6ème république : La France au rythme des humeurs du monarque

mardi 9 septembre 2014.
 

Le pays aurait tant à faire. Il y a tant de jeunes en formation, tant de postes à pourvoir, tandis que l’urgence écologique nous mord la nuque. Mais ce grand pays bouillonnant d’intelligences est ramené à une dimension étriquée : les couloirs du palais présidentiel. C’est là que l’avenir se décide. Ou qu’il se ferme. La France vit donc au rythme des humeurs du monarque. Cette semaine ce furent celles de son ancienne « Première Dame ». Tristes « secrets » sur un homme faux et manipulateur : rien qu’on ne sache déjà. Comme quoi la monarchie, fût-elle présidentielle, s’apprécie mieux de loin.

Il en va ainsi du débat qui occupe, paraît-il, l’entourage du Président sur son identité politique : social-démocrate ? social-libéral ? Socialiste, personne ne s’y risque quoi qu’il l’ait affirmé une fois. C’est dès 2007 que Jean-Luc Mélenchon retraçait dans un livre, « En quête de gauche », l’évolution de ces anciens chefs de la social-démocratie vers un horizon qu’il baptisa démocrate, car leur politique officiellement réconciliée avec le capital n’avait plus rien de social, dans la lignée des « démocrates » italiens ou états-uniens. Le hollandisme ne nous apprend donc rien, sauf une chose. La manière dont la mutation dont il est l’expression a emprunté le véhicule de la Cinquième République pour s’imposer. Car si le blairisme ou le schröderisme prirent aussi la forme d’un coup de force, celui-ci se joua à visage relativement découvert, contre le « vieux parti ». En témoignent le besoin de théorisation d’un Blair ou les oppositions ouvertes de militants comme Oskar Lafontaine que l’on va retrouver à la fondation de Die Linke.

En France, la Cinquième République offrit à Hollande la possibilité de tourner sans le dire. Ce régime permet au détenteur du pouvoir maximal d’être élu sur toutes les ambigüités et de ne rendre ensuite de comptes à personne, et surtout pas au peuple dont il est censé tirer directement sa légitimité. Occuper l’Elysée lui suffit à donner le la au Gouvernement, à contrôler le Parlement, à se passer du parti majoritaire et de son réseau d’élus, hier vital pour la conquête du pouvoir mais devenu un poids dont le monarque élyséen se déleste comme d’habits démodés.

Paradoxe, le débat confisqué de la dernière présidentielle, dissimulé sous les habiletés du discours du Bourget, étouffé par l’arnaque du « vote utile », ne surgira que dans la mort de ce régime présidentiel. En nous battant pour la Sixième République et la Constituante, nous ne faisons en sorte que poursuivre le travail. En concentrant nos efforts sur le verrou qui enferme l’initiative populaire par l’escamotage des débats essentiels. Les Français ne sont pas condamnés à disserter sur la fraude aux allocations chômage au moment où un ministre se fait pincer pour non déclaration récurrente au fisc de son pays. Le moment monte où l’on discutera enfin les choix essentiels. Mais c’est à nous d’en fixer le mode d’emploi. C’est ce que nous faisons en précisant le périmètre et le mode opératoire de la Constituante. Non pas dans le souci de regrouper des réponses identiques mais de nous accorder sur les questions qui se posent. L’essentiel étant que le peuple s’en rende maître.


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