Un cadre du FN au tribunal correctionnel

lundi 24 septembre 2012.
 

Vincent Gérard, secrétaire départemental du FN, et un militant frontiste étaient jugés jeudi à 
Limoges pour des violences. L’un et l’autre jouent leur avenir au sein du parti.

On savait que Vincent Gérard avait la tête près du bonnet. Surtout depuis qu’il a été arrêté dans la nuit du 2 avril, armé jusqu’aux dents, en train d’agresser un patron de bar et son employé, que la section locale du FN suspectait d’être des sympathisants du Front de gauche. À l’audience, on a découvert qu’il savait faire aussi dans le larmoyant. Le responsable départemental du FN s’est présenté au tribunal, le teint jaune, la mine contrite, le repentir un poil surjoué et escorté d’une horde de fans prêts à gnaquer celui qui oserait toucher à leur chef.

Entendues en premier, les victimes s’en sont tenues à la version établie par l’enquête. Peu de temps avant la fermeture du bar ce soir-là, quatre hommes, flamme tricolore épinglée au veston et batte à la main, sont entrés dans l’établissement, ne se cachant pas d’être là pour chercher querelle « aux communistes » qu’ils soupçonnaient de fréquenter les lieux.

N’écoutant que leur courage, les deux militants d’extrême droite, eux, sont revenus sur l’intégralité de leurs aveux. « J’entends des choses qui me font mal », s’est ému le cadre du FN. Celui qui s’estimait trop ivre au mois d’avril pour se souvenir des faits s’est remémoré un scénario dans lequel il n’était plus bourreau mais victime.

Menacé par une arme

Pour le ministère public, « il ressort au contraire que vous et vos comparses êtes arrivés avec des intentions belliqueuses. C’est votre coaccusé qui le dit  : “on était venus parce qu’on savait que c’était un repère de redskins. (…) On est venus leur montrer qu’on n’avait pas peur” ». Et de reprendre  : « Pouvez-vous expliquer ce que c’est qu’un redskin  ? » Réponse  : « Je ne sais pas. » « Donc, vous faisiez de l’ethnologie en quelque sorte », a-t-il ironisé.

L’avocat des agresseurs a quant à lui expliqué que ses clients, victimes de leurs idées, se trouvaient là de manière ­fortuite pour boire un dernier verre à l’issue d’une réunion ­politique. Il a certes convenu qu’il était compliqué d’expliquer la ­présence de l’arsenal dont disposaient ces joyeux fêtards, mais a néanmoins osé plaider la relaxe pour Vincent Gérard et l’indulgence pour son comparse qui a endossé toute la responsabilité de l’agression.

Les avocats des parties civiles ont relevé que la qualification des faits, « violences avec et sous la menace d’une arme », semblait légère « car les éléments du dossier permettaient de retenir la circonstance aggravante de la réunion, et de la tentative d’homicide ». Le vice-procureur Georges Borg a requis quatre mois de prison avec sursis. La semaine dernière, deux militants d’extrême gauche ont été condamnés à de la prison avec sursis pour avoir giflé un policier en civil qui arborait un tee-shirt siglé de symboles de la mythologie nazie. La juge avait alors affirmé qu’elle ne referait pas « le procès de Nuremberg ». Jeudi, le ministère public a conclu  : « Dans ce tribunal, on est jugé pour ce que l’on a fait, pas pour ce que l’on est. »

Julie Carnis, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message