Quatrième rencontre du « Forum de la Gauche arabe »

jeudi 12 décembre 2013.
 

La quatrième rencontre du « Forum de la Gauche arabe » s’est tenue à Beyrouth, les 7 et 8 juin 2013, à l’invitation du Parti Communiste libanais. Des représentants de 24 partis de 11 pays arabes ont participé à cette réunion.

Ils ont discuté la situation de la région à la lumière de la confrontation populaire qui se poursuit avec les projets impérialistes-sionistes et l’immixtion impérialiste dans les affaires intérieures de plusieurs pays arabes, mais aussi de la confrontation avec les régimes dictatoriaux et les forces contre-révolutionnaires, dont, en particulier, les forces politiques religieuses qui tentent d’encercler les soulèvements et les révolutions, après avoir pris le pouvoir dans certains pays arabes où elles pratiquent les pires formes de répressions et de dictatures. Ils ont, enfin, affirmé que la lutte se poursuit afin de défendre l’Etat civil, démocratique et moderne ainsi que les droits citoyens.

Les représentants des 24 partis se sont arrêtés, plus particulièrement, sur la situation très tendue en Syrie ainsi que sur le projet présenté par la réaction arabe sous le titre « l’échange des territoires » en Palestine occupée. Ils ont aussi étudié la situation qui prévaut en Irak, au Liban, en Egypte, au Soudan et dans les deux régions du Maghreb et de l’Orient arabes, à la lumière de la lutte contre les régimes rétrogrades en place et le projet du « Nouveau Moyen Orient ». Ce projet qui vise l’émiettement du Monde arabe en mini-Etats religieux, confessionnels et ethniques qui se font la guerre, facilitant ainsi la mainmise des puissances impérialistes sur les richesses, anciennes ou nouvellement découvertes, que recèlent les pays arabes, mais aussi les voies de distribution de l’énergie dans le monde… croyant pouvoir, par là, reprendre leur mainmise sur la planète afin de résoudre leur crise structurelle et pérenniser leur régime capitaliste branlant.

A partir de ce qui précède, le quatrième « Forum de la gauche arabe » est arrivé aux conclusions suivantes :

1 – Le Forum de la gauche arabe trouve que la lutte contre le complot impérialiste-sioniste, basé sur l’appui des forces de la réaction arabe et d’autres forces régionales et qui vise l’unité de la Syrie et des changements notoires dans la carte de la région de manière à mieux servir les intérêts capitalistes, ne peut se faire ni à travers des solutions militaires, ni en internationalisant le conflit. La meilleure solution étant celle du dialogue intérieur qui mettrait fin au bain de sang, tout en regroupant les forces démocratiques qui, dès les premiers jours de a crise, avaient appelé à lutter contre l’intervention étrangère et le projet d’émiettement confessionnel, mais aussi contre les politiques économiques néolibérales et pour la création des bases du changement démocratique à tous les niveaux.

2 – Il réaffirme la position des partis la gauche arabe concernant la Cause palestinienne, qu’ils considèrent comme un point central dans leur stratégie. En effet, le nouveau projet dit « de l’échange des territoires » constitue une nouvelle étape très dangereuse, tout aussi dangereuse que l’Accord d’Oslo, puisqu’elle vise à consacrer Israël en tant que « Etat des juifs du monde ». De plus, et tout en appréciant l’acceptation de la Palestine en tant que membre observateur aux Nations Unies, le Forum de la gauche arabe a mis l’accent sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, au retour et à un Etat national souverain ayant Al Quds pour capitale. Il a aussi appelé à la création d’un mouvement de résistance palestino-arabe dans le but de libérer, par tous les moyens, les territoires occupés. Il a, enfin, adressé un salut spécial aux détenus palestiniens et arabes dans les prisons israéliennes, aux héros de la « grève de la faim », leur promettant de poursuivre les actions visant à leur libération.

3 – Il affirme sa totale solidarité avec les forces de gauche et le mouvement populaire libanais qui doivent, aujourd’hui, faire face à de nouveaux dangers provenant des répercussions de la crise syrienne sur l’exacerbation des tensions confessionnelles. Et, tout en mettant en garde contre un possible retour de la sédition qui pourrait profiter à Israël, il voit dans l’appel des forces démocratiques libanaises à consolider la paix civile et à quitter la politique de « neutralité » passive du gouvernement un point de départ pouvant empêcher le Liban de glisser à nouveau vers la guerre civile.

4 – Il affirme aussi sa solidarité avec les forces de la gauche et de la démocratie en Irak dans le but de mettre fin au régime des quotas confessionnels et ethniques, Il dénonce le terrorisme et les immixtions étrangères qui nourrissent les tentatives d’émiettement de l’Irak et appelle à compléter la souveraineté patriotique par la création de l’Etat civil démocratique.

5 – Il s’incline devant les martyrs des soulèvements et des révolutions arabes, en particulier le leader tunisien Choukry Beleid. Il se félicite des efforts visant à unifier les forces progressistes tunisiennes dans un large front démocratique afin de pouvoir faire face à violence, au terrorisme, et de réaliser les objectifs de la Révolution de la dignité et de la liberté.

6 – Il affirme sa solidarité avec la révolution du peuple égyptien et son appui aux forces populaires qui font face aux politiques des « Frères musulmans ». Il appelle, dans ce sens, toutes les forces arabes de libération à organiser, le 30 juin, des actions de solidarité avec les partis et forces politiques démocratiques, les mouvements de protestation et le mouvement « Tamarod » (Révolte) qui appellent à en finir avec « le pouvoir des « frères musulmans » et à récupérer la révolution.

7 – Il salue tous les mouvements populaires dans le golfe arabique, plus précisément au Bahreïn, Kuweit, Yémen et en Arabie Saoudite, et les assure de sa solidarité agissante face aux exactions des régimes répressifs, aux arrestations et aux immixtions étrangères sous toutes leurs formes, et pour la réalisation des programmes qu’elles soutiennent dans le but d’en finir avec le sous-développement et la dépendance. De plus, il appuie le mouvement populaire jordanien qui milite sous la direction des forces politiques démocratiques afin d’effectuer le changement politique radical auquel il aspire, de poursuivre les réformes politiques nécessaires et d’empêcher l’adhésion de la Jordanie aux pôles régionaux hostiles aux aspirations des peuples arabes.

8 – Il se déclare solidaire avec la lutte du peuple soudanais et de ses forces démocratiques pour mettre un terme aux politiques de division et de répression pratiquées par le pouvoir. Il se déclare également solidaire avec les forces de la gauche en Algérie, dans leur combat pour le progrès social, et au Maroc afin de réaliser le projet de modernisation démocratique.

9 – Le Forum de la gauche arabe voit, enfin, que la lutte menée par la gauche et les forces démocratiques dans le monde arabe contre l’impérialisme et la bourgeoisie (y compris les forces politiques islamistes) confirme le fait que le changement démocratique dans nos pays ne peut se faire que par l’intermédiaire des forces populaires. Parce que ces forces sont les seules à avoir un intérêt véritable dans la lutte contre les régimes basés sur la répression, la corruption et la dépendance, pour instaurer d’autres démocratiques qui pourraient réaliser la justice, l’égalité et l’indépendance nationale.

A partir de cette vision, les représentants des partis présents au « Quatrième Forum de la Gauche arabe » se sont entendus sur la nécessité de mettre au point un programme stratégiques commun qui unirait les tâches de la lutte pour la démocratie et l’égalité à celles concernant la libération nationale de l’impérialisme, la liquidation des bases militaires étrangères et la résiliation des accords allant à l’encontre de la souveraineté des pays arabes. Sur ces bases, les représentants des partis ont décidé de donner un nouvel élan au « Forum de la Gauche arabe » ; et ils se sont mis d’accord sur une commission de suivi pour diriger ses actions. Ils ont décidé également de pousser plus avant la coordination avec les autres forces de libération et progressistes arabes et internationales et de développer le rôle des organisations syndicales, de celles militant parmi les jeunes et les femmes ; et, ce, afin de regrouper tous ceux et toutes celles qui sont lésés par les régimes de dépendance et les politiques socio-économiques que la bourgeoisie arabe poursuit, quel que soit l’habit sous lequel elle se cache.

Le communiqué final (Beyrouth, 7 – 8 juin 2013)


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