La crise et les vieux démons européens (Gauche Unitaire)

mercredi 14 décembre 2011.
 

Le débat sur l’évolution de la crise économique européenne a pris ces derniers jours un tournant singulier. D’un côté, Nicolas Sarkozy le président-candidat ne jure plus que par la convergence entre la France et l’Allemagne et par l’imitation des politiques néo libérales mises en œuvre outre-Rhin. De l’autre, des réactions largement exagérées – comme celle d’Arnaud Montebourg comparant la politique de Merkel à celle de Bismarck – ont fait ressurgir le spectre de sentiments anti allemands qu’on pensait révolus. Le développement de ce soi-disant « débat » est sans doute la plus mauvaise façon de chercher à répondre à la crise.

L’éloge par la droite française du « modèle allemand » est une façon perverse de s’appuyer sur l’aspiration progressiste à la paix entre deux peuples et sur la volonté de dépasser les décennies de conflits meurtriers pour justifier des politiques néo libérales brutales. C’est surtout ne pas tenir compte du mécontentement du peuple allemand envers la politique de Merkel comme l’a opportunément montré un sondage publié par le journal L’Humanité. Et l’aggravation de la crise en 2012, avec une probable récession en Europe, ne manquera pas d’avoir des répercussions sur l’économie allemande dont les travailleurs allemands seront les premières victimes.

De même, ceux qui à gauche réduisent les difficultés du continent à la politique mise en œuvre par le gouvernement allemand sous estiment l’ampleur de la crise à laquelle nous faisons face. Les gouvernements de l’Union Européenne sont lancés aujourd’hui dans une fuite en avant vers toujours plus d’austérité. Ce sont les modalités de mises en œuvre de cette politique qui font aujourd’hui débat par exemple entre Sarkozy et Merkel, sur le rôle de la BCE. L’Allemagne en tant que première puissance économique a de fait une voix prépondérante dans les sommets européens mais elle est loin d’être omnipotente (comme en témoigne la politique de la BCE depuis deux ans qui a été très critiquée en Allemagne). Mais il y a un accord profond entre eux pour satisfaire aux exigences des marchés financiers et imposer pour cela une régression violente aux classes populaires à travers le Pacte Euro Plus.

Il est temps de remettre le débat à l’endroit. De discuter du contenu des politiques qui sont mises en œuvres à l’échelle européenne comme à l’échelle nationale, et de développer les initiatives communes des forces du mouvement social, des syndicats et des partis de gauche en Europe contre l’austérité.


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