Le gouvernement équatorien nous montre... qu’il est possible de rompre cette domination néolibérale si le pouvoir est rendu à son souverain : le peuple

mardi 17 mai 2011.
 

Parmi les dix questions posées, quatre concernaient une réforme du système judiciaire. C’était un des enjeux centraux de ce référendum. En effet, les dysfonctionnements réels du système judiciaire ont récupéré à des fins de propagande pendant des mois par l’opposition qui accusait le gouvernement équatorien d’être à l’origine de l’ « insécurité croissante » du pays. Face à ces attaques, le gouvernement a toujours répondu en dénonçant une main mise de l’ancienne partidocratie sur le système judiciaire. Il était donc urgent d’y mettre fin et de réformer ce système pour qu’il devienne réellement indépendant de la sphère politique.

En répondant « oui » à ces quatre questions, les équatoriens ont décidé ce qui suit : reconnaître la responsabilité des juges lorsque des délinquants sont libérés, en raison d’un délai trop long de jugement ; réguler des mesures substitutives à la prison préventive, jusqu’à ce jour applicables à tous les délits, et ne concernant désormais plus que les délits les moins graves ; créer un Conseil de la Magistrature de transition qui aura 18 mois pour mettre en place un nouveau Conseil de la Magistrature.

Deux autres questions concernaient les médias. Du point de vue de leur financement d’abord. Il sera dorénavant interdit qu’une institution du système financier privé puisse être propriétaire de moyens de communication et vice-versa, et les directeurs des moyens de communications ne pourront plus être actionnaires de ce type d’institutions. Ensuite, les citoyens équatoriens ont également soutenu la création d’un Conseil de Régulation. Celui-ci sera chargé de normer la diffusion des contenus qui contiennent de la violence sexuelle ou discriminatoire (équivalent du CSA en France). Ce Conseil de Régulation a aussi pour vocation de déterminer les critères de responsabilité ultérieurs des communicateurs et des moyens de communication.

Au total les équatoriens ont majoritairement soutenu par leur « oui », une loi anti-corruption qui condamne l’enrichissement privé non justifié, l’interdiction des jeux de hasard et casinos, l’interdiction des spectacles entrainant la mort d’animaux, et l’obligation pour les entreprises privées d’affilier les travailleurs en situation de dépendance à l’Institut Équatorien de Sécurité Sociale. Saluons la détermination du gouvernement équatorien qui aurait pu décider de faire passer ces réformes par le biais de sa majorité parlementaire, mais qui a choisi de remettre au cœur de la « révolution citoyenne » la souveraineté populaire, et ce, quelques mois après la tentative de coup d’État qui a failli coûter la vie à son président, Rafael Correa et à la démocratie. Par cette démarche de consultation populaire, le gouvernement équatorien nous montre une fois de plus que le modèle néolibéral capitaliste a besoin de la répression et de la confiscation du pouvoir politique aux mains d’une oligarchie pour exister mais qu’il est possible de rompre cette domination si le pouvoir est rendu à son souverain : le peuple.


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