Mexique : Plus de fraude et de meurtres que de démocratie !

dimanche 15 juillet 2012.
 

Le candidat de droite, Enrique Pena, a été déclaré vainqueur au détriment du progressiste Andres Manuel Lopez Obrador. La gauche va-t-elle se voir voler la victoire comme en 2006 ?

2 juillet 2006 Situation sociale et politique tendue au Mexique : la gauche dénonce la fraude (véritable coup d’Etat électoral) et proclame son président de la République

5) Mexique - la démocratie ne s’achète pas !

Texte du Parti de Gauche

Ce samedi 07 juillet, une semaine à peine après les élections générales au Mexique, pour lesquelles les Mexicains devaient élire leur President, ainsi que leurs députés et sénateurs, des dizaines de milliers de mexicains ont marché pacifiquement jusqu’au Zocalo (Place principale de la capitale) pour dénoncer une campagne électorale plus que douteuse.

La plupart des participants à cette marche étaient étudiants mais toutes les générations étaient représentées. Ils sont venus contester l’élection de Enrique Peña Nieto avec 38,5% des votes, candidat du PRI (Parti de la Révolution Institutionnelle). Une élection qu’ils considèrent à juste titre comme largement tronquée, même si le dépouillement des scrutins fut plutôt régulier grâce a la pression du mouvement soy132 et de la coalition PRD-PT sur l’Institut Federal electoral (IFE). Le message sur les panneaux écrits en plusieurs langues dont le francais étaient sans équivoque « ¡Fuera Peña Nieto ! » (Dehors Peña Nieto !).

Mais il s’agissait également de s’opposer aux politiques néo-libérales qui ont prévalu jusque-là au Mexique, creusant toujours plus les inégalités entre une minorité oligarchique et le reste de la population.

Le retour du PRI au pouvoir - alors qu’il le fut pendant 71 ans - n’est pas l’expression du libre choix de la majorité. Il est le résultat d’une longue campagne orchestrée par les deux principales chaines de télévision privées Televisa et Azteca qui ont littéralement fabriqué le candidat du PRI comme un produit médiatique dont la victoire était annoncée par avance. De nombreuses irrégularités ont aussi été dénoncées avant le scrutin notamment le dépassement par le PRI des dépenses de campagne en ayant recours à des financements privés ou à des détournements de fonds publiques. La coalition de gauche ainsi que le parti au pouvoir PAN, ont mis en évidence l’achat massif de votes dans les couches populaires de l’électorat selon des méthodes plus ou moins sophistiquées : distribution de denrées alimentaires ou de matériaux de construction, distribution de porte-monnaie électroniques d’une grande chaine de supermarchés etc. Le nombre de votes ainsi achetés s’élèverait à 5 millions, ce qui justifie un recours en annulation devant les autorités électorales.

Le candidat de la gauche,André Lopez Obrador(AMLO), a d’ailleurs annoncé qu’il utiliserait toutes les voies légales pour obtenir l’annulation de l’élection présidentielle. Le PRI est réapparu sous son vrai visage, celui d’un parti autoritaire et corrompu, désormais converti au néolibéralisme..

La volonté de changement exprimée par des millions de mexicains durement touchés par les politiques néolibérales mises en œuvre depuis plus de 20 ans par le PRI et le PAN a pris lors de ce scrutin une tournure nouvelle avec la creation du mouvement « Soy132 » (je suis 132 personnes). Ce mouvement doit son nom au nombre d’étudiants d’universités publiques et privées qui le composaient à sa création en mai dernier, et qui participaient a cette marche. "Soy 132", inspiré par les mouvements étudiants chiliens et québécois ainsi que des indignés, a pour double objectif de stopper la marchandisation de l’éducation et de prôner la démocratisation des médias. Ce mouvement (AMLO) a soutenu Andres Manuel Lopez Obrador tout au long de la campagne en appelant à battre le candidat du PRI. Ils exprimaient ainsi leur rejet catégorique du probable président Enrique Pena Nieto et rappellent à qui veut l’entendre que selon le système électoral mexicain, les résultats doivent encore être validés par le Tribunal Fédérale Électorale en septembre prochain.

Le Parti de Gauche appuie la coalition de gauche PRD-PT- mouvement citoyen et exprime sa solidarite avec le mouvement " soy132" qui oeuvre légitimement auprès de l’Institut fédérale électoral (IFE) pour que toute la lumière soit faite sur les méthodes plus que douteuses employées par le PRI pendant la campagne. Les mexicains revendiquent leur droit à une démocratie digne de ce nom qui ne soit pas, pour une fois, viciée par la fraude, la corruption et le clientélisme.

Mercredi 11 Juillet 2012 Guillaume Beaulande

4) Mexique : « La fraude et la violence mettent en cause la légitimité de ce scrutin »

Entretien avec Beatriz Stolowicz, chercheuse en sciences sociales et politiques à l’université autonome métropolitaine de Mexico.

Quels enseignements tirez-vous des résultats préliminaires du scrutin  ?

Beatriz Stolowicz. Il convient d’insister sur le fait que cette élection a été marquée par la fraude et une violence dans certains États imputable au Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Il y a eu des enlèvements et des assassinats de représentants de la gauche. Dans certains bureaux de vote, des militants de Pena Nieto ont volé des urnes. Les paquets électoraux de chaque district (circonscription) seront ouverts mercredi. Il conviendra alors de croiser les résultats avec ceux des partis. Mais dans certains districts, les élections devraient être annulées, notamment dans les zones rurales où les fraudes ont été encore plus franches.

Est-ce à dire qu’une nouvelle crise politique 
se profile après celle de 2006 où la gauche 
s’est fait voler l’élection présidentielle  ?

Beatriz Stolowicz. La société civile, et surtout le mouvement de jeunes et d’étudiants, # Yo Soy 132, sont en train d’inventorier les délits électoraux. On ne peut anticiper les événements mais nombre d’organisations sociales ont déclaré qu’elles se battront contre ces délits. Tout dépendra du processus d’évaluation des votes. Mais il existe une mobilisation sociale pacifique plus importante que celle de 2006.

Que signifie, dans ces conditions, le retour plus 
que probable du PRI aux affaires du pays  ?

Beatriz Stolowicz. J’insiste sur la légalité des résultats. Pena Nieto arrive au pouvoir grâce à l’achat de votes, en exploitant l’immense misère du pays et au terme d’une campagne d’intimidation à l’encontre de la population la plus vulnérable. Il a déclaré qu’il continuera à privatiser Pemex, l’entreprise pétrolière. Il a annoncé que son conseiller en matière de sécurité sera le général colombien Oscar Naranjo, un personnage qui a appuyé la politique du paramilitarisme en Colombie sous couvert de combat contre le narcotrafic. Nous risquons de connaître une prochaine période marquée par davantage de répression, d’exploitation. C’est la grande angoisse des jeunes. Ils sont convaincus que le PRI fermera les perspectives à une génération entière de Mexicains.

Entretien réalisé par C. Ce.

3) Mexique : La fraude, vraie gagnante de l’élection présidentielle

Une fois n’est pas coutume, l’écrivain anticommuniste péruvien Mario Vargas Llosa avait vu juste en déclarant, en 1990, que «  le Mexique était une parfaite dictature  », en référence à l’emprise absolue du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI – droite libérale) sur les institutions du pays. Le prix Nobel de littérature s’est depuis ravisé. «  Je crois que je me suis trompé parce que la dictature n’était pas si parfaite. La preuve, la dictature s’est transformée en démocratie encore imparfaite  », a-t-il rectifié il y a un an. Imparfaite  ? Vargas Llosa ne croit pas si bien dire. L’élection présidentielle du 1er juillet a, une nouvelle fois, donné la mesure des graves désordres qui règnent au sein de la douzième puissance mondiale.

Au terme d’une campagne électorale marquée par la violence et la corruption, notamment dans les États dirigés par le PRI, le candidat de cette formation, Enrique Pena Nieto, a été déclaré vainqueur de la présidentielle. Avec 37,6 % des voix, l’ancien gouverneur de l’État du Mexique devancerait, Andres Manuel Lopez Obrador, «  Amlo  », l’ex-maire de Mexico et candidat du Mouvement progressiste (coalition de gauche), qui réunirait 32,1 %. L’annonce de cette victoire PRI s’est formalisée sur la base d’un comptage rapide de 19 % des bulletins scrutés par le controversé Institut fédéral électoral (IFE).

Possible accord entre les deux formations de droite

Dès 20 heures, le duopole télévisuel, accusé – à juste tire – par le mouvement citoyen #Yo soy 132 de rouler pour Enrique Pena Nieto, a martelé un prétendu succès sans appel du PRI. Les autres candidats, Josefina Vazquez Mota, du Parti d’action nationale (PAN – droite conservatrice), et Gabriel Quadri, de l’Alliance nationale (AN – libéral), avec respectivement 25,4 % et 2,5 %, ont reconnu leur défaite. Mais c’est surtout la précipitation de l’annonce officielle de l’IFE qui a jeté le trouble. Pour rappel  : en 1988, le système informatique de cette institution décriée était «  tombé en panne  », privant le candidat de gauche de l’époque, Cuauhtémoc Cardenas, d’une victoire assurée. Plus récemment, en 2006, Felipe Calderon, du PAN, a été élu président au détriment d’Amlo, au terme d’une grave crise politique, en raison d’un écart serré de 0,56 %. Le chef de l’État s’est empressé de féliciter son successeur, la déroute de sa formation étant sans appel au terme d’un mandat catastrophique de six ans marqué par les 60 000 morts de la guerre frontale contre le narcotrafic. Néanmoins, cet empressement a renforcé les suspicions autour d’un possible accord entre les deux formations pour se relayer au pouvoir, évinçant ainsi la gauche, mais également celles des critiques de la communauté internationale, lassée hier encore de l’hégémonie du PRI.

« Le dernier mot n’a pas été dit  », a déclaré sobrement Andres Manuel Lopez Obrador. Le candidat de la gauche a précisé qu’il attendrait les résultats définitifs pour les croiser avec ceux de sa formation avant de se prononcer officiellement, demain. Le mouvement citoyen # Yo soy 132, qui dimanche soir, compilait les nombreuses irrégularités sur la place du Monument-de-la-Révolution, organisait, hier une marche dans le centre de Mexico. «  Indépendamment du résultat final, nous continuerons de nous battre contre la manipulation médiatique, le néolibéralisme, et en faveur de la pluralité, explique Miguel. Notre mouvement n’a pas de date de péremption.  »

La gauche l’emporte haut la main à Mexico

Dans le district fédéral de Mexico, la gauche conservera la mairie qu’elle détient depuis 1997, grâce à la très large victoire de son candidat, l’ancien procureur Miguel Angel Mancera, 
qui obtient près de 60 % des voix. Le PRD (Parti de la révolution démocratique) y est allié 
au PT (Parti du travail) et au Mouvement des citoyens (MC). Le PAN (Parti action nationale), traditionnellement en seconde position, s’est effondré en obtenant son plus bas score depuis la première élection de 1997 (15 %) et se voit même dépassé par le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), qui a totalisé environ 21 % des voix. Selon d’autres enquêtes de sortie des urnes, la gauche arriverait en tête dans deux des six postes de gouverneurs qui étaient en jeu, ceux de Tabasco et de Morelos, le PRI en gagne trois, en particulier le Chiapas, le Yucatan et l’État de Jalisco, dont la capitale est Guadalajara, la deuxième ville du Mexique. Le PAN de son côté est vainqueur dans l’important centre minier 
de Guanajuato, au nord-est de Mexico.

Cathy Ceïbe, L’Humanité

2) « Le Mexique vit dans une démocratie limitée »

Helena Varela, politologue à l’université ibéro-américaine de Mexico, évoque les enjeux des élections de juillet 2012 et la situation dégradée de son pays sur fond de corruption et de violences.

Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI – droite) mexicain pourrait remporter l’élection présidentielle, selon les sondages. Quel crédit lui accorder  ?

Helena Varela La corruption et l’impunité sont les pires défauts de notre régime politique. Quant aux enquêtes d’opinion, elles sont une arme de la campagne électorale, et les médias en ont usé et abusé. Les sondages s’accordent sur la victoire d’Enrique Pena Nieto, du PRI. Mais leur méthodologie et leur divulgation sont peu crédibles et ne reflètent pas la réalité. Un exemple  : le mouvement estudiantin #Yo soy 132 contribuera à rapprocher les deux premiers candidats. Car l’avantage de Pena Nieto sur Andres Manuel Lopez Obrador, «  Amlo  », du Mouvement de la régénération nationale (coalition de gauche), se basait sur une forte abstention. Dans la mesure où les jeunes iront voter, les résultats s’en ressentiront. Quoi qu’il en soit, grâce à ce mouvement, nous sommes passés d’une campagne ennuyeuse où la citoyenneté était réduite à faire un chèque en blanc à une prise de conscience de la valeur du vote.

Pourquoi le PRI, pourtant 
si décrié, pourrait-il revenir 
aux affaires du pays  ?

Helena Varela. Le PRI représente soixante et onze ans d’autoritarisme, et d’hégémonie d’un seul parti. En 2000, ce cycle se rompt grâce à de nouveaux règlements de loi électorale. Mais, à mes yeux, nous ne vivons pas dans une pleine démocratie. Enrique Pena Nieto a été gouverneur de l’État de Mexico, l’un des plus peuplés de la république. Deux autres facteurs encore  : le candidat du PRI bénéficie de l’appui des médias, et de l’influence de ses gouverneurs à l’échelle des États. De son côté, le Parti d’action nationale (PAN – droite conservatrice) est très discrédité après douze années de présidence, notamment en raison de la violence qui a fait 60 000 morts. Cela a généré une fracture de la cohésion sociale. Concernant, le PRD (Parti de la révolution démocratique, gauche), son problème persistant reste ses conflits internes même si son candidat, Amlo, a créé une certaine cohésion autour de lui. Jouit-il toujours de l’appui de la précédente présidentielle de 2006  ? C’est la question pour la gauche.

Quel scénario post-électoral peut-on prévoir  ?

Helena Varela. Si le PRI remporte l’élection d’une courte majorité, il y aura des manifestations. Le mouvement estudiantin #Yo soy 132 restera très actif car il a pris la bannière de l’anti-Pena Nieto. Je suis davantage préoccupée par la future composition de la Chambre des députés. Si Pena Nieto est élu président, avec une majorité de parlementaires, nous courrons le risque de vivre un mandat de régression autoritaire et de violations des droits de l’homme. La grande variable sera la pression exercée par la société et les jeunes.

Entretien réalisé par Cathy CeÏbe

1) Mexique, Élections 2012 : le peuple veut le changement

Le 1er juillet se tiendront des élections présidentielles et législatives au Mexique. À cette occasion le peuple mexicain devra élire un nouveau président, de même que 120 sénateurs et 500 députés. Au total quatre candidats se disputent la présidence.

Il s’agit de Enrique Peña Nieto, représentant « Engagement pour le Mexique » qui regroupe le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et le Parti vert, Andrés Manuel López Obrador (AMLO) du Mouvement progressiste constitué de l’alliance du Parti de la révolution démocratique (PRD), du Parti du travail (PT) et du Mouvement des citoyens (MC), Josefina Vásquez Mota, du Parti action nationale (PAN), actuel Parti à la présidence, et Gabriel Quadri de la Torre, de Nouvelle alliance.

Dans ces élections, l’élite politique et économique tente de donner vie à son système de bipartisme en présentant comme un fait établi que son candidat vedette Enrique Peña Nieto, du PRI, sera le prochain président du Mexique. Rappelons que le PRI a gouverné seul ce pays pour le compte de l’oligarchie mexicaine pendant 71 ans. Il y a douze ans ce parti a dû abandonner le pouvoir au PAN, résultat des pressions des impérialistes étasuniens qui ont déclaré que la « démocratisation » du système politique mexicain était dorénavant incontournable. Le peuple mexicain l’a chassé du pouvoir en 2000, en raison de son accointance avec les impérialistes étasuniens visant entre autres l’intégration économique et politique avec ces derniers, sa répression brutale du mouvement ouvrier, paysan, social et étudiant pendant des décennies, pour avoir privatisé une grande partie de l’économie et paupérisé les travailleurs. C’est à ce moment là que la bourgeoisie a manoeuvré pour faire élire Vicente Fox du PAN, le présentant comme le changement et la garantie d’un non retour à l’autoritarisme du PRI. En fait ce que cherchaient à créer les impérialistes était l’établissement d’un système de bipartisme qui leur permettrait de favoriser le diktat les monopoles en utilisant une monnaie à deux faces style américain.

C’est ainsi que le PAN, parti ultra conservateur, dont le fondateur était un fervent défenseur des thèses fascistes dans les années trente, a accédé au pouvoir en 2000 et s’y est maintenu par force de répression, de corruption et de fraude pour les douze dernières années. Mais après douze années de poursuite des mêmes politiques que le PRI, au cours desquelles le PAN a réalisé l’agenda des impérialistes étasuniens favorisant les grands monopoles, accentuant la privatisation et la libéralisation du commerce, comme avec l’Alliance pour la sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord, après avoir créé un climat de violence, de peur et de répression avec sa guerre contre les narcotrafiquants, causant ainsi des dizaines de milliers de morts et d’assassinats dans tout le pays, son discrédit est tellement grand parmi le peuple mexicain que la bourgeoisie a décidé que le moment était venu d’effectuer un retour au pouvoir du PRI, présentant maintenant ce dernier comme le représentant du renouveau.

Pour les travailleurs, paysans, étudiants et toutes les sections du peuple mexicain, ces élections sont l’occasion de franchir une étape importante dans la lutte pour créer un changement qui ouvre la porte à l’établissement d’une société humaine. Le désir est donc très grand de ne pas permettre l’établissement d’un système de bipartisme en empêchant la prise du pouvoir par le PRI ou le PAN. Dans ce sens des millions de travailleurs, paysans, femmes et étudiants se sont joints à AMLO pour créer le Mouvement régénération national (MORENA). Ce mouvement présente un nouveau projet d’édification nationale reposant sur la souveraineté citoyenne, économique, énergétique et alimentaire. Un projet qui vise à mettre fin à la domination étrangère sur l’économie et la politique du pays et au vol des ressources énergétiques et qui rejette la collaboration militaire avec les impérialistes étasuniens. C’est ce mouvement, avec AMLO à sa tête, qui a été choisi par les partis de gauche pour être le candidat progressiste à la présidence du pays dans ces élections.

En 2006, lors des dernières élections, AMLO, qui en pratique avait gagné l’élection à la présidence, fut empêché d’accéder au pouvoir en raison d’une fraude orchestrée par l’élite économique et politique de la bourgeoisie qui donna le pouvoir à Filipe Calderon du PAN. Suite à cela, AMLO a, pendant les six dernières années, parcouru toute la République mexicaine en visitant chacune des municipalités sans exception et s’attelant à y construire les bases du mouvement MORENA. Durant ces six années le candidat présidentiel López Obrador a défendu vigoureusement la souveraineté énergétique, s’est opposé vigoureusement à la privatisation de l’entreprise d’État pétrolière Pemex et à celle de la compagnie d’électricité fédéral, appuyant ainsi la production nationale de gazoline, des produits raffinés et encourageant la souveraineté alimentaire, d’un pays qui est passé d’exportateur dans le secteur agricole à importateur net de grains et de divers autres aliments. L’aspect le plus important est qu’AMLO a rejeté toute coopération militaire avec les États-Unis dans un moment où les interventions militaires étasuniennes atteignent des proportions alarmantes. C’est ainsi que malgré une persistante campagne de dénigrement contre AMLO, ce dernier participe à ces élections avec un impressionnant appui de plusieurs millions de Mexicains à travers tout le pays et a maintenant la possibilité de remporter les élections du 1er juillet.

En dépit de cela, l’oligarchie suit une tactique qui consiste à utiliser des sondages biaisés pour affirmer que le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, est très en avance dans les préférences et qu’il faudrait un miracle pour qu’il ne soit pas élu, et cela tout en plaçant AMLO toujours en troisième place derrière la candidate du PAN. À ce stade de la campagne électorale, il apparaît très clairement que les deux grands finalistes sont AMLO et Peña Nieto malgré la complète iniquité dans le financement de l’Institut fédéral électoral qui a accordé beaucoup plus de ressources au Mouvement progressiste du PRI qu’à l’alliance du Parti de la révolution démocratique (PRD), du Parti du travail (PT) et du Mouvement citoyen (MC) que représente Lopez Obrador. Ainsi, des 44 millions de spots publicitaires officiels, la grande majorité ont été attribués au PRI et au PAN et cela est sans compter les analystes et annonceurs de nouvelles télévisées qui font activement campagne en faveur de Peña Nieto contre Lopez Obrador.

Malgré tout cela, Andrés Manuel López Obrador est tellement fort que depuis le début du mois de juin la bourgeoisie et ses alliés sont pris de panique à l’idée de perdre le pouvoir et ont commencé une intense guerre sale de dénigrement contre lui. Voyant que cela ne fonctionne pas, ils ont même fait entrer en scène l’ancien président Vicente Fox du PAN, pour qu’il appelle à voter pour le candidat du PRI ! Cela ne suffisant pas, alors le président actuel, Filipe Calderon du PAN, a enfreint la traditionnelle neutralité du président en fonction en période électorale et a fait deux sorties pour appeler à tout faire pour ne pas permettre que gagne López Obrador du mouvement progressiste.

Le 11 mai dernier marque un moment très important dans la présente campagne électorale avec l’entrée en scène de la jeunesse mexicaine dans la campagne électorale. En effet cette journée là le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, s’est vu fortement répudié par les étudiants de l’université Iberoaméricaine venus manifester contre les actes de répression criminelle du candidat du PRI envers la population de la ville de Atenco en 2006. Lors de cette répression, la police envoyée par Peña Nieto, alors gouverneur de l’État de Mexico, a assassiné deux jeunes, violé 26 femmes et emprisonné des centaines de personnes qui s’opposaient à la destruction de leur ville pour la construction d’un aéroport. À partir de ce jour de la campagne électorale, la jeunesse mexicaine est entrée en action formant son mouvement appelé Yo Soy 132 (je suis le 132)[1]. Dans une assemblée à laquelle ont participé des étudiants de 54 universités publiques et privées, ces derniers ont adopté des résolutions exigeant entre autres choses des procès politiques contre le président actuel, Filipe Calderón, contre Enrique Peña Nieto et contre la très corrompue leader du syndicat national de l’éducation, Elbe Esther Gordillo fondatrice du Parti Nouvelle Alliance.

Au cours des récentes semaines, la jeunesse a joué un rôle très positif à travers tout le pays en exigeant l’équité dans les médias de communication et opposant avec beaucoup d’énergie la désinformation de Televisa, principale chaîne mexicaine de télévision privée. Rejetant avec force le parti pris ouvert de Televisa pour le candidat du PRI, Peña Nieto, les jeunes ont organisé des marches dans plusieurs villes du pays et un débat indépendant des candidats, réunissant des centaines de milliers de jeunes. De plus ils se sont inscrits par milliers comme observateurs électoraux afin de contribuer à démasquer les fraudes que tous savent être déjà planifiées par les partis des riches.

Fort de l’expérience de 2006, les forces progressistes, aidées de la jeunesse, mettent à jour très rapidement les activités frauduleuses des partis de la bourgeoisie pour acheter les votes ou manipuler les listes électorales dans toutes les circonscriptions du Mexique. Ainsi alors qu’il ne reste que quelques jours avant le vote, une plainte a été déposée au bureau du procureur général de la République contre le candidat du PRI, Peña Nieto, pour utilisation illégale de fonds provenant de l’étranger dans sa campagne électorale. Le stratagème voudrait que son organisation ait déposé une somme de 54 millions de dollars dans une banque américaine et que les organisateurs de ce parti aient à leur disposition des cartes de crédits leur permettant de sortir l’argent nécessaire pour acheter les votes par milliers. Or, le chat est sorti du sac lorsqu’un propriétaire d’une entreprise de communication américaine est venu réclamer les millions promis par le PRI dans un contrat signé avec lui valant justement 54 millions de dollars. Dans le même temps plusieurs membres de la mafia, des narcotrafiquants et fraudeurs économiques amis proches du candidat du PRI, se retrouvent en ce moment devant la justice.

D’autre part apparaissent des indications très claires que de nouveau se prépare une fraude électorale. En effet, dans diverses régions du pays sont apparus des bulletins d’inscription en double dans les listes de l’Institut fédéral électoral (IFE), de sorte à faire croître la quantité d’électeurs de la campagne de sept fois celle des villes, alors que la migration de la population de la campagne vers les villes est exactement à l’inverse. Cela est sans compter l’achat éhonté des votes et la propagande mensongère et calomnieuse que ne freine pas l’IFE. D’ailleurs, ce dernier ne fait que jurer à qui mieux-mieux qu’il n’y aura pas de fraude cette fois-ci, s’entêtant à exiger des candidats l’acceptation, sans condition ni appel, des résultats tels que déterminés par l’IFE le jour des élections.

Malgré tout cela, le peuple mexicain et sa jeunesse en particulier ne se laisse pas décourager et accentue ses actions à travers le pays afin d’assurer la victoire des forces progressistes. De plus le mouvement de la jeunesse « Yo Soy 132 » a pris l’engagement que peu importe les résultats du 1er juillet, elle allait poursuivre son action politique intense pour que se réalisent les changements démocratiques à la faveur de tout le peuple mexicain.

Notons que pour cette élection du 1er juillet plus de 3 500 000 jeunes entre 18 et 19 ans voteront pour la première fois à une élection présidentielle. Plus de la moitié des citoyens ayant droit de vote le 1er juillet ont entre 18 et 39 ans, représentant plus de 43 millions de personnes sur un total de 79 500 000 d’électeurs inscrits, soit 55 % de la population votante.

Source :

http://www.pressegauche.org/spip.ph...


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