« Le changement climatique implique le retour 
de l’État, un État démocratique et progressiste »

lundi 18 mai 2015.
 

L’un des effets du changement climatique, c’est le retour de l’État. L’enjeu, c’est la nature de cet État  : un État répressif et policier ou un État démocratique et progressiste. Le retour obligatoire de l’État s’explique assez simplement  : le changement climatique implique des épisodes extrêmes, ce qui crée des situations de crise et d’urgence. Dans ces moments, qui peut prendre les choses en main  ? Au niveau local, les gens peuvent s’organiser comme on l’a vu au moment de l’ouragan Sandy sur la côte est des États-Unis. Mais à un niveau plus large, seul l’État peut prendre en charge ces situations. Le secteur privé ne le peut pas. Le secteur public, oui. À partir du moment où le retour de l’État est incontournable, il est important de le repenser et de le redessiner.

L’idée m’est apparue évidente au moment de l’ouragan Katrina, à la Nouvelle-Orléans, quand je couvrais l’événement pour The Nation. Il y avait des policiers partout et il semblait bien qu’ils étaient là pour réprimer. On avait des types armés, des unités d’élite, résultats notamment de trente années de «  guerre à la drogue  ». On ne leur a confié qu’une mission depuis tout ce temps  : faire la chasse aux drogués et maintenir le contrôle de populations jugées dangereuses.

Le néolibéralisme a fait disparaître le mot «  État  » de notre vocable mais nous devons nous rappeler à quel point l’État est important pour le capitalisme qui lui a fixé cette mission  : gérer la nature pour permettre la reproduction des conditions de l’accumulation du capital.

L’histoire de la République a commencé avec le rôle du gouvernement fédéral. Assez rapidement, ce dernier a racheté la dette des États contractée pendant la guerre d’indépendance contre la cession de terres des États au gouvernement fédéral. Ces terres ont été à la source du capitalisme américain puisque l’État en a cédé une grande partie – l’équivalent de deux fois la Californie, tout de même – aux compagnies de chemin de fer.

Ce rôle de l’État constitue également la raison pour laquelle le capitalisme, même le capitalisme américain, a été capable d’atténuer les effets de certains problèmes environnementaux. À une certaine échelle  : locale ou nationale. Et, évidemment, dans une certaine mesure. Aujourd’hui, l’État possède toujours le pouvoir de faire. Il est urgent de le mobiliser.

Pour autant, nous ne devons pas faire la confusion entre le changement climatique et les autres problèmes environnementaux. Il ne faut pas penser que l’on peut résoudre les deux par la même pratique. S’attaquer au changement climatique implique de sortir de l’ère des énergies fossiles. Mais même si nous y arrivions, nous n’aurions rien changé à la déforestation, à la sécheresse des terres dans certains endroits, à l’amenuisement de la ressource de poissons.

Je sais que cela ne résonne pas très révolutionnaire ou radical, mais très réaliste. Nous devons proposer des solutions qui fonctionnent. Ce n’est pas une alternative au capitalisme. Ce n’est même pas en soi une réponse à la crise environnementale. C’est juste une approche réaliste pour contrer le changement climatique afin que nous puissions continuer à nous battre pour une autre société.

Par Christian Parenti, journaliste d’investigation et auteur.


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