La Commune de 1871 et l’Education

dimanche 3 juin 2012.
 

Beaucoup a été dit sur la Commune de Paris, beaucoup a été fait durant ces 72 jours par les Communards, porteurs des aspirations humanistes qui ont tenté de changer l’école pour changer le monde. La Commune, s’inscrit dans le droit fil de ces pensées progressistes que les humanistes sociaux, les philosophes du 18è, les premiers républicains et socialistes du 19è siècle ont cherché à promouvoir par leurs actes et leur engagement. Elle est aussi le fruit d’un long cheminement qui a vu au cours de notre histoire le peuple se soulever contre les tyrans et toutes les formes d’injustices qu’il subissait.

C’est par un hiver glacial, sous les bombardements des versaillais, dans une ville coupée du monde, sans ravitaillement, que les parisiens libérés de toutes les formes de pression, ont pensé et organisé leur ville pour en faire le prototype de cette société nouvelle qu’ils souhaitaient plus juste et plus humaine. La Commune, en nommant Edouard Vaillant responsable de l’Instruction Publique, a placé l’école au cœur des réformes à accomplir en priorité. Selon elle, la politique d’éducation est révolutionnaire. Cette affirmation devenue principe sera suivie et concrétisée par de nombreuses mesures publiées par décret :

- Laïcité, gratuité de l’école : les effets de cette disposition ont eu comme principale conséquence de rendre l’école obligatoire jusqu’à 16 ans, de mettre à la disposition de la commune, les écoles congréganistes, et de remplacer les religieux par des enseignants laïcs.

- Egalité devant l’instruction : la Commune a voulu que tous les enfants, quelle que soit leur origine, puissent bénéficier du « même enseignement libre et démocratique ». Ce principe, a permis aux filles et enfants d’immigrés d’accéder à l’école.

- Création des écoles professionnelles : pour les Communards, l’école devait aussi être un lieu préparant au métier, à la citoyenneté, et à l’enrichissement personnel par l’accès à la culture.

- Rénovation de la pédagogie et des contenus d’enseignement : de nouvelles théories préconisant des pratiques pédagogiques fondées sur l’expérimentation, la valorisation de démarches reposant sur l’observation des faits ont été avancées.

- Amélioration de la condition des enseignants : un des premiers actes de la Commune a été l’augmentation des salaires des enseignants et l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes. Gustave Lefrançais, pose les bases du syndicalisme enseignant.

Compte tenu de la brièveté de la Commune, ces mesures, ne seront pas appliquées à l’enseignement secondaire. Elles seront ensuite balayées par les forces réactionnaires. Mais elles resteront le marqueur de toutes les idées œuvrant pour le progrès de l’humanité. C’est d’ailleurs en reprenant le programme de la Commune, que la 3è république a tiré vers le haut son école pour en faire au moins dans ses objectifs, un lieu de transformation sociale et d’émancipation. Il y a aujourd’hui beaucoup à faire pour rejoindre les Communards dans leur combat pour la construction d’une véritable école du peuple, pour partager leur ambition et leur valeur. Il y a aussi et surtout à trouver la volonté politique capable d’assurer la continuité de leurs combats.

Le Parti de Gauche, par l’affirmation de ses valeurs humanistes, et son refus des compromis avec le prêt à penser ambiant, s’inscrit dans cette démarche.

C’est ce qui fait, la singularité, la pertinence des combats qu’il a engagés, pour affronter, coûte que coûte, comme les Communards, un ordre établi au service des puissants de tous bords, un ordre loin de l’intérêt des peuples, un ordre qui peut aussi être balayé soudainement, comme le montrent nos voisins méditerranéens.

Gérard Blancheteau


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