Les dirigeants de Constellium séquestrés par des salariés se sont échappés

samedi 24 septembre 2011.
 

LILLE — Les quatre responsables de Constellium retenus par des salariés en colère sur le site de Ham (Somme), où le groupe de transformation d’aluminium veut supprimer 127 postes sur 200, se sont échappés dans la nuit de vendredi à samedi.

Les dirigeants, séquestrés depuis vendredi matin, "ont pris la fuite", profitant d’une "diversion" au moment de la visite d’un gradé de la gendarmerie vers 2H00 pour s’engouffrer dans une ouverture taillée dans une grille du site de fabrication de profilés en aluminium, a indiqué Benoît Merelle, délégué syndical CFTC (majoritaire).

Parmi eux se trouvait le président de cette activité pour le monde de Constellium, le Britannique Paul Warton, le directeur pour la France, Hervé Pelcerf, ainsi que deux dirigeants du site de Ham. Une cinquième personne, responsable des ressources humaines du site, initialement retenue, avait été relâchée entre-temps par les salariés, a précisé M. Merelle.

"Un commandant de gendarmerie est venu nous voir, on a fait une réunion, et pendant ce temps-là, de l’autre côté de l’usine, ils (les gendarmes) ont fait une opération en découpant le grillage et en débroussaillant l’accès pour faire le chemin. Ils les ont fait sortir par là", a expliqué le syndicaliste.

Cette version a été confirmée par la préfecture de la Somme, qui évoque une "évacuation en douceur sans usage de la force" pour "débloquer une situation qui devenait inextricable".

Quant aux salariés qui ont perdu tout moyen de pression, ils "sont écoeurés par l’attitude de la direction", a commenté M. Merelle samedi matin, dénonçant une "dérobade".

Les salariés du site de Ham, menacé par un plan social annoncé en février supprimant 127 postes en raison de la mise à l’arrêt d’une des deux presses à aluminium du site, avaient profité d’une visite de M. Warton vendredi matin pour l’interpeller sur l’avenir de leur usine. Après une rencontre houleuse, ils étaient sortis de l’usine et avaient fermé les grilles à l’aide de cadenas, enfermant les cinq dirigeants qui se trouvaient à ce moment-là dans les bureaux.

"Il n’y a pas eu de dialogue. On n’a obtenu aucune avancée concrète", a regretté M. Merelle, alors que les syndicats demandent la pérennisation du site, où sont produits cadres de fenêtres et structures en aluminium.

Ils placent leurs espoirs dans un plan alternatif de rachat des trois sites de production de profilés de Constellium en France — à Ham, Nuits-Saint-Georges (Côte-d’Or) et Saint-Florentin (Yonne) — qui a reçu l’intérêt d’un fonds d’investissement, mais a été repoussé par le groupe, ou encore dans la mise en place d’une nouvelle activité à Ham.

Vendredi soir, une tentative de médiation du sous-préfet pour libérer les dirigeants avait échoué, les syndicats estimant que la proposition de la direction, à savoir une réunion pour négocier lundi dans un hôtel à une trentaine de kilomètres de là, était dilatoire.

"On voulait qu’ils s’engagent tout de suite à explorer les pistes de réindustrialisation", a insisté le syndicaliste, selon lequel le site serait viable si les investissements nécessaires étaient faits. "Maintenant on sait qu’on ne les aurait jamais vus, à cette réunion de lundi", a-t-il ajouté. "Nous seront au rendez-vous", assure-t-il toutefois.

Les salariés craignent en effet que le plan social ne soit qu’"une fermeture déguisée" avant de définitivement mettre la clé sous la porte, l’an prochain. La direction affirme au contraire que cette restructuration est nécessaire pour assurer sa survie, alors que le site a perdu 14 millions d’euros sur les trois dernières années.


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