Invité à l’Elysée

vendredi 16 mai 2014.
 

Jeudi prochain, je suis invité à l’Elysée avec ma co-présidente, Martine Billard. François Hollande souhaite connaître notre approche de son projet de réforme territoriale.

Malheureusement, le président de la République ne peut changer l’ordre de ses entrevues, ce que je comprends fort bien et ne lui tiens nulle rigueur. De mon côté, je ne puis non plus me dédire des engagements pris pour la campagne européenne. Il se trouve que je suis annoncé à la réunion publique d’Ondres. Et auparavant je suis à Tarbes. Pas question de détruire le travail militant accompli et en cours pour réussir ces deux moments. Je suis certain que le président qui a été aussi un militant politique dans le passé comprendra et excusera mon absence. De toute façon, il n’aura pas l’occasion de s’ennuyer puisque ma co-présidente lui dira tout ce que nous aurons décidé, d’ici là, de lui faire connaître sur le sujet.

Il y aura une ambiance un peu de revoyure dans cette rencontre. Car la dernière fois que nous l’avons vu, il s’agissait déjà d’une réforme institutionnelle. Dans ce domaine, mon cher François, est-ce que tu es bien sûr de ce que tu fais cette fois ci ? Je te trouve un air frénétique de monsieur bricolage permanent.

En 2013, François Hollande a déjà repoussé d’un an les élections locales (de 2014 à 2015), changé le mode de scrutin des cantonales et redécoupé tous les cantons de France. Tout est voté. C’était du sérieux. Ce n’était pas pour rien que l’Assemblée nationale et le Sénat avaient passé des heures à discuter. Et le PS à se déchirer. Dans son discours de politique générale, Valls annonçait donc des fusions de régions pour 2017, et la suppression des départements pour 2021 ! Il s’est fait Ayraultiser en moins d’un mois. Comme l’autre navré et sa « remise à plat fiscale », Valls peut aller mettre son calendrier annoncé dans la circonstance solennelle que l’on sait là où il range les os pour son chien.

Je me demande si François Hollande ne se croit pas au PS où en effet on passait son temps à voter des « projets pour dix ans » tous les deux ans, du temps où il régnait sur cette pétaudière. En effet, tout d’un coup, il annule tout. Hollande veut supprimer tout de suite les conseils généraux, diviser par deux le nombre de régions et reporter les élections régionales et cantonales prévues l’an prochain à 2016. Je ne serai pas là pour lui dire que je trouve un peu étrange cette frénésie de réforme de ses propres réformes, surtout quand elles ne sont même pas entrées en vigueur. Comme il aime les blagues il me répondrait que c’est le propre du réformisme. Je lui répliquerais que les bêtes de réformes ne donnent pas les meilleurs morceaux en cuisine.

Après les plaisanteries, Martine passera aux choses sérieuses. Autant qu’elle y aille toute seule : ce sera plus méthodique qu’avec moi qui ne pourrais m’empêcher de lui parler d’égal à égal, ce qui pourrait l’agacer. Mais voici le minimum de ce qu’il faut savoir. Je crois bien que les départements sont inscrits dans la Constitution. Les supprimer nécessite une révision de la Constitution, donc une majorité qualifiée. Il n’y en a pas sans la droite. Et sans une partie de la gauche non plus. Que c’est contrariant !

Pourquoi tout ce bazar, chers amis Shadoks qui pompez avec tant de conviction ? Mes lecteurs savent que Hollande et ses bons amis sont des républicains très volatils. Ils ne comprennent rien à l’Histoire qui a produit cette organisation territoriale. Elle n’est pas neutre, loin de là. Lisez les débats sur l’organisation des départements dans la Révolution de 1789 et vous verrez comment l’idée républicaine est liée à une organisation ethniquement et religieusement neutre. Les fédéralistes à peine cachés que sont tous ces bons amis de la mouvance hollandaise ne s’y trompent pas. Leurs masques, ce sont les comptes publics. Bobards ? oui et non. Ne perdons pas de vue que ce sont avant toute chose des technocrates. André Vallini, secrétaire d’Etat, parle de 12 à 25 milliards d’économies. Claudy Lebreton, président socialiste de l’association des départements de France traite ce chiffre de « farfelu ». Cool ! Valls a déjà prévu des fermetures de préfectures : « Le maillage territorial des préfectures, des sous-préfectures, il faudra l’adapter progressivement à la nouvelle donne territoriale » (discours de politique générale). L’État républicain, squelette de la nation, est mis en miette. Et ces gens n’ont même pas la dignité de faire semblant de produire une autre vision globale de l’organisation de leur pays.

Dans le programme de réforme envoyé à la Commission, la réforme territoriale figure dans la partie « redressement des finances publiques ». La France détruit son organisation administrative bicentenaire pour « faire des économies » qui assouplissent le cœur des androïdes ineptes de la Commission Européenne ! C’est elle qui l’a réclamé. Et des dirigeants français ont osé obtempérer. En effet, la réforme territoriale est une exigence de la Commission européenne. Dans ses « recommandations » de 2013, elle demande de « prendre des mesures destinées à améliorer les synergies et les économies entre les différents niveaux de l’administration, central, régional et local ». Quelle absurdité ! Supprimer les départements ne supprimera pas leurs dépenses : collèges, routes, RSA ! L’aide sociale, ce sont les 2/3 du budget des départements ! Quant aux bavardages stupides sur les « grandes régions à l’allemande », gargarisme ordinaire de la tête d’œuf de la promotion Voltaire, que veulent-ils dire ? « Grandes régions » ? Les régions françaises sont déjà plus grandes que les Länder allemands : 25 000 km2 en moyenne pour nos régions contre 21 000 km2 en Allemagne. L’œuvre de destruction et de démolition générale de ce gouvernement est consternante.


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