Le positionnement du Front De Gauche par rapport au PS ne constitue pas l’alpha et l’oméga de son action politique

lundi 2 juillet 2018.
 

Le FDG n’a pas besoin du PS pour penser !

Le positionnement du FDG ou d’un certain nombre de ses représentants par rapport aux décisions politiques du parti socialiste a une certaine importance mais ne doit pas constituer une obsession, un point de fixation qui constituerait l’enjeu politique central de l’action politique du FDG. Ce positionnement n’est qu’un petit aspect de la réflexion politique du FDG.

Le FDG s’est clairement mis en situation de rupture avec le pouvoir capitaliste actuel, et d’autre part il a clairement affirmé sa volonté politique d’autonomie, d’indépendance par rapport au parti socialiste.

Indépendance totale par sa capacité de proposition d’un projet politique, d’un programme de gouvernement qui lui est propre et qui n’est pas assujetti à quelconque fluctuation stratégique ponctuelle par rapport au parti socialiste ou à EELV. Et c’est là l’essentiel. Les quelques arbrisseaux qui poussent ici et là et oscillent sous le vent ne doivent pas obscurcir cet horizon.

Ceci étant dit, nous avons précédemment expliqué pourquoi il fallait s’abstenir de tout dogmatisme sectaire consistant à brosser un tableau en permanence noir de toute décision politique prise par le gouvernement actuel.

Le Front de gauche face aux pièges de la division qui lui sont tendus

Cette manière de voir ne s’explique pas simplement par des considérations stratégiques de type électoral mais par une méthode d’analyse s’appuyant sur la logique dialectique hégélienne puis marxiste et non pas sur une logique binaire rigide du tiers exclu héritière de la logique d’Aristote.

La réalité politique, comme toute réalité, doit s’analyser avec ses contradictions, d’une manière dynamique et multilatérale. Il ne s’agit donc pas de faire preuve d’intransigeance ou au contraire de faire des concessions au parti socialiste, mais d’analyser, pour chaque question, finement et rigoureusement la portée des mesures politiques, économiques et sociales prises (ou non prises !), puis d’en faire collectivement le bilan en pointant les aspects positifs et les aspects négatifs. Si le négatif l’emporte sur le positif, on vote contre ; si le positif le remporte largement on vote pour ; si le négatif contrebalance approximativement le positif, on s’abstient. C’est aussi simple que cela dans le principe.

Et c’est particulièrement facile lorsqu’on analyse un budget ! Il suffit de faire d’un côté le bilan de ce que l’on retire des poches des travailleurs et de l’autre, un bilan de ce que l’on leur donne, et ce, en analysant les mesures qui sont pérennes et celles qui sont provisoires !

Mais encore faut-il prendre le temps de lire toutes les lignes budgétaires et utiliser une calculatrice !

La situation est plus difficile lorsqu’il faut analyser des projets vastes ou s’étalant sur de nombreuses années, ou encore lorsqu’il faut traiter de problèmes d’éthique où la fracture gauche/ droite n’est pas évidente.

Mais ce genre de travail d’analyse et de positionnement devrait rester minoritaire et ne devrait pas engloutir le budget temps limité des militants du FDG, y compris de ses élus.

La question essentielle est la conquête du Pouvoir et pour conquérir le Pouvoir, il faut conquérir les consciences. Et pour concourir les consciences politiquement, il faut former les citoyens et ne pas hésiter à leur rendre visite sur tout le territoire français.

Ne pas hésiter à distribuer par centaines de milliers des lettres d’information et de formation à leurs domiciles et dans les lieux publics. Et cela dans la durée, pas simplement avant des élections ou en période de fièvre sociale locale.

Comme nous l’avions déjà expliqué, il est nécessaire de s’arracher à la routine de l’électoralisme et de l’activisme. La bataille idéologique se gagnera là où les gens dorment, là où les gens, vautrés dans leur fauteuil, épuisés par une semaine de travail et de transport, regardent TF1, là où les gens n’ont pas le temps de penser, trop affairés à leurs tâches domestiques et à l’éducation de leurs enfants, là où les gens n’ont pas la motivation ou la force de se battre, là où les gens sont découragés et ne croient plus à rien. La tâche est considérable.

A contrario, là où les travailleurs sont licenciés ou opposés à quelque projet gouvernemental et ont l’énergie de manifester leur révolte, les syndicats et associations sont généralement présents sur le terrain et il n’est pas nécessaire de faire un long discours à ces gens pour qu’ils comprennent la nocivité du capitalisme financiarisé en terme social et environnemental. La présence du FDG en ces endroits lui donne une force symbolique de solidarité, et en ce sens, sa présence n’est pas inutile, mais ce n’est pas en ces lieux que sa présence est le plus indispensable, contrairement aux idées de la routine militante.

La présence militants du FDG est indispensable là où il ne se passe rien, du moins, en apparence. Car en réalité ce sont en ces zones qui sont jamais ou rarement fréquentés par des militants du FDG, que le formatage médiatique atteint son maximum de puissance pour inculquer l’idéologie libérale et la résignation.

Et quelle que puisse être la force des multiples manifestations et grèves locales, quel que puissent être le dévouement et la sincérité des multitudes réseaux locaux de solidarité , la grande majorité de la population, conformément aux objectifs de la grande bourgeoisie qui maîtrise parfaitement la quasi-totalité du champ médiatique, ne votera pas pour le Front de gauche si ce travail de formation de grande envergure n’est pas réalisé par le FDG. Tel est l’enseignement de l’Histoire. Alors pinailler pendant 107 ans pour savoir si Paul, Pierrette ou Jacques aurait dû s’abstenir ou voter contre telle ou telle mesure du PS est totalement dérisoire. C’est se laisser distraire comme des enfants sur une question qui n’est pas centrale.

La question politique centrale est : comment conquérir politiquement les consciences ?

Ce n’est pas par hasard que les médias passent leur temps à harceler les représentants du Front de gauche sur ces questions de positionnement par rapport au PS. Ils savent que, pendant ce temps, ils ne parlent pas d’autre chose de plus fondamental comme le partage des richesses et le programme L’humain d’abord. Et en prime , ils exploitent à fond quelques différences d’appréciation des uns et des autres au sein du Front de gauche, sur telle ou telle question.

Observons ce phénomène pour le moins paradoxal : LO, le NPA survivant d’une part,et d’autre part le Front National, emboîtent le pas à cette mascarade médiatique : les représentants du FDG sont-il vraiment sincères ? Mélenchon et le PCF ne sont-ils pas des produits de la gauche plurielle ? Ont-ils vraiment renoncé à leur attachement au PS ? Ne font-ils pas passer avant tout des ambitions électorales d’alliance avec le PS pour gagner quelques sièges destinés à leurs bureaucrates ? l’UMP-PS-PCF ne constitue-t-il pas le bloc des social traîtres ?

Jeter sans cesse la suspicion sur les représentants du FDG, c’est créer et entretenir un climat permanent de défiance et nuire à son unité.

Que ferait un agent de la CIA infiltré au FDG ? Il tiendrait un discours semblable : la position du PCF et du PG sur le nucléaire sont inconciliables dirait-il ! Une position d’abstention et de vote contre le budget sont inconciliables ! Il faut choisir ! Soit on collabore avec les traîtres (valeur binaire 0) , soit on est radical (valeur binaire 1) ! Etc.

Et pendant ce temps , on mobiliserait des réunions, des bavardages sans fin sur le positionnement vis-à-vis du PS, le travail politique essentiel ne se ferait pas : celui de la formation politique des citoyens, travail exigeant qui nécessite beaucoup de temps.

On instrumentalise à fond des nuances d’appréciation pour mobiliser le temps de penser des militants sur des futilités ou encore pour transformer des conflits d’idées légitimes, compte tenu de la complexité des situations, en des affrontements destructeurs.

Il est clair, par exemple, que tout militant du FDG a intérêt à lire l’Humanité et non pas le Monde ou le Nouvel Observateur pour connaître la position réelle du PCF sur telle ou telle question. Sinon, il a toutes les chances d’en avoir une vision déformée voire même inversée !

Qu’il puisse exister parfois des différences, voire même des conflits, entre positions, cela fait partie d’une vie démocratique normale. Le conflit fait même partie plus généralement de la vie. Miguel Benasayag et Angélique DelRey ont écrit un ouvrage intitulé : "Eloge du conflit" (éditions La découverte (http://www.millebabords.org/spip.ph... ) . Ces auteurs montrent, entre autres, le caractère positif du conflit qui ne doit pas être confondu avec l’affrontement. À partir du moment où l’ensemble des militants du FDG passeront l’essentiel de leur temps à améliorer et à diffuser l’Humain d’abord, à améliorer leur propre formation politique et celle de leurs concitoyens, qu’ils se placeront réellement comme force conquérante, alors toutes ces questions de positionnement par rapport au PS sembleront bien secondaires et même dérisoires.

Le FDG définit ses idées à partir d’une réflexion indépendante qui lui est propre à la lumière de la diversité des composantes qui le constituent et non à partir de quelconque analyse des positions du PS. Le FDG n’a pas besoin du PS pour penser et définir ses positions politiques.

Hervé Debonrivage


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