Les Valeurs de droite et de gauche, vues par un "philosophe"... de droite.

mardi 20 août 2013.
 

Certains, à l’UMP, entament bien mal le nécessaire processus de recomposition et de clarification de l’offre politique à droite. Ils prétendent qu’en se “droitisant” dans les dernières semaines de sa campagne, M. Sarkozy aurait renoncé par là même à certaines “valeurs”.

On mesure ici le succès culturel de la gauche qui est parvenue à imposer l’idée que la gauche est le Bien, d’où suit que quiconque prend nettement ses distances avec elle est moralement suspect. On concède certes à la droite le droit de critiquer la gauche sur le plan pratique, mais quand elle va jusqu’à camper face à elle un autre ensemble de “valeurs”, une autre conception du souverain bien et de l’intérêt général, quand elle refuse explicitement l’idée même de Révolution et d’avancée inéluctable de l’Histoire vers quelque paradis terrestre égalitariste, c’est une transgression. Les audacieux se trouvent rejetés avec le Front national dans le camp des réactionnaires et des méchants. Le grand péché de M. Sarkozy a été philosophique…

La soumission d’une bonne partie de l’UMP à ces oukases idéologiques durera aussi longtemps qu’elle fera l’économie d’une réflexion autonome et n’explicitera pas ces fameuses “valeurs” dont elle peut et doit se réclamer. J’en propose une liste sommaire :

- respect de la liberté de penser, de la liberté de la science et de la presse, des libertés religieuses ; - conviction que le progrès social ne peut être obtenu que par le progrès économique et celui-ci par les libertés économiques ; - “conservatisme” au sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire volonté ferme de conserver, non certes la société telle qu’elle est, mais les règles de la démocratie libérale qui lui permettent de progresser dans l’ordre et la justice ; - honnêteté dans les affaires, respect du droit et de ses formes ; - goût de l’effort, du travail et du mérite, reconnaissance des talents et de la réussite ; - horreur de l’assistanat qui fait injure à la nature humaine ; - respect des différences en matière de moeurs, mais choix réfléchi en faveur du couple et de la famille classiques ; - reconnaissance du droit inaliénable des parents d’élever leurs enfants selon leurs propres convictions, sans devoir les abandonner à une école d’État idéologisée (et, désormais, ignorante et obscurantiste) ; - amour de la France, de son histoire, de sa culture et de son peuple, et non de la prétendue “République”, cette affreuse idole autour de laquelle on a organisé un culte néopaïen et que certains groupes sectaires ont entrepris de substituer définitivement à notre pays de chair.

Face à cela, quelles sont les “valeurs” de la gauche, et y a-t-il le moindre motif pour qu’un honnête homme se sente plus proche d’elles que de celles énumérées ci-dessus ? J’en fais également une liste, nourrie par l’expérience qu’un homme de ma génération a pu avoir des pompes et des œuvres des partis et organisations de gauche depuis 1981 :

- mépris du droit qualifié de “bourgeois” et sur lequel on s’“assoit” ; - naïveté intellectuelle consistant à croire à la possibilité du contrôle de l’économie par l’État alors que la société est complexe et ne peut se gérer que par le pluralisme ; - amour prodigieux du vol fiscal, comme si rien de ce que possèdent les Français après des vies et des générations de travail ne leur appartenait en propre ; - méfiance maladive à l’égard de la liberté humaine, qui disparaît évidemment quand il y a plus de 50 % de dépenses publiques ; - haine de ce qui réussit et brille ; - corruption par confusion intéressée des sphères publique et privée ; - pratique du mensonge et du double langage à la Orwell quand la réalité se dérobe à l’utopie ; - ruine organisée de l’école au nom de l’égalitarisme ; - destruction perverse des mœurs ; - politique étrangère de faiblesse ; - détestation de l’identité française et occidentale.

Voilà, en vrac, les “valeurs” de la gauche, au nom desquelles certains, à l’UMP, osent exiger que l’on vote avec les socialistes contre le FN quand l’occasion se présente.

Le comble de la confusion intellectuelle est atteint quand on suggère que la droite trahirait l’“humanisme”. Si la frontière entre l’humain et l’inhumain devait passer entre les deux moitiés “sociale” et “libérale” de l’UMP, ce serait une image singulièrement mutilée de l’homme qui serait campée par là même. En effet, cela reviendrait à dire que plus il y a de prélèvements obligatoires et d’assistance, plus l’humanité s’épanouit. C’est évidemment le contraire, puisque parmi les attributs essentiels de la nature humaine, il y a la liberté, c’est-à-dire le fait de jouir de sa propriété, de conduire soi-même intelligemment sa vie et d’assumer soi-même les conséquences heureuses ou malheureuses de ses actes. Moins donc il y a de liberté, moins il y a d’homme ! Partant, c’est aux antipodes du socialisme, non à ses côtés, que se rencontrent les vrais humanistes.

Il est urgent que la droite mette de l’ordre dans ces questions philosophiques et cesse de se faire dicter ses “valeurs” par le camp adverse. Tant qu’elle ne fera pas cet effort, elle n’aura pas d’unité spirituelle et ne retrouvera jamais le pouvoir.

Philippe Nemo, philosophe*


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