescence. Des conflits, il y en a eu, certes, comme lors des grandes grèves de l’automne 1995. Mais ce n’était pas la même chose. Car aujourd’hui, c’est la directrice de l’établissement en personne, Monique Canto-Sperber, qui est mise en cause. Sur ce point, la large banderole accrochée sur le perron est claire : «  Dégageons la direction ! »

Cette philosophe nommée à la tête de l’ENS en 2005, et reconduite en 2010, avait déjà connu un mouvement de contestation en 2006, quand elle se heurta à la démission en bloc des directeurs de départements littéraires, qui lui reprochaient ses méthodes de gestion, et la soupçonnaient d’« être à la solde du ministère ». Depuis, le climat s’était apaisé. Or fin 2010, l’atmosphère s’est à nouveau tendue. Mais cette fois, c’est des élèves qu’est montée la fronde. Et ce, autour de deux dossiers.

Le premier est lié à la décision, prise par Mme Canto-Sperber, d’annuler deux manifestations organisées par un collectif d’élèves constitué fin 2010 sous le label Palestine-ENS : une table ronde, le 17 janvier, en présence notamment de l’ancien résistant Stéphane Hessel ; et une série de rencontres, les 8, 9 et 10 mars, dans le cadre d’une semaine « internationale contre l’apartheid en Israël ».

Espoirs et déconvenues

Le second dossier est donc celui des personnels précaires. Il n’est pas déconnecté du premier, dans la mesure où ce sont pour l’essentiel les mêmes élèves, souvent syndiqués à la CGT ou à Sud- Etudiant, parfois membres du Parti de gauche ou du NPA, qui se battent sur les deux fronts. Au nom de la « liberté d’expression » dans un cas, de la « justice sociale » dans l’autre.

Pour ces élèves, le mois de mars a été riche d’espoirs et de déconvenues. Le 7, dix jours après que le tribunal administratif eut condamné la direction dans l’affaire des conférences annulées, celle-ci a gagné en appel devant le Conseil d’Etat. Soutenus par 160 chercheurs, les élèves ont décidé de saisir la Cour européenne des droits de l’homme et le Comité des droits de l’homme de l’ONU.

Le 22 mars, ils pensaient avoir obtenu du secrétariat d’Etat chargé de la fonction publique la garantie d’une titularisation des employés précaires. Or ce protocole, Monique Canto-Sperber assure n’en avoir « jamais eu connaissance », précisant que « la seule proposition qui [lui] a été faite, par le ministère de l’enseignement supérieur, est d’obtenir pour ces personnels des contrats permanents au sein du Crous », l’établissement public qui gère notamment les restaurants universitaires.

Qualifiée de « satisfaisante » par la directrice, cette solution est jugée « inacceptable » par les grévistes, qui réclament « une intégration pleine et entière dans la fonction publique ». Mercredi 30 mars, la pression est encore montée d’un cran à l’ENS, où la bibliothèque, autre service où les précaires sont nombreux, s’est mise en grève. Vendredi, une réunion était prévue au ministère, où l’on explique « vouloir reprendre la main pour sortir du conflit ». Rien ne dit pour autant que cela convaincra les grévistes de décrocher les deux affiches qui barrent l’accès aux bureaux de la direction : « On a la rage ! » et « Canto démission ! »

Philippe Jacqué et Thomas Wieder

Le Monde Samedi 2 avril 2011

1) Normale sup. L’élite solidaire des précaires

Élodie Emery dans Marianne, no. 729 du samedi 9 avril 2011

Miroirs et lustre au plafond, un grand Vasarely accroché au mur... et, par terre, des matelas de fortune et des duvets rangés à la hâte : voilà plus de quinze jours que les salons privés de la direction de l’Ecole normale supérieure sont occupés, jour et nuit, par un groupe d’élèves en colère. Dans cette institution prestigieuse qui forme la crème de l’enseignement supérieur et parfois de l’Etat, tout a commencé en octobre, lors du mouvement lancé par les salariés contre la réforme des retraites. CDD à répétition, salaires bloqués à 1 100 €, violences physiques et insultes de la part du chef de cuisine : les étudiants découvrent les conditions de travail de ceux qu’ils côtoient tous les jours au "pot", le restaurant de l’école.

Estomaqués, ils encouragent les cantiniers à faire entendre leur voix et se mobilisent pour les appuyer dans leur combat. Trois mois de grève, sans résultats. Un immobilisme qui conduit les élèves à barricader l’entrée des salons de la direction et à y installer leurs lits de camp, pour être entendus, enfin. Avec un certain succès : le 31 mars, les grévistes reçoivent la visite de Jean-Luc Mélenchon, le lendemain, les professeurs de l’ENS ont voté en assemblée générale le soutien à leurs revendications. Pour la directrice de l’école, Monique Canto- Sperber, ce pourrait bien être le scandale de trop. Après l’affaire Hessel (la directrice avait créé la polémique en interdisant une réunion autour de l’auteur d’Indignez-vous ! sur le thème du boycott des produits issus des colonies israéliennes), elle fait désormais l’objet d’un appel des universitaires anglo-saxons (révélé par le site du Guardian et par le blog du Monde éducation) qui affirment que "les actions de la directrice vont à l’encontre d’une longue tradition de liberté d’expression politique au sein de l’ENS". Pour l’heure, la directrice attend les consignes de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur. Car, au-delà du bras de fer avec la direction de l’ENS, l’éventuelle titularisation des personnels d’entretien de l’école pourrait bien faire tache d’huile auprès de toutes les universités et unités de recherche supérieure.


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