Approfondir la révolution bolivarienne

lundi 18 mars 2013.
 

Gauche Unitaire salue la mémoire d’Hugo Chavez. Pour mesurer le chemin parcouru durant les quatorze années de sa présidence, il faut revenir en 1998. Toute l’Amérique Latine, à l’exception de Cuba, est alors sous la coupe des plans d’ajustement structurel du FMI. C’est un laboratoire pour l’ultralibéralisme, théorisé par les Chicago Boys, qui approfondit les inégalités, plonge de larges parties de la population dans la misère, piétine la souveraineté des peuples, démantèle les processus de redistribution des richesses, livre les ressources aux appétits des grands groupes capitalistes et méprise les minorités. Les mouvements de résistance sont alors réprimés sans pitié, à l’image du Caracazo en 1989, vaste de mouvement de protestation contre la politique ultralibérale menée par le gouvernement vénézuélien d’alors. La police tue 3000 personnes.

Sous la présidence de Chavez, le Venezuela a pris un cours nouveau, et cela a permis l’émergence d’autres expériences de rupture avec le néo-libéralisme en Amérique du Sud. Les réalisations de la révolution bolivarienne sont centrées sur la justice sociale et l’indépendance des peuples. Les ressources naturelles, comme le pétrole, sous soustraites aux intérêts privés. Une nouvelle alliance diplomatique indépendante des intérêts des Etats-Unis se fait jour dans la région. Les « missions » lancées par le gouvernement ont remis le pays sur la voie de la justice sociale. L’éducation est reconstruite et ouverte aux classes populaires. La pauvreté est réduite (de 70% à 27% de la population). D’importants investissements sociaux permettent de mettre en œuvre une politique active de construction de logements publics, d’éradication de l’analphabétisme. Le salaire minimum vénézuélien est aujourd’hui le plus élevé d’Amérique Latine.

Bien sûr, des contradictions, des limites importantes et des parts d’ombre existent. Des conceptions et des actions parfois critiquables, d’autres inassumables, émaillèrent ces quatorze années. Des questions importantes ne sont pas réglées. Mais la politique menée depuis 1998 a permis de remettre le Venezuela en marche. Elle s’est appuyée sur une légitimité et un appui populaires rarement démentis. Plus largement, après l’échec tragique et l’effondrement du communisme dans sa version soviétique, l’expérience vénézuélienne, avec d’autres, aide à accréditer l’idée qu’une alternative au libéralisme est possible et souligne la nécessité d’un « socialisme du XXIe siècle », qui ne connaît pas de modèle préconçu. Et cela dépasse largement le bilan personnel de Chavez. On comprend dès lors la dureté de la réaction des classes dirigeantes : le coup d’état de 2002, le lock-out pétrolier de 2003 et au-delà des tombereaux d’insultes relayées par la droite, les milieux patronaux et une certaine presse. La révolution bolivarienne montre en effet que la dynamique peut changer de camp, qu’il est possible de faire passer les intérêts du plus grand nombre avant ceux d’une poignée de privilégiés.

C’est pour cela que nous souhaitons aux révolutionnaires vénézuéliens de pouvoir poursuivre et approfondir ce qui a été commencé, dans le sens d’une justice et une égalité sociales toujours plus forte, d’une démocratie toujours plus large.


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