Le Front de Gauche, problème de la quadrature du cercle ?

jeudi 2 octobre 2014.
 

Texte individuel de Christian Vermeulin (Front de Gauche Rosporden, Finistère)

Bonjour,

A tenter de suivre les réflexions des uns et des autres au travers des différents courriels sur l’organisation du Front de Gauche (FdG) : cartel pas cartel, ouverture aux individuels, jusqu’où et comment, stratégie électoraliste ou pas, organisation comme ci ou comme ça, etc. etc. j’en viens à me poser la question « ne sommes nous pas entrain de vouloir résoudre le problème de la quadrature du cercle ? »

Chacun sait que nombre de mathématiciens s’y sont confrontés et qu’ils s’y sont cassés les dents et pourtant ce n’étaient pas des médiocres ! Et ce, tout simplement parce que ce n’est pas possible.

Image d’un champ de ruines politique ?

Actuellement, dans la sphère politique, nous sommes face à une forme de parti, organisation … appelons cela comme on veut, qui tente de répondre à deux fonctions :

1) La première est l’organisation, l’association de la partie de la population qui adhère aux idées défendues et à la promotion de ces idées. Cette fonction devrait tendre vers un ou des projets, vers le temps long, la cohérence et la convergence. Ce devrait être le temps et le lieu de l’invention collective.

2) La deuxième fonction, est l’intervention dans les institutions essentiellement au travers de la participation aux élections. C’est le temps court, celui des programmes pyramidaux hors sol, des promesses, le temps des coups électoraux. C’est le système de la délégation de pouvoir et donc de la confiscation de la souveraineté du peuple ; ce n’est évidemment jamais dit aussi crûment. C’est le peuple formaté, désinstruit parce qu’il ne devra présider, dans les isoloirs et les urnes, qu’à l’adoubement des prochaines carrières politiques sans se mêler outre mesure de ce « qui ne le regarde pas » : son avenir politique, économique et social.

Ces deux aspects sont inconciliables et nous voyons dans les formations politiques, toutes y compris au sein de ce qui tente de se mettre en place dans la Gauche de gauche » que la première fonction s’anémie, devient l’ombre d’elle-même, y compris dans des partis qui se veulent populaires (PCF, PG …) alors que la deuxième fonction s’hypertrophie et occupe tout le terrain politique.

Cette distorsion logique et fatale (mortelle) laisse le terrain libre au capital et à la finance pour la mise en œuvre de projets, pour structurer, de fait et pour de bon, tous les aspects – sociaux, politiques, économiques- de la société. Eux savent travailler au long cours pour organiser le pillage au jour le jour. Pour la mise en œuvre de leurs projets, de leur stratégie et la nécessité de les mettre sous forme de lois, le capital et la finance n’ont plus guère besoin de partis politiques : ils ont acquis une position supra institutionnelle. Certes d’en avoir un sous la main comme l’UMP, voire deux avec le PS, facilite les choses et permet d’accélérer la marche de l’Histoire mais comme nous l’avons vu au cours de ces deux ans passés, malgré la déconfiture de l’UMP et la catastrophe annoncée pour le PS, il leur suffit de faire pression de menacer, car ils ont un potentiel d’action et de nuisance réel. Et ce d’autant qu’en face, politiquement il n’y a rien et syndicalement pas grand-chose compte tenu de la position sociale démocrate de la CGT et sociale libérale de la CFDT et consorts. FO va bientôt apparaître comme un syndicat révolutionnaire. On aura tout vu !

Elections piège à …. ?

Cette stratégie patronale du dictat et de la terre brûlée est grandement facilitée parce que le système électoral le leur permet.

Quand je parle de système électoral, je ne parle pas de mode de scrutin tant il est vrai que tous les modes mis en place dans les différents scrutins (présidentiel, législatif, municipal, sénatorial …) relèvent du brigandage, c’est l’art de faire des majorités élus avec des minorités d’électeurs et c’est encore plus vrai maintenant à cause des forts taux d’abstention. Mais, même si la représentation à la proportionnelle intégrale est moins pire, elle ne résout rien sur le fond : le peuple est, dans tous les cas, appelé à déléguer ses pouvoirs. C’est sa souveraineté qu’on lui demande de mettre entre les mains de politiques professionnels, pour la plus part, qui parleront et agiront à sa place et par-dessus sa tête. Et il ne lui restera que ses yeux pour pleurer, au Peuple, parce qu’il n’a voté que sur de vagues promesses, parce que les vrais projets de société lui ont été fourgués en douce derrière le paravent d’idées généreuses ou de catastrophes annoncées.

Ces promesses ne sont d’autant moins faites pour être tenues qu’elles sont bâties sur un amoncellement invraisemblable de « si » et d’hypothèses reposant plus sur des à priori idéologiques et politiques que sur des données réelles. Dans ce système, le peuple n’est pas associé pendant le temps du mandat et tout se fait sans lui voire contre lui.

Ces défauts du système électoral, pour le Peuple, ne sont pas conjoncturels, ils sont fondamentaux. Dès sa mise en place, dès la Révolution de 89, les castes au pouvoir ou montantes se sont refusées à envisager d’autres formes d’interventions du citoyen dans la vie politique et sociale. Certes, le suffrage universel n’a été accordé et tardivement qu’à regret, il a fallu l’arracher mais ne faut-il pas se poser la question si celui-ci n’a pas fortement contribué au développement de cette caste de politiciens professionnels aboutissant à reprendre d’une main ce qui avait été accordé par l’autre ? On a substitué à une aristocratie nobiliaire dirigeante, une aristocratie bourgeoise et aujourd’hui une aristocratie politicienne autant coupée de la réalité de la population et autant occupée à pérenniser ses avantages et ses privilèges que l’étaient les précédentes aristocraties. Privilèges réels cette fois, pas comme ceux que les médias attribuent aux pas encore chômeurs ou à ceux qui gagnent à peine plus que le SMIC.

Un des rares moments où le peuple a eu la parole a été le temps de la Commune de Paris, encore que son écrasement brutal et prématuré par la bourgeoise versaillaise n’a pas permis de voir comment aurait pu évoluer cette expérience sociale unique. Lors de la Commune, blanquistes, proudhoniens, marxistes … et certainement beaucoup d’hommes et de femmes qui ne se revendiquaient de rien d’autre que du droit et de l’espoir de vivre humainement ont construit en trois mois une forme d’organisation de la société qui n’existait nulle part ailleurs. Il ne se sont pas posé la question du parti, du cartel, ils ont inventé l’inimaginé ! La bourgeoisie et le Capital ont eu réellement peur, ils ont écrasé militairement, physiquement la Commune mais, en plus, ils se sont également évertués, jusqu’à nos jours, d’en effacer toutes traces, à faire disparaître de Notre Histoire.

L’élection n’est-elle qu’un système détestable qui n’offre aucune garantie de démocratie – les exemples sont multiples dans le monde – mais un système incontournable ? Mais pourquoi le système est-il jugé aussi satisfaisant dans les systèmes politiques de droite, socio – libéraux et parfois de gauche ? Pourquoi tous les représentants politiques du capitalisme et de la finance s’évertuent-ils à imposer la croyance qu’il existe un terme d’égalité entre élection, démocratie et souveraineté populaire ? Si le système était aussi satisfaisant pour le peuple nous imposerait-on, en France, une élection tous les ans ; le Capital nous aime t’il autant que cela ?

Election ? Existe-t-il d’autres systèmes d’expression et d’action populaire ?

La réponse est oui, dont un qui pourrait bien éviter les inconvénients soulevés ci-dessus : le tirage au sort.

Utopie, folie ! Non, ce système a fait ses preuves en Islande il y a quelques années où il a permis l’écriture et la mise en place d’une nouvelle constitution – excusez du peu ! Il a été utilisé comme système politique également dans d’autres pays et nous en avons une réminiscence en France avec les jurés d’Assises. Et nul ne peut dire que cela fonctionne mal et que ces jurys sont des jurys de pacotille.

Le tirage au sort, ce sont des citoyens désignés pour un « mandat » de durée limitée, obligatoire, non renouvelable et révocable si nécessaire en cours de mandat. Et payés correctement pour retirer l’envie de faire des piges ailleurs ou de se faire un peu corrompre.

Ces désignés par le sort auraient pour tâche d’élaborer les moyens de la mise en œuvre de la vie de la nation (lois, décrets voire modification de la Constitution). L’orientation politique et l’approbation des choix importants seraient, eux, données par des consultations populaires correctement documentée.

Seraient ils plus incompétents ces « jurés » que nos professionnels de la politique ? Je ne le pense pas. Ils seraient techniquement entourés par les personnels de la Fonction Publique à qui il serait faire injure de ne pas reconnaître leur probité et leurs compétences. Fonctionnaires qui leur rappelleraient les termes de la loi, ce qui est possible et impossible de faire (à un moment donné).

Ces désignés devraient pouvoir bénéficier de formations : le savoir politique n’est pas inné, ce n’est pas un don. Les arcanes de la chose publique peuvent et doivent être accessibles à tous. Les cadres fonctionnaires seraient ainsi découplés de la pression du politique, du clientélisme et du carriérisme, au moins de celui lié à la corruption politique.

Un accompagnement social, familial et les conditions de réintégration professionnelle seront évidemment à mettre en place pour les gens tirés au sort.

Le ballet que nous observons actuellement où les mêmes passent des hautes fonctions de l’Etat, aux postes clés de l’industrie en passant par la case de responsables politiques serait rendu sinon impossible, du moins très difficile par la disparition de la main mise de la caste politique – classe plus probablement - sur la gestion de l’Etat.

Bien sûr des problèmes tels que la représentation internationale de la nation restent à résoudre mais il est très loin d’être démontré que les professionnels de la politique soient les plus qualifiés. Des exemples tels que Marcel Paul ou Ambroise Croizat montrent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir fait Sciences Po ou l’ENA – il vaut peut-être mieux d’ailleurs ne l’avoir pas fait ! – pour avoir un apport important dans la vie de la société.

Et les partis, organisations … dans tout ça ?

La lutte des idées, car la lutte des classes n’est en rien abolie par ce seul changement d’expression populaire, se construit et se mène alors d’une autre façon.

Ces personnes désignées par le sort – une attention particulière devra être portée à l’élimination des biais faussant le hasard – statistiquement seront représentatives de l’état des idées en cours dans la société et la qualité de leur travail traduira ce fait. C’est directement au niveau de la population que les organisations politiques, syndicales … devront s’exprimer. Ce travail politique, d’élaboration de projets de société et de conviction se traduira également dans le contenu et les résultats des consultations populaires encadrant en amont et en aval le travail de ces citoyens désignés par le sort.

Notons en passant que le tirage au sort règle le problème de la parité homme – femme et qu’il limite le phénomène des idées dominantes imposées par un ou des partis ou lobbys.

D’autre part, le fait que l’on ne puisse être désigné qu’une seule fois non reconductible limite l’intérêt du recours à la démagogie, aux petits arrangements avec le diable et les possibilités de pression des lobbys.

Nous voyons, là, que la fonction et le rôle des partis (appelons les comme on veut) deviennent différents. Le rôle de machine électorale, aujourd’hui essentiel, consistant à placer leurs professionnels de la politique dans l’aristocratie régnante, d’avoir des élus à tout et n’importe quel prix disparaît de fait.

Leur fonction essentielle devient alors à se placer dans le temps des projets de société, de la réflexion et de l’élaboration des idées. La « nécessité » de l’existence de cette classe politique, intermédiaire obligé (aujourd’hui), parasitaire disparaît également. Pour le capital, la main mise sur les partis deviendrait certainement un enjeu moins important.

Les partis ou associations peuvent alors devenir lieux de rassemblement pour ceux qui se reconnaissent dans leurs idées et leurs projets élaborés en commun afin de les promouvoir lors des consultations populaires. La question de l’adhésion ne se pose plus dans les mêmes termes.

Et surtout, les partis peuvent devenir un des animateurs du débat citoyen, ce qui a totalement disparu de la vie politique aujourd’hui.

Cette modification constitutionnelle fondamentale ne règle qu’en partie le problème de l’emprise du capitalisme et de la finance. C’est une condition nécessaire mais certainement pas suffisante.

Pour le fonctionnement des partis, il faudrait en revenir à ce que l’on aurait jamais du quitter – merci Mitterrand - : un financement populaire et par leurs sympathisants et adhérents. Il est à remarquer que les partis, n’étant plus des machines électorales, n’auraient certainement plus les mêmes besoins financiers. On en reviendrait peut-être au temps de la presse, le rôle des médias serait certainement modifié et la politique pourrait de nouveau être en prise directe avec les citoyens. On a le droit de rêver !

Plus besoin, cette fois, de vouloir résoudre le problème de la quadrature du cercle.

Une bonne partie des questions qui se posent aujourd’hui au FdG (et ailleurs, peut être) tomberait naturellement.

Organisation à priori ou au fil de l’eau ?

Quant à l’organisation, il me semble vain de vouloir résoudre ce problème efficacement avant même de savoir pourquoi nous voulons nous organiser, pour répondre précisément à quels problèmes et à quels besoins. C’est au cours de notre travail sur le terrain avec nos concitoyens sur des problèmes bien réels que nous saurons ce qu’il faut construire à un moment, sachant que la vie réelle provoquera une évolutions de ces besoins donc des outils.

Dans l’histoire des techniques on a toujours inventé – sauf très rares exceptions – les outils pour répondre à des besoins et non l’inverse. On a inventé le marteau parce qu’on avait besoin de planter des pieux ou des clous et ensuite on l’a fait évoluer : marteau de maçon, d’horloger …. Cette démarche est vrai pour les activités intellectuelles et la recherche et elle reste vraie pour nous qui souhaitons intervenir dans la vie politique et sociale. Et, quand un outil n’est pas ou plus fonctionnel on en invente un autre. On ne bricole pas des idées périmées. Il semble bien que, politiquement, nous en soyons arrivés à un moment où cette nécessité devient impérieuse.

Pour ce qui est de la construction d’outils politiques, je renverrai volontiers au très bon film « Tous au Larzac ». Tout ou presque y est dit. Il y a des moments où ce n’est pas faire preuve d’inintelligence que de réfléchir sur ce qu’ont fait les copains.

Une sacrée ornière et comment s’en sortir ?

Il est probable qu’au niveau des élections, un des sommets de la duperie politique ait été atteint lors des dernières élections européennes, surtout venant après le déni de démocratie post référendum français de 2005 et des votes à répétition, jusqu’à plus soif et reddition en Irlande… Tenter de faire croire à la population – qui n’y a pas beaucoup cru, voir le taux d’abstention – qu’il était possible de changer de l’intérieur les institutions européennes et pour les peuples, le nôtre en particulier, de ré accéder à sa souveraineté alors même que la dépossession de la souveraineté politique, sociale et économique a été gravé dans le marbre de la constitution européenne, traité après traité, relève de la mascarade. Cette réalité le Président de l’Assemblée européenne nouvellement élu, l’a rappelé : on ne peut pas toucher pas à la Constitution !

La seule façon de se libérer de ce carcan, de reprendre barre sur notre souveraineté nationale, sur notre souveraineté économique et monétaire est de sortir de l’Europe et de l’euro tels qu’ils nous ont été imposés. Déconstruire l’Europe actuelle semble la seule voie possible pour tenter, plus tard de la reconstruire sur une base qui ne serait pas dédiée au capital et à la finance. La crise des institutions, monétaires, économiques et sociales est telle que ça ne souffre plus le bricolage, trop de millions de personnes sont maintenant au bord de l’asphyxie.

Souveraineté ! Mais pourquoi nationale ?

Sans méconnaître la réalité et l’importance de la mondialisation du capitalisme et de la finance - celles des mouvements populaires sont infiniment plus marginales - ainsi que la supra nationalité qui s’exprime au travers de l’Europe et la nécessité de s’y créer des moyens d’intervention, le niveau national, pour un pays comme la France, semble être l’échelon le plus élevé où l’intervention populaire puisse s’exprimer efficacement parce qu’il existe une cohérence de culture, d’histoire, d’économie … Cet échelon national peut alors devenir un moyen d’intervention international ; l’inverse semble moins vrai.

Il n’est pas étonnant qu’avec les incohérences d’appréciation politique et économique et le manque de projet sociétal de la part de la gauche de gauche, Marine Le Pen avec sa démagogie ait fait un tel score parce que si la réponse FN ne résout en rien le problème, la question de la souveraineté retrouvée, elle, résonne fortement dans la population.

Pour nous gauche de gauche, il faut être cohérent et mettre nos actes en accord avec nos propos et nos intentions que je pense réelles et généreuses. Dans ces conditions il n’est pas étonnant non plus que la majorité de la population ait dit « halte, on ne joue plus, du moins à ce jeu là ! » et ne se soit pas rendue dans les bureaux de vote.

Ceci est une ornière politique du même ordre que celle de refuser de qualifier le PS et le gouvernement de droite, complexée sûrement mais de droite quand même car ils assument totalement une politique libérale qui a certains égards va plus loin que ce qu’avaient osé Sarkozy et ses sbires. Et si une telle lucidité se faisait jour, encore faudrait-il mettre à l’unisson les paroles et les actes politiques ; ceci est loin d’être joué ! Ce manque de courage politique voire de petits arrangements politicards n’aident pas à la clarté et la cohérence et finissent par se payer content. Dans ces conditions, avec une telle ambiguïté dans le projet politique du Front de Gauche, ses revers ou difficultés tant aux élections municipales et européennes que dans son développement dans les quartiers et les entreprises n’ont rien d’étonnant.

Une VIe République ! Oui mais une vraie, pas une monarchie déguisée !

Ceci nous amène au système d’équations suivant :

- Equation un : pour ré accéder à notre souveraineté nationale sociale, économique et monétaire il est nécessaire de se sortir de l’Europe et de l’Euro et ce n’est pas parce que l’extrême droite, démagogique, s’est emparé de ces thèmes que la gauche de gauche n’a plus le droit de les développer.

Ce retour à la souveraineté permettrait de rendre à la nation une partie de la maîtrise de ses moyens économiques et industriels. Une réflexion économique, sociale et politique devra être menée sur la place et le rôle des PME et TPE – questions en général évacuées en quelques phrases creuses – pour redéfinir avec elles d’autres bases dans les rapports entreprises – institutions, entreprises – salariés, entreprise – consommateurs …

Pour les grandes entreprises stratégiques il devient possible de poser pour certaines de celles-ci la question de la nationalisation sans tomber dans le travers de l’étatisation.

Le contexte pour la création d’entreprises gérées collectivement (Scop…) devient différent et celles-ci peuvent devenir autre chose que des appendices des grandes entreprises du CAC 40.

- Equation deux pour retrouver une possibilité de souveraineté populaire il faut sortir du système institutionnel actuel et l’ensemble tirage au sort – consultations populaires semble être un bon candidat. Ce mode de fonctionnement ne doit pas être une singularité au niveau national. Il implique le changement progressif du fonctionnement et des rapports sociaux au sein de toutes les institutions et d’une façon ou d’une autre au sein des entreprises.

Ceci, il me semble, créerait une rupture dans « les équilibres » imposés depuis des décennies. L’ensemble constitutionnel sur lequel repose la Ve République et son pouvoir monarchique se trouverait de fait caducs.

C’est dans ces termes, je crois, que l’on peut concevoir l’idée d’une VIe République.

Je ne suis pas certain que cette vision des choses soit aujourd’hui très acceptable par les partis ou rassemblements – c’est un peu leur retirer le pain de la bouche voire leur gagne pain - Elle ne rentre pas dans leurs perspectives essentielles et leurs traditions mais elle me semble correspondre à l’état de la crise politique et sociale que nous vivons actuellement. Ce serait la fin d’une caste politique qui sévit en tous lieux y compris à l’international et qui parasite le système social et économique pour leurs profits propres, enfin pas toujours très propres ! Ce serait commencer à rendre au peuple ce qui lui appartient : sa souveraineté et l’accès aux richesses qu’il produit.

Tout ce qui a été essayé jusqu’à ce jour n’a pas fonctionné, du moins pour les intérêts de la population. Le système électoral avec toutes ses variantes nous a emmené où nous sommes c’est-à-dire pas loin de la catastrophe. Je pense que le moment est arrivé de sauter dans l’inconnu. Ce n’est agréable pour personne, l’incertitude est angoissante – surtout pour ceux qui ne sont jamais certains de boucler leur fin de mois - mais elle est l’expression de la vie, la seule certitude que nous ayons est celle de notre finitude.

C’est dans ce cadre qu’il me plait de rêver une VIe République.

Et maintenant ?

En attendant, puisqu’il faut bien faire quelque chose pour faire avancer le schmilblick, dans notre coin de Bretagne, nous avons mis en place un Collectif FdG où chaque participant – adhérant compte pour un, qu’il soit membre d’un parti, d’une association, d’un syndicat ou membre de rien du tout.

Nous essayons de travailler :

1) Au maximum au consensus - ce qui n’enlève rien au débat - pour cela il faut le temps nécessaire à la réflexion et à la cognition et ce n’est pas la temporalité des élections.

2) Sur le terrain, par exemple sur les problèmes de l’agro-alimentaire et de l’agriculture au travers de la fermeture de la conserverie locale. Ou bien, sur les incidences de la politique de la SNCF sur notre gare qui se fait dépouiller de ses employés. Nous essayons de donner, dans notre réflexion et aux yeux de nos concitoyens une cohérence entre ces divers volets de la vie de notre société. L’objectif, ici, n’est pas de faire dans l’opportunisme, pour construire cette cohérence encore faut-il que nous ayons des idées à peu près claires sur quel type de ruptures nous voulons, où nous proposons d’aller, idées que nous souhaitons mettre en débat. A la lecture de ce qui se publie dans la gauche de gauche, ce que nous voulons et où nous nous proposons d’aller ne me semblent pas très évidents.

3) Plus largement, en nouant des contacts horizontaux avec d’autres Collectifs qui ont des préoccupations voisines pour essayer de créer des convergences sur nos réflexions et nos actions même et surtout si elles restent multiples et spécifiques.

Et, si nous arrivons à être assez nombreux et efficaces peut-être créerons nous des émergences dans la configuration politique et sociale locale.

Pour cela, nous essayons de ne nous laisser parasiter le moins possible par les échéances électorales à répétition et de développer l’information la plus large possible de nos concitoyens.

S’il semble souhaitable, logique d’aller du local au global, cela implique d’avoir partout des idées et actions locales qui émergent d’une fermentation collective. Cela veut également dire qu’il faut éviter l’enfermement et s’inscrire dans une dimension nationale voire internationale (voir l’évolution du mouvement du Larzac). C’est certainement là qu’une organisation du FdG – ou tout autre chose de mieux adaptée et ne reproduisant pas les défauts politiques et organisationnels des partis, ce qui est loin d’être le cas en ce moment au FdG - serait utile mais cela dépasse clairement et largement les problèmes cartel, pas cartel …

Enfin, en résumé, devant ces perspectives qui feront j’espère leur chemin, contrairement à ce que pensait un camarade l’autre jour, je ne suis pas pessimiste, j’essaie juste de respecter la règle de réalité. Comme dans ma carrière scientifique je sais que la réalité est à multiples « vérités » et nous n’en voyons que ce que nous permettent les différentes lunettes avec lesquelles nous les regardons. C’est pour cela que j’essaie d’avoir le plus de lunettes possibles ceci m’évitera sûrement de me raconter trop d’histoires et surtout d’en raconter aux autres.

Très amicalement

Christian


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