Les Kurdes victimes d’un massacre politique et social en Turquie. Solidarité !

jeudi 3 décembre 2020.
 

- A) Savez-vous que 2200 étudiants et lycéens sont emprisonnés en Turquie ? (10 juin 2012)
- B) Répression massive du gouvernement islamo-libéral contre les Kurdes : 2309 enfants en prison, 330 arrestations en 15 jours
- C) Totalitarisme policier contre un kurde parlant kurde à son frère dans une voiture (15 juin 2012)
- D) Turquie : Révolte dans les prisons après le massacre de 13 détenus (19 juin 2012)
- E) « Ce que fait Erdogan aux Kurdes, c’est du nettoyage ethnique » (novembre 2019)

E) « Ce que fait Erdogan aux Kurdes, c’est du nettoyage ethnique » (novembre 2019)

Entretien avec Patrice Franceschi*, auteur de « Mourir pour Kobané »... « laisser le champ libre à Erdogan contre les Kurdes est une « faute morale et politique » Propos recueillis par Romain Gubert

Le Point : Quelle est la situation sur le terrain ?

Patrice Franceschi : Les Kurdes sont exactement dans le même état d’esprit que lors de la bataille de Kobané contre Daech en 2015. Ils sont prêts à se battre jusqu’au bout. Il s’agit de la survie de leur peuple. Ils se battent pour leurs familles. Pour leur dignité. Ils savent qu’Erdogan est là pour en finir avec le peuple kurde. En finir ! C’est exactement ça. S’il le pouvait, Erdogan ferait ce que les responsables turcs ont fait avec les Arméniens au début du dernier siècle. Il a déjà commencé le nettoyage ethnique à Afrin à l’est de la Syrie, où il a chassé les Kurdes. Ce n’est pas un conflit frontalier, mais une guerre existentielle de laquelle Erdogan veut sortir victorieux.

Comment les Kurdes peuvent résister à l’offensive turque ?

Comme à Kobané contre Daech ! Ils se battront jusqu’au dernier s’il le faut, car ils sont dos au mur. Ils sont coincés entre la Syrie et la Turquie. En attendant, ils vont tenir le plus longtemps possible le temps que la communauté internationale se réveille et réagisse. La Turquie a une aviation et des blindés. Pas les Kurdes. Mais ils ont pour eux leur courage. Depuis quelques semaines, ils se préparent à cette offensive. Ils savaient qu’il ne fallait pas faire confiance à Donald Trump qui a donné le feu vert à l’intervention militaire d’Erdogan.

La Turquie a toujours utilisé les djihadistes pour affaiblir ses ennemis

Que peut la communauté internationale ?

Il faut obliger Donald Trump à prendre ses responsabilités. Et d’ailleurs, aux États-Unis, le Congrès est scandalisé : car ce que fait Erdogan n’est pas seulement une violation flagrante du droit international. Il s’attaque à nos alliés, à des gens qui ont combattu Daech pendant six ans sur le terrain, alors que nous ne voulions pas, nous Occidentaux, engager de troupes au sol.

Le Conseil de sécurité ne doit pas seulement condamner l’agression turque. Il doit décider de lourdes sanctions contre Ankara. Des sanctions économiques et diplomatiques qui font mal. Il n’y a que ça qu’Erdogan comprendra. Quand les troupes turques sont entrées dans Afrin en 2018, nous n’avons rien dit. N’ajoutons pas la honte et le déshonneur à l’indifférence. C’est une faute morale et politique de laisser Erdogan massacrer les Kurdes.

Pourquoi ?

C’est une faute morale parce qu’on ne laisse pas tomber un allié. Les Kurdes ont combattu Daech à notre place. En sept ans, ils ont payé un très lourd tribut en se sacrifiant à notre place pour combattre Daech. Avec ce terrible bilan : 36 000 tués ou blessés dans leurs rangs.

Moralement, c’est insupportable de laisser tomber ceux qui ont fait le travail contre Daech à notre place. Mais c’est aussi une faute politique : les Turcs vont encourager Daech à se repositionner et à reconstituer des cellules pour affaiblir les Kurdes. La Turquie a toujours utilisé les djihadistes pour affaiblir ses ennemis. À Afrin, ils utilisent aujourd’hui des supplétifs, des ex-combattants d’Al-Qaïda ou de Daech. C’est enfin une faute politique, car il ne s’agit pas d’un petit conflit lointain. Il s’agit aussi de la crédibilité de l’Occident au Sahel ou en Afghanistan. En lâchant les Kurdes, les Américains envoient des signaux inquiétants à tous ceux qui luttent contre les djihadistes. On ne maltraite pas des alliés qui se battent contre nos ennemis.

Peut-on imaginer des négociations avec Erdogan, notamment après une condamnation du Conseil de sécurité ?

Il n’est plus le temps de palabrer ! Il faut montrer à Erdogan qu’en face de lui, il a des gens qui ne lâcheront pas les Kurdes. Il n’y aura pas un second Munich en 2019. Erdogan veut installer 2 millions de réfugiés sur les terres kurdes : c’est du nettoyage ethnique. Ne laissons pas faire. Cela nous reviendra en boomerang !

A) Savez-vous que 2200 étudiants et lycéens sont emprisonnés en Turquie ? (10 juin 2012)

Les manifestations des étudiants québécois occupent une grande place dans les médias occidentaux, ce qui est normal. Par contre, aucun de ces médias ne parle de répression contre les étudiants kurdes et opposants en Turquie. Selon une initiative de soutien aux étudiants emprisonnés, plus de 1500 lycéens et 700 étudiants sont actuellement dans les prisons turques.

La répression anti-étudiante du régime AKP, parti au pouvoir depuis 2002, ne connait aucune limite. Pour les opposants, la Turquie d’aujourd’hui est gouvernée par un régime fasciste. On ne trouve dans aucun pays du monde autant d’arrestations politiques. Chaque jour, le pays se réveille avec des nouvelles arrestations massives.

Près de 200 élus kurdes dont 33 maires et six députés, quelque 100 journalistes, environ 500 femmes activistes du parti kurde BDP, une quarantaine de syndicalistes et autant d’avocats, ainsi que des centaines d’enfants sont en prison.

2200 étudiants et lycéens en prison

À cela il faut ajouter plus de 2.000 étudiants et lycéens pour avoir demandé soit l’enseignement gratuit ou protesté contre la privatisation et le Conseil de l’Enseignement Supérieur (YOK), l’héritage de la junte militaire de 1980. Des objets comme des affiches, pancartes, livres, photos, keffieh, parapluies, citrons, œufs, confisqués lors des raids organisés au domicile des étudiants à la suite d’écoutes téléphoniques et de poursuites techniques sont aussi présentés comme des preuves « d’appartenance à une organisation terroriste. »

102 étudiants arrêtés en dix jours

Au moins 102 étudiants ont été placés en garde à vue au cours des dix premiers jours du juin, contre 127 au cours du mois de mai, 116 en avril et 100 en mars, selon un nouveau bilan de l’ActuKurde. Près de la moitié des étudiants arrêtés entre le 1 e et 10 juin, soit 47 étudiants, ont été envoyés en prison, dont 13 par un tribunal d’Ankara et huit à Afyon le 9 juin, ainsi que six à Istanbul le 5 juin.

Sevil Sevimli, une étudiante lyonnaise de 19 ans, partie en échange Erasmus à l’université Anatolie d’Eskisehir se trouve également parmi les étudiants incarcérés pour des raisons qu’elle ignore. Les médias français ont parlé de cette étudiante un mois après son arrestation, le 10 mai, mais pas un mot sur les autres.

Motifs fictifs, tribunaux fictifs, lois fictives

Le 9 juin à l’appel du Conseil de la Jeunesse au sein du Congres Démocratique des Peuples (HDK) et l’Initiative de soutien aux étudiants emprisonnés, quelque mille personnes se sont rassemblées à Kadikoy, à Istanbul, pour demander la libération des étudiants et des lycéens incarcérés et protester contre la répression fasciste du gouvernement Recep Tayyip Erdogan.

Le principal parti kurde mais aussi principale cible du gouvernement turc, BDP, a soutenu la manifestation. Son co-président Selahattin Demirtas a affirmé que les étudiants font l’objet d’arrestations pour des motifs « fictifs », par des tribunaux « fictifs », avec des lois « fictives ». Il a demandé la suppression totale des tribunaux dotés de pouvoirs spéciaux (ÖYM), ces mécanismes de répression qui ont remplacé les Cours de Sûreté de l’État (DGM), supprimées en 2004.

Les kurdes victimes d’un massacre politique et social

La porte parole de l’initiative Irmak Erdogan, a déclaré que plus de 1500 lycéens et plus de 700 étudiants sont aujourd’hui en prison et que le nombre d’arrestations s’élève continuellement. Près de la totalité de ces étudiants et lycéens sont kurdes.

Affirmant que toutes les activités légitimes du peuple kurde sont considérées comme « illégales », elle a dit : « Le peuple kurde est victime d’un massacre politique et social. Nous ne l’accepterons pas ». Outre les arrestations, elle rappelle que des milliers d’étudiants ont fait l’objet d’enquêtes et ont été éloignés de l’université.

S’adressant au gouvernement, le co-président du BDP ajoute de son coté : « C’est une attitude sans foi ni loi et immorale. Si vous continuez ainsi, les étudiants détruiront votre pouvoir. »

B) Répression massive du gouvernement islamo-libéral contre les Kurdes : 2309 enfants en prison, 330 arrestations en 15 jours (juin 2012)

Alors que le gouvernement turc annonce que la langue kurde sera désormais enseignée à l’école publique comme matière optionnelle, une mesure "insultante" et "humiliante" pour les kurdes, la répression sans merci visant tous les opposants se poursuit.

Il ne passe pas un jour sans arrestations massives. Le régime AKP vise tous les opposants, notamment les kurdes qui refusent de se soumettre à la politique néo-fasciste du gouvernement.

Manœuvre insultant du gouvernement sur la langue kurde

Au moment où la répression prend de l’ampleur sans précédent depuis la création de la République turque, le gouvernement AKP tente encore une fois de tromper les kurdes avec des « mesures artificielles » qui ne résolvent aucun problème.

Le gouvernement Recep Tayyip Erdogan qui a déjà perdu toute crédibilité annonce que le kurde pourra être choisi comme matière optionnelle à l’école publique, au même titre que les langues étrangères : anglais, allemand ou français, à partir de 5eme année, alors que cette mesure n’a jamais été parmi les revendications du peuple kurde dont la population est estimée à plus de 20 millions en Turquie.

« La langue maternelle d’un peuple ne pourra jamais être proposée en cours d’optionnel dans les écoles », a dénoncé Selahattin Demirtas, le co-président du principal parti kurde BDP. « La langue kurde devrait être optionnelle pour les turcs à l’ouest de la Turquie afin de mettre fin à la politique d’assimilation forcée » qui dure depuis la création de l’État turc, a-t-il dit.

« Mais si vous voulez satisfaire les revendications du peuple kurde, sa langue maternelle doit être enseignée dès l’école maternelle jusqu’à l’université », au même titre que la langue turque, a-t-il ajouté, affirmant que les kurdes ne sont pas des étrangers.

Il s’agit d’un nouveau manœuvre du gouvernement pour manipuler l’opinion publique, tout en continuant la politique de turquificassion et renforçant la répression sauvage qui a transformé le pays en une prison à ciel ouvert.

Plus de 330 personnes arrêtées en 15 jours

Au moins 333 personnes ont été arrêtées au cours de la première moitié du mois de juin par la police du régime répressif pour des motifs politiques, selon un bilan de l’ActuKurde. Près de la totalité de ces personnes sont kurdes. Six maires kurdes de la province de Van et les responsables locaux du parti kurde BDP ont été arrêtés le 7 juin et dix d’entre eux dont trois maires ont été envoyés en prison.

35 maires en prison

Selon le BDP, plus de 190 élus kurdes dont 35 maires sur 98 et six députés sur 35 sont déjà en prison, ce qui fait la Turquie la plus grande prison du monde pour les élus, tout comme pour les journalistes, les étudiants, les avocats, mais aussi pour les enfants, les femmes activistes et les défenseurs des droits humains. Dans certaines villes comme Sirnak, il ne reste presque plus d’élus !

122 autres étudiants arrêtés

Parmi les personnes arrêtées entre le 1er et 15 juin figurent également 122 étudiants, contre 127 au cours du mois de mai, 116 en avril et 100 en mars, toujours selon le bilan de l’ActuKurde. Près de la moitié des étudiants arrêtés ont été placés en détention.

En outre, les étudiants continuent à faire l’objet de lourdes condamnations. Treize étudiants de l’université de Selcuk de Konya ont été condamnés le 13 juin à une peine totale de 92 ans de prison par un tribunal d’Adana pour propagande du PKK. 29 autres étudiants avaient été condamnés à une peine totale de 346 ans de prisons dans le seul mois d’avril.

240 ans de prison pour sept enfants

Comme les étudiants, les enfants kurdes sont aussi la cible du régime. Le parquet de Mersin a réclamé le 14 juin une peine totale de 240 ans contre sept enfants kurdes, arrêtés début mai, sous l’accusation d’« appartenance à une organisation illégale (PKK) » et de « propagande » en faveur de cette organisation. L’accusation du parquet s’est appuyée uniquement sur les témoignages secrets, les images des caméras de surveillance, les partages sur Facebook et la participation à une manifestation du 1er mai.

Le 16 mai, le parquet de Mersin avait demandé 40 ans de prison contre un autre adolescent kurde, âgé de 17 ans, sous le coup de huit chefs d’accusation pour avoir participé à des manifestations « illégales ». Parmi les « preuves » figurait le partage d’une chanson kurde sur Facebook.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), les prisons turques comptaient 2.309 enfants à la fin de l’année 2011. 90,94 % des ces enfants sont des détenus préventifs, soit 2.100 enfants, avait dénoncé l’association dans son rapport 2011 intitulé « l’institutionnalisation de l’État policier »

C) Turquie : Totalitarisme policier contre un kurde parlant kurde à son frère dans une voiture (15 juin 2012)

Des policiers turcs ont attaqué un kurde en plein rue devant les yeux de sa femme et de son enfant pour avoir parlé sa langue maternelle. Cinq policiers ont été suspendus de leurs fonctions, après la diffusion des images filmées avec un téléphone portable.

Le 19 juin à 2h30, un conducteur kurde a été arrêté dans le quartier de Fatih à Istanbul par des policiers alors qu’il conduisait une femme enceinte à l’hôpital. « Les policiers m’ont fait un signe. Je leur ai dit que je dois emmener la femme à l’hôpital. Un policier m’a répondu : ‘Je m’en fous’ » a raconté Ahmet Koca sur la chaine CNNTürk.

« Lorsque j’ai appelé mon frère et je lui ai parlé en kurde, ils m’ont dit ; ‘tu es terroriste’ avant de m’attaquer » a-t-il poursuivi. « Puis, quatre ou cinq autres voitures de police sont arrivées. Tous les policiers m’ont attaqué. Ensuite, j’ai été embarqué les mains menottées dans une voiture et emmené dans un endroit désert à Yenikapi, pas au commissariat. Ils m’ont frappé dans la voiture (…) puis emmené à l’Hôpital de Haseki. »

Blessé à une main, à la poitrine et aux jambes, il ajoute : « J’ai honte de vivre dans cet État. »

Sur les images, on voit que les policiers frappent cet homme à coups de pied et de ceinture jusqu’à l’évanouissement. Les témoins ont affirmé que les policiers ont également menacé les commerçants qui voulaient aider à ce kurde pour se relever.

L’impunité des policiers règne

Après la diffusion de ces images, une enquête a été ouverte par le ministère de l’Intérieur et cinq policiers ont été suspendus. Ces enquêtes contre les policiers considérées comme étant de la poudre aux yeux se soldent souvent par la condamnation des victimes. Une impunité totale des fonctionnaires règne dans ce pays où des milliers de personnes sont victimes de la violence policière chaque année.

Au moins quatre personnes ont perdu la vie par des gaz lacrymogènes depuis 2011 et aucune sanctionne n’a été prononcée contre les auteurs. Les femmes, les enfants et tous les manifestants qui revendiquent pacifiquement leurs droits dans les rues font l’objet de violences policières.

D) Turquie : Révolte dans les prisons après le massacre de 13 détenus (19 juin 2012)

Plusieurs incendies ont été déclenchés dans les prisons turques surpeuplées, après la mort de treize prisonniers kurdes dans la prison de Urfa suite à une protestation contre les conditions d’incarcération inhumaines.

Le 16 juin, les corps carbonisés de treize prisonniers ont été retrouvés dans la prison de Urfa, tandis que cinq autres ont été grièvement blessés après un incendie déclenché par des prisonniers pour protester contre les conditions insupportables de détention. Cette prison compte 1050 prisonniers, soit près de quatre fois sa capacité.

L’incendie s’est déclaré pendant une bagarre entre prisonniers, selon le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Mais les députés de l’opposition qui ont visité la prison ont démenti cette version officielle affirmant qu’il s’agissait d’une protestation contre les mauvaises conditions.

Retard d’intervention

L’incendie a été déclenchée quand les prisonniers ont mis le feu à des couvertures et des lits dans un pavillon où se trouvaient 18 détenus, alors que sa capacité d’accueil est de 6 personnes. Des slogans tels que « l’État assassin » ont été entendus dans la prison après la mort de 13 détenus à cause d’un retard d’intervention.

Un second incendie s’est déclaré le 18 juin dans la même prison, cette fois dans le pavillon des enfants. 14 personnes ont été blessées dont une grièvement, a dit Mehmet Seker, le député du parti d’opposition CHP, à la sortie de la prison. Dénonçant les conditions d’incarcération de cette prison, il a affirmé que les détenus dorment tour à tour dans des pavillons par manque de place.

Le principal parti kurde BDP avait averti le gouvernement sur la situation insupportable de cette prison, en janvier dernier, affirmant : « Les mesures nécessaires doivent être prises avant le déclenchement d’une mutinerie. »

La mutinerie se propage

Le même jour, d’autres incendies se sont déclarés dans les prisons de type E d’Adana et d’Antep, ainsi que celle de type T d’Osmaniye, suite aux protestations contre les mauvaises conditions. Au moins 31 personnes dont 16 à Osmaniye, 10 à Adana et 5 à Antep ont été blessées.

Pour les organisations kurdes, un massacre a été commis dans la prison d’Urfa et les responsables sont le ministre de la Justice et l’administration de cette prison.

Les détenus exilés

Au lieu de prendre des mesures pour améliorer la situation et sanctionner les responsables de ces conditions inhumaines, les autorités ont exilé mardi 19 juin 127 détenus vers d’autre prisons dont 42 à Izmir, située à plus de 1300 km d’Urfa.

Le président de l’Association des droits de l’homme (IHD), Öztürk Türkdogan, a affirmé que rien n’est changé dans cette prison depuis deux ans, rappelant qu’un détenu politique s’était immolé par le feu en septembre 2010 après avoir été transféré dans le quartier des détenus de droit commun, ce qui avait provoqué une mutinerie dans l’établissement et un incendie sans faire de victimes.

L’État commet des crimes

Le responsable local de l’IHD, Cemal Babaoglu, a de son coté dénoncé l’atrocité : « La situation est révoltante. Même un animal ne peut vivre dans cette prison, il mourra. »

Pour lui, les autorités turques réagissent avec « haine » et « hostilité » et « commettent des crimes ». « L’État commet des crimes. Il doit apprendre à respecter les droits humains. Nous ne sommes pas sous l’empire ottoman. Si la Turquie est censée d’être un pays de droits, elle doit respecter ses engagements. »

Selon le rapport annuel de l’IHD, le nombre de détenus s’était élevé à 130.617 en février 2012, contre 128.604 en 2011, dont 2.309 enfants. 90,94 % des ces derniers sont des détenus préventifs, soit 2.100 enfants. Le nombre de détenus était un peu moins de 60.000 en 2002, année de l’arrivée au pouvoir de l’AKP, parti du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

L’arrestation est devenue tellement facile qu’il ne passe pas un jour sans arrestations massives visant les opposants, notamment les kurdes, pour des motifs hallucinants.

Au moins 12.685 personnes ont été placées en garde à vue pour des motifs politiques et 2.922 d’entre elles ont été emprisonnées au cours de la même période, contre 7.100 arrestations et 1.599 emprisonnements en 2010 et 7.718 arrestations et 1.928 emprisonnements en 2009.


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