Belgique : percée du Parti du travail Gauche d’Ouverture

vendredi 30 mai 2014.
 

A) Communiqué du Parti du Travail

Raoul Hedebouw : « Cette soirée est très importante : il s’agit d’un moment historique. Car, pour la première fois, depuis 25 ans, une nouvelle famille politique, celle de la vraie gauche, qui est représentée en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, fait son entrée dans les Parlements régionaux et au fédéral. Nous n’avons pas encore tous les résultats. Mais il semble que nous allons envoyer deux députés au fédéral et au moins deux au Parlement wallon. » Le porte-parole du PTB a aussi commenté les résultats à Bruxelles : « Le PTB-go ! a réalisé un score avoisinant les 4% et, grâce à un accord technique, nous faisons sauter le seuil antidémocratique des 5% : nous aurons donc 3 à 4 députés bruxellois. » Comme parti national, le PTB a aussi mené campagne en Flandre : « Nous y avons aussi mené une formidable campagne. A Anvers, le PTB a juste raté le seuil des 5% avec 4,7% dans la province d’Anvers. Mais dans la ville d’Anvers, le PTB y obtient 8,85% des voix et devient le quatrième parti (devant l’Open-VLD, Vlaams Belang et le CD&V).

Pourtant le seuil antidémocratique ne permettra pas d’obtenir un élu à Anvers. Néanmoins, je veux du fond du cœur envoyer un message chaleureux à tous nos camarades en Flandre qui ont mené un combat encore bien plus difficile que nous en Wallonie : avec une N-VA qui a un caractère anti-establishment et un parti comme Groen qui était aussi dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Mais néanmoins, nous sommes un parti national, et je suis un porte-parole national, et l’élu d’un parti national, dont l’accent liégeois se transforme en accent limbourgeois quand je parle en néerlandais. Beste kameraden van Antwerpen, Limburg, Gent… ik zal ook de vertegenwoordiger zijn van de Vlaamse werkers ! » Raoul Hedebouw analyse aussi : « Contrairement à ce qu’affirme Jean-Claude Marcourt (PS), le vote PTB-go ! n’est pas d’un vote protestataire. Que du contraire : c’est un vote d’espoir. Un vote pour la gauche qui refuse l’austérité, qui sait qu’on va reprendre confiance en nous, les travailleurs, pour écrire l’histoire sociale du pays. Ce que les élus du PTB-go ! vont apporter, c’est quelque chose de nouveau dans la politique belge. Mais ce ne sont pas les deux ou trois députés qui vont apporter seuls cette nouveauté. Ils vont, nous allons être le relais des syndicalistes, du monde associatif, des artistes, des jeunes.

Le PTB-go ! refusera de s’inscrire dans une majorité qui aura pour but d’imposer l’austérité aux travailleurs. Nous l’avons dit dans la campagne, on continue à le dire aujourd’hui. Il s’agit d’une question de principe. Si vous voulez imposer l’austérité comme dans toute l’Europe, vous aurez contre vous les députés du PTB-go ! mais aussi les travailleurs qui veulent faire barrage à ces politiques de coupes budgétaires. » Raoul Hedebouw poursuit : « Je veux aussi confirmer ce que nous avons annoncé : nos élus vont continuer à vivre avec salaire ouvrier. Car si on ne vit pas comme on pense, on commence à penser comme on vit. C’est aussi avec fierté que je vous annonce que le PTB-go ! envoie un travailleur, un sidérurgiste de la région liégeoise au Parlement wallon : Frédéric Gillot. Enfin, merci aux compagnons de route du PTB-go !, de la gauche d’ouverture (les syndicalistes et personnalités) qui ont reconnu qu’il fallait une alternative à la gauche traditionnelle. »

B) Succès historique pour le PTB-GO (L’Humanité)

L’un des faits marquants du scrutin de dimanche en Belgique est le très bon score réalisé par le PTB-GO, alliance du Parti du Travail de Belgique et du Parti communiste, en Wallonie et à Bruxelles.

Alors que le mouvement communiste n’avait plus de député depuis trente ans, le PTB-GO sort de cette élection avec 8 élus : deux au Parlement fédéral, dont le fiscaliste Marco Van Hees, célèbre pour ses révélations sur les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et le porte parole du parti Raoul Hedebow ; deux au Parlement Wallon, et 4 au Parlement bruxellois où il avait fait alliance avec plusieurs petits partis pour passer la barre des 5%. L’aile flamande du parti ne réussit pas en revanche manque de justesse d’avoir un élu, mais effectue une percée à Anvers avec son président Peter Mertens. Ce dernier devait être reçu lundi soir par le roi en tant que président d’un parti représenté au Parlement.

Soulignant le caractère « réellement historique » de ces résultats, Raoul Hedebow nous confiait : « Il est dommage qu’on ait frôlé l’élection à Anvers, mais je serai à la Chambre le repésentant de tous les travailleurs de Belgique, qu’ils soient flamands, wallons ou bruxellois, car nous sommes et restons un parti unitaire. La vraie gauche est de retour et nous allons nous battre contre l’austérité, mais aussi contre les nationalistes et les populistes qui, hélas, progressent partout en Europe ».

C’est aussi le cas en Belgique où la NVA, parti qui milite pour l’indépendance de la Flandre, atteint presque 32% des voix, ce qui promet encore des négociations longues et difficiles pour la formation du gouvernement fédéral puisque dans le sud francophone du pays, en Wallonie comme à Bruxelles, c’est le PS qui reste le premier parti.

Parmi les élus du PTB-GO figure notamment Frédéric Gilot, ouvrier sidérugiste au chomage depuis 6 mois et syndicaliste, ému aux larmes dimanche soir à l’idée que désormais « personne ne pourra nous empêcher, nous les travailleurs, d’entrer au Parlement » et Youssef Handichi, un chauffeur de bus de la STIB, la société des bus bruxellois. C’est dans les bastions de la classe ouvrière, les sites de la sidérugie liégeoise et du Hainaut que le PTB-GO a fait ses meilleurs scores, dépassant même les 20% à Herstal eet les 18% à Seraing.

Françoise Germain Robin

C) Elections parlementaires en Belgique : PTB-GO ! : une victoire et un encouragement pour toute la gauche ! (LCR, Belgique)

Nous reviendrons plus tard sur le bilan d’ensemble des élections du 25 mai, en Belgique et en Europe, qui méritent une analyse détaillée. Dans l’immédiat, et bien que le dépouillement ne soit pas encore terminé, la LCR exprime sa grande joie face à la remarquable percée des listes PTB-GO ! (Gauche d’Ouverture) en Wallonie et à Bruxelles. Avec deux élus à la Chambre (Raoul Hedebouw à Liège et Marco Van Hees dans le Hainaut), au moins un élu au Parlement wallon (Frédéric Gillot à Liège : un ouvrier sidérurgiste au Parlement !) et quatre élu-e-s possibles au Parlement bruxellois, c’est en effet de percée qu’il faut parler !

Comme des milliers de militant-e-s qui se sont donné-e-s à fond pendant des semaines, les membres de la LCR sont fier-e-s d’avoir contribué à mettre au centre de la campagne les enjeux sociaux de l’emploi, de la pauvreté et de l’injustice en général, empêchant ainsi les partis traditionnels – particulièrement ceux qui se disent de gauche – de fuir leurs responsabilités et leur bilan. Comme des dizaines de milliers d’électrices et d’électeurs, les membres de la LCR sont fier-e-s d’avoir ainsi contribué au retour dans les assemblées élues de représentant-e-s de gauche qui seront les porte-parole des luttes et des revendications.

Le 1er Mai 2012, la FGTB de Charleroi lançait son appel au rassemblement des forces afin de présenter une alternative anticapitaliste, à gauche du PS et d’Ecolo. Formées par le rassemblement autour du PTB du Parti Communiste et de la Ligue Communiste Révolutionnaire, soutenues par de nombreuses personnalités de gauche indépendantes, les listes PTB-GO ! ont su avancer dans le sens tracé par la gauche syndicale. Celle-ci peut légitimement se réclamer de la victoire, de même que tous ceux et celles qui, par leur engagement, ont contribué à dépasser les vaines querelles afin de créer une dynamique de rassemblement, porteuse d’espoir à gauche. La poursuite de cette dynamique sera le gage de nouveaux succès. La LCR est prête à s’y investir.

Malgré de très bons scores, une forte campagne et de nombreux soutiens dans la société civile, les listes PVDA+, en Flandres, ne débouchent malheureusement pas sur l’élection de représentant-e-s. A Anvers, le président du PTB, Peter Mertens, rate le siège de justesse, à quelque 2000 voix. Ce résultat est pour la plus grande partie imputable au contexte politique général au Nord du pays, fortement dominé par la droite. En même temps, le score de Groen !, la dégelée du Vlaams Belang et le fait que la somme des scores NVA+VB+LDD recule légèrement montre que l’électorat ne glisse pas unilatéralement vers la réaction.

En dépit de leurs faibles moyens, les candidat-e-s du SAP sur les listes PVDA+ en Flandre et les candidat-e-s de la LCR sur les listes PTB-GO ! en Belgique francophone ont fait de bons, voire de très bons résultats. Ceux-ci témoignent de leur implantation dans la société, de la sympathie pour l’alternative anticapitaliste, féministe et écosocialiste portée par la LCR-SAP et de l’estime dont notre organisation jouit pour sa capacité à mettre les intérêts du mouvement ouvrier au-dessus de ses intérêts de chapelle. C’est dans cette voie que nous poursuivrons notre action.

Une nouvelle étape s’ouvre à présent. Une vague brune se renforce dans toute l’Europe. En Belgique, la formation d’un gouvernement sera une fois de plus fort difficile. Mais une chose est certaine : quelle que soit l’issue des négociations qui vont commencer, l’austérité continuera de plus belle. Le mouvement syndical est placé devant un choix fondamental : soit il continue à s’inscrire dans la logique du « moindre mal », tout continuera d’aller de mal en pis, et la gangrène fasciste percera chez nous comme ailleurs ; soit il rompt avec cette logique, élabore une alternative anticapitaliste et mobilise les 99% pour l’imposer par la lutte. A son échelle, le succès des listes PTB-GO ! montre que cette voie est praticable, et qu’il est possible de renverser la situation. Il est grand temps !

Secrétariat de la LCR


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