Hollande, ça ne peut pas durer !

lundi 15 avril 2013.
 

Jeudi 28 mars, Hollande a démontré, même à ceux qui en doutaient, à quel point nous avions raison, dans notre éditorial précédent : « Vous allez à l’échec ! [...] Les profiteurs, dont vous servez si bien les intérêts, avaient craint un instant que vous soyez fidèle à vos électeurs. Les voilà rassurés. Ils profitent de chacune de vos concessions [...] et vous leur accordez toujours plus. »

L’affaire des comptes cachés de Cahuzac, conseillé par un financier proche de Marine Le Pen, montre l’étendue de la débâcle, des engagements trahis à la moralité douteuse. Puis on apprend que le trésorier de la campagne présidentielle de Hollande est actionnaire de deux sociétés basées dans des paradis fiscaux... Chapeau pour Mediapart à qui Le Monde emboîte désormais le pas. « Mon adversaire, c’est le monde de la finance » avait dit Hollande. Les belles paroles ne suffisent décidément pas !

Moins d’un an après sa victoire, ce gouvernement est en crise parce qu’il applique la politique dont les électeurs voulaient se débarrasser. Rien d’étonnant : la plupart de ces hommes et femmes politiques sont membres de la classe dominante ou plein de révérence devant elle !

Après les cadeaux au patronat, la transcription dans la loi de l’Accord National Interprofessionnel (ANI), signé par le patronat et quelques syndicats, constituerait un recul social majeur. Il ruinerait des pans entiers du Code du travail, et aggraverait la précarisation. Pourtant, le gouvernement s’apprête à soumettre son projet de loi à l’Assemblée. On s’achemine certainement vers un vote PS+UMP.

Pour que le MEDEF ne fasse la loi, il faut un rapport de forces qui passe par le soutien aux luttes. Et notamment à la journée de mobilisation syndicale du 9 avril.

Le 9 avril, soyons nombreux à dire : NON !

Exigeons le rejet de cette loi, faisons connaître les propositions défendues par les députés du Front de gauche à l’Assemblée. L’urgence, c’est l’interdiction des licenciements et des suppressions d’emplois dans les entreprises en bonne santé financière. C’est instaurer, pour les syndicats un droit de veto suspensif destiné à examiner les alternatives possibles, et un droit de préemption des salariés pour reprendre la production sous des formes coopératives ou d’économie sociale.

À l’opposé de la précarité généralisée, le Front de gauche défend une véritable sécurité sociale professionnelle qui garantisse une continuité des droits et des revenus des salariés.

Qu’au 21e siècle, avec toutes les connaissances développées, avec toutes les richesses produites, on en arrive à entériner un accord qui représente un recul des droits des salariés, c’est aller dans le sens inverse de l’Histoire. Le taux de productivité a été multiplié par 10 en l’espace de 50 ans et on reculerait sur le temps de travail, sur les salaires, sur les congés au nom de la compétitivité des entreprises !

Pourtant, les premiers coups ont été portés contre les retraites complémentaires (lire). Sur l’indemnisation du chômage, sur les régimes de retraite, Hollande a annoncé la couleur et on peut être sûrs que les nouvelles mesures seront cautionnées par le couple infernal : MEDEF et direction de la CFDT.

Oui ! Il faut d’autres choix politiques !

L’égalité des droits est une valeur partagée par une majorité en France. Le PS a été obligé de soumettre la question du « mariage pour tous » au Parlement. Mais, pour maintenir des divisions, des hiérarchies, des méfiances, le gouvernement refuse de donner le droit de vote aux élections locales pour les résidents non communautaires. Comme s’ils étaient « étrangers » !

Au chantage à la compétitivité et à la concurrence, il faut opposer ce qui rassemble : solidarité, droits sociaux généralisés, lutte contre les discriminations, coopération entre les États européens et avec les autres continents. Cela devient urgent sous peine de finir comme en Grèce.

Disons-le à celles et ceux qui « retardent » sur la situation : Il faut arrêter de dire que l’on veut peser sur les choix politiques du PS ou qu’il faut demander aux élus socialistes de corriger un peu leur politique.

Ce système a vraiment trop duré ! Il faut prendre des initiatives qui visent un changement politique à gauche. Le temps est venu de remettre en cause le droit de propriété. Le temps est venu de donner le pouvoir aux citoyens et à leurs représentants élus, aux salariés, aux usagers.

Notre objectif c’est de construire un vrai changement de société. Ce ne sont pas les idées qui manquent, ni les projets, ni les expériences pratiques en cours. Les réalités du Forum Social Mondial de Tunis en témoignent (lire). Et l’Alter summit, début juin, donnera l’occasion d’affirmer des éléments de stratégie pour toute l’Europe.

Les enjeux sont clairs

Les assemblées citoyennes du Front de gauche peuvent être un espace permettant le mélange des cultures. Aux municipales, le rejet de la politique actuelle du PS nous donne une responsabilité double : d’une part faire que s’expriment les propositions et les exigences pour des politiques locales qui refusent d’obéir aux choix d’austérité du gouvernement ; d’autre part, dégager des rapports de forces ramenant le PS à une place plus réduite dans une alliance contre les droites.

Cela suppose de savoir unir les citoyens, les militants associatifs ou syndicaux, les électeurs socialistes ou EELV déçus par la majorité ou cherchant empiriquement à réorienter une politique qui, nationalement, va manifestement à l’échec.

Les laisserons-nous poursuivre leurs projets ? Laisserons-nous Valls continuer son oeuvre de division xénophobe ? (lire) Le gâchis a assez duré ! Désormais, il n’y a qu’une issue : Le gouvernement actuel doit céder la place à un nouveau gouvernement soutenu par celles et ceux qui ont voulu se débarrasser de Sarkozy et de la droite, un gouvernement qui fasse enfin une véritable politique de gauche et qui mette à l’ordre du jour de nouvelles institutions, une VIe République...

Devant le désastre en cours, le Front de gauche assume toutes ses responsabilités pour que la colère légitime débouche sur l’espoir et la transformation sociale.

Il appelle tou-te-s celles et ceux qui veulent le changement véritable, à une grande marche citoyenne, le 5 mai à Paris.


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