Du retrait de Borloo à la crise de régime

lundi 24 octobre 2011.
 

Le retrait troublant de Borloo (que s’est-il passé pour qu’il renonce si brutalement ?) va-t-il ramener un peu d’ordre au sein de la droite ? Il est trop tôt pour le dire. Aussi hasardeux soit-il, admettons néanmoins ce pronostic. Le pouvoir sarkozyste aux abois parviendra peut-être à mater les contestations internes à son camp. Il peut éventuellement réussir à barrer la route aux candidats susceptibles d’incarner une alternance au sein de la droite.

Mais ce qui est certain, c’est qu’il ne réussira pas pour autant à rétablir son autorité dans le pays. Sarkozy a essayé toutes les figures habituellement opérantes pour restaurer un crédit largement entamé. Diversions sécuritaires à répétition, guerre en Lybie, discours critique sur la mondialisation à la présidence du G20, appels impérieux à la rigueur, promesse de taxation des riches, et même mise en route médiatisée d’un nouvel enfant... En vain ! Personne n’embraie. Les tentatives de Sarkozy pour se relancer politiquement s’avèrent aussi inefficaces que le sont les injections de dollars de la Fed pour relancer l’économie états-unienne.

Si la droite ne s’émancipe pas de son chef en déroute, cela annonce une conflagration plus générale. Car c’est par un mécanisme d’alternance interne que la droite surmonte habituellement ses fins de règne difficiles. Cette solution commode, dont Sarkozy fut l’instrument en son temps contre Chirac, lui a permis d’éviter la déroute politique. Elle a aussi écarté la crise de régime. Cette dernière est donc de retour.

Les institutions ne fonctionnent plus normalement comme en atteste la quasi disparition du premier ministre ou le basculement du Sénat à gauche. Le feuilleton des affaires se resserre autour du président de la République. A mesure que ce dernier résiste, refusant de reculer d’un mètre, le paysage d’ensemble retient davantage l’attention. Ce qui apparaît désormais, derrière le « style » d’un homme, c’est le système des liens entre l’argent et le pouvoir constitutifs de la Cinquième République et de l’oligarchie triomphante.

Et donc la nécessité d’une révolution à la fois institutionnelle et sociale, avec la Sixième République et la mise au pas des intérêts capitalistes qui ont colonisé l’Etat et imposé leurs normes à la société. En l’absence de révolution de palais, la révolution citoyenne fait son chemin.

Elle le fait d’autant plus que ce n’est pas seulement le système politique qui est ébranlé mais tous les piliers essentiels du consentement à l’autorité. La mise en examen annoncée du procureur Courroye comme celle concomitante de plusieurs hauts dirigeants de la police nourrissent l’idée que l’on ne peut plus faire confiance à personne. Sarkozy sait bien le rôle de ces institutions pour s’être promis de supprimer le juge d’instruction, de dépénaliser le droit des affaires ou de modifier les règles de prescription pour les abus de biens sociaux.

Trop tard ! Et sa volonté de contrôler la police se retourne contre lui puisque ce sont des proches qui sont aujourd’hui mis en cause. Beaucoup jugeaient excessif le « qu’ils s’en aillent tous » dont Jean-Luc Mélenchon avait fait le titre de son dernier livre. Gageons que sa réédition paraîtra moins exotique à bien des oreilles.


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