Sarkozy battu, l’UMP éliminée, reste la cinquième !

mardi 26 juin 2012.
 

Une longue séquence électorale s’achève. Il faudra laisser retomber la poussière avant de pouvoir discerner avec précision le paysage qui en surgit. Un peu de recul ne sera pas de trop. Et un peu de repos pour les acteurs engagés que nous avons été ! On peut néanmoins commencer à repérer le paradoxe qui a dominé ce scrutin.

D’un côté s’est exprimée une forte attente de changement. Elle permet la défaite de Sarkozy et de l’UMP. Elle se retrouve aussi bien dans la majorité absolue du PS et de ses alliés aux législatives que dans les quatre millions de voix du Front de Gauche à la présidentielle. Elle a donc porté à la fois l’aspiration à l’alternance et l’aspiration à l’alternative. La gauche victorieuse se réorganise autour de deux pôles : majorité autour de Hollande d’un côté, Front de Gauche pour la Sixième République de l’autre. A droite aussi la scène s’est simplifiée sur ces mêmes bases et se résume désormais au binôme UMP FN. Au conflit gauche droite qui a été effectif comme le montrent les bons reports de voix au sein des deux camps s’ajoute donc la course de vitesse entre l’alternative de gauche et l’alternative d’extrême-droite.

De l’autre côté le cadre institutionnel de la Cinquième République imprime sa continuité. La nouvelle majorité est aussi présidentielle que l’était la précédente. Le débat public s’est largement appauvri et réduit au choix d’une personne puis à l’élection de ceux qui s’en réclamaient. Un grand nombre des électeurs qui ont voté pour « donner une majorité à François Hollande » ne savent sans doute pas dire ce qu’il compte en faire. Le nouveau président aura d’autant plus les « mains libres ». La logique de la Cinquième est portée à son comble. A cette étape cela permet au nouveau pouvoir une prise de distance par rapport à la gauche. On en voit la manifestation dans les déclarations du président de la République puis de la porte-parole du gouvernement sur les élections en Grèce. François Hollande a d’abord appelé à voter pour les partis soutiens de l’austérité. Puis Vallaud-Belkacem s’est réjouie de la victoire que la droite y a obtenue d’une courte tête. Ces propos n’expriment sans doute pas une hostilité particulière à l’encontre du peuple grec. Ils signifient donc que le gouvernement serait prêt à appliquer une politique de rigueur comprenant une baisse massive des salaires au peuple français si notre pays était pris pour cible par la finance. C’est pourtant pour rompre avec cette politique que la nouvelle majorité a été élue. Mais les institutions et les rapports de force actuels lui permettraient de le faire sans nouvelle consultation populaire.

Le nouveau cycle s’ouvre donc sur une contradiction qui en sera le moteur. Une attente forte de changement s’exprime dans un jeu politique verrouillé. Aspiration croissante à se mêler de ses affaires d’un côté, cinquième République infantilisante de l’autre. Défiance accrue vis-à-vis des partis dominants, domination accrue de ceux-ci à l’Assemblée. Attente d’un nouveau partage des richesses, politiques de rigueur imposées en Europe qui frappent à nouveau les travailleurs. On ne sait comment cette contradiction se dénouera. Mais une chose est sure. Elle ne peut se résoudre qu’en remettant en cause le système de la Cinquième République. C’est pourquoi le combat que nous avons mené lors de la présidentielle pour une révolution citoyenne débouchant sur une Sixième république est plus que jamais d’actualité.


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