La gauche à l’épreuve de la crise (par Christian Picquet)

lundi 5 septembre 2011.
 

Après quelques jours d’interruption pour cause de repos estival, je reprends le fil de mes notes. En traitant, évidemment, de ce qui va constituer l’arrière-fond des campagnes de 2012 et confronte la gauche à des choix décisifs. Je veux parler de la crise financière. De fait, la réplique de la secousse de 2007-2008 était attendue… Décriés tels des oiseaux de mauvaise augure indifférents aux promesses mirifiques de l’avènement du nouveau capitalisme, nous fûmes cependant un certain nombre à la prédire, de sommets impuissants du G 20 ou de l’Eurogroupe en turbulences à répétition des Bourses… Elle s’est produite, au cœur d’un été baigné comme rarement d’angoisses et d’incertitudes… Et c’est le monde qui s’en retrouve à danser sur un volcan…

Le catalyseur de cette tourmente attendue aura été l’annonce, par l’agence Standard and Poor’s, de la dégradation de la note des États-Unis, de AAA à AA+. Un événement, en principe sans autre portée que symbolique, qui n’en aura pas moins provoqué quelque quinze jours de baisse consécutifs sur la place de Paris et au moins 7000 milliards d’euros volatilisés sur l’ensemble des Bourses, soit à peu de choses près l’équivalent de quatre ans de produit intérieur brut de la France. Ce à quoi tous les pouvoirs politiques, à commencer par celui de Barack Obama, auront répondu avec pour seul souci de « rassurer les marchés », de faire assaut de professions se foi se voulant vertueuses quant à leur intention de respecter l’orthodoxie néolibérale de la réduction à tout prix des déficits publics. Au prix de l’emprise, plus asphyxiante que jamais, des spéculateurs sur l’économie mondiale.

Il n’est que d’observer la rencontre Sarkozy-Merkel, à l’Elysée, le 16 août, pour prendre la mesure de l’abdication volontaire des gouvernements devant le fonctionnement littéralement fou de la planète finance. Hormis la vague évocation d’une taxation des transactions financières (on ne connaît ni son taux, ni les modalités par lesquelles l’ensemble de la zone euro pourrait s’y trouver impliquée), d’une fiscalité commune franco-allemande sur les entreprises (qui a de fortes chances de s’aligner sur celle d’outre-Rhin, bien plus basse encore que dans l’Hexagone) et d’un « gouvernement économique européen » (qui se réduira à deux réunions par an, sous la présidence de l’évanescent M. Van Rompuy), rien n’en ressortit qui fût de nature à desserrer l’étreinte des marchés contre les peuples de notre continent. Bien au contraire, la mise en scène de la solidité de « l’axe franco-allemand » aura seulement délivré le signal d’un nouveau tour de vis de cette austérité entraînant le continent dans un absurde engrenage récessif, frappant de plein fouet classes populaires et classes moyennes, et interdisant de ce fait de comprimer si peu que ce soit la bulle de la dette.

Il paraît fort loin le temps, rappelé par Edwy Plenel dans un récent papier de Mediapart, où notre président de la République, avec des accents quasi-révolutionnaires, assénait que « l’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute-puissance du marché était une idée folle ». Aujourd’hui, alors que nous frôlons en permanence le krach financier, c’est sur la seule orchestration d’un désastre social programmé qu’aura débouché le Conseil des ministres de ce 24 août.

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