MAROC : renforcement de la répression tous azimuts depuis des mois

lundi 3 novembre 2014.
 

Le Maroc est à l’honneur en France, en ce mois d’octobre, avec deux prestigieuses expositions : « le Maroc médiéval-un empire de l’Afrique à l’Espagne », au Musée du Louvre, et « Maroc contemporain », à l’Institut du monde arabe, qui témoigne du dynamisme de différentes disciplines artistiques au Maroc (peinture, photographie, vidéo, installations) avec quelques véritables audaces, dont on trouverait difficilement la trace dans la plupart des pays arabes.

Cette dernière exposition ambitionne une fois de plus, de promouvoir l’image d’un Maroc moderne et progressiste. Les autorités marocaines ont prévu d’organiser à L’IMA diverses manifestations à l’appui de cette démonstration, comme une conférence le dimanche 12 octobre, sur « Les Droits de l’Homme au Maroc » en partenariat avec le Conseil national des Droits de l’Homme du Maroc, en présence de son Président Driss el Yazami, ancien opposant réfugié en France pendant des années, mais finalement rallié au régime. Ce dernier a habilement su présenter quelques progrès incontestables (extension des droits de la femme, interdiction de déférer les civils devant Les tribunaux militaires), mais les représentants de toutes les organisations marocaines de défense des droits de l’homme (ASDHOM, OMDH, et organisations de soutien aux Sahraouis) étaient venus lui porter la contradiction, avec de « munitions » abondantes. Le débat est resté courtois, mais les organisateurs ont préférés lever la séance au bout de deux heures, plutôt que de voir les choses dégénérer…

Ce type de manifestation montre à quel point le Maroc est soucieux d’entretenir cette image d’un pays « différent » et démocratique, ayant su tirer les leçons du printemps arabe. Cette image a la vie dure, tant il y a de complices pour la véhiculer, dans les médias, les milieux politiques et les milieux d’affaires. Et pourtant, il est urgent et indispensable que nous la détruisions méthodiquement. C’est ce qui peut le mieux aider nos camarades des organisations véritablement progressistes qui luttent sur place avec courage, malgré les obstacles et les difficultés.

En réalité, le Maroc connait une phase de renforcement de la répression tous azimuts depuis des mois. Pour ne citer que deux cas les plus récents :

a) neuf jeunes chômeurs viennent d’être condamnés à 16 mois d’emprisonnement fermes, pour avoir simplement manifesté sur la voie publique.

b) Wafae Charaf, la jeune militante du parti de la Voie Démocratique vient de se voir condamner en appel à Tanger à deux ans de prison ferme pour faux témoignage, malgré la campagne internationale à laquelle le PG a participé. Il y a là une volonté claire d’intimider tous ceux qui voudraient protester contre les difficultés de la vie quotidienne, la montée des prix, les injustices et la corruption qui rongent la société marocaine. Mais cette intimidation n’a pas l’effet escompté :

le 29 octobre trois grands syndicats : l’UMT, la CDT et la FDT appellent ensemble pour la première fois à une grève générale. Celle-ci vise à protester contre la politique néo-libérale du gouvernement BenKirane, qui s’attaque à une réforme des caisses de retraite qui se traduira par une baisse de ressources des retraités. La coalition syndicale va tenter d’obtenir le ralliement de l’UGTM, la fédération proche du parti de l’Istiqlal, qui a quitté le gouvernement il y a quelques mois.

La date du 29/10 choisie pour la grève générale est tout un symbole : c’est celle de l’anniversaire de l’enlèvement et de la disparition de Mehdi Ben Barka.

Un rassemblement le samedi 01 Novembre 2014 à 15h devant l’Ambassade du Maroc à Paris pour dénoncer l’escalade des interdictions.

Cathy BILLON-BAROUILLET

B) Appel en soutien aux organisations de droits humains au Maroc

A quelques semaines de la tenue du Forum Mondial des Droits de l’Homme au Maroc, les autorités marocaines poursuivent leur escalade à l’encontre des organisations et des militant(e)s des droits humains. Depuis juillet dernier, plus de 20 sit-in de l’Association Marocaines des Droits Humains (AMDH) ont été interdits. L’association a également reçu 17 suspensions d’utiliser des salles publiques, préalablement réservées, sans aucun fondement ni justification.

D’autres organisations ont enduré des interdictions comme la Ligue Marocaine de Défense des Droits de l’Homme (LMDDH), l’Instance Marocaine Des Droits Humains (IMDH), la Fédération Nationale de l’Enseignement (FNE), affiliée à l’Union Marocaine du Travail-Tendance Démocratique, etc. La section Maroc d’Amnesty International qui a lancé une campagne internationale pour l’arrêt de la torture au Maroc s’est vue interdire l’une de ses activités. L’association Freedom Now qui a pour objectif de défendre la liberté de presse et d’expression s’est vue également refuser son dépôt légal. L’Union Marocaine du Travail-Tendance Démocratique a connu le même sort quant au dépôt de son dossier légal.

Entre 2010 et 2014, des centaines de militant(e)s de droits humains, de syndicalistes étudiant(e)s ou d’activistes du mouvement du 20 février ont été poursuivis ou condamnés à des peines de prison. A ce jour, Wafaa Charaf et Oussama Housne, croupissent dans les prisons pour avoir dénoncé la torture qu’ils ont subie.

Le mouvement des droits humains au Maroc n’est pas resté les bras croisés. Les militant(e)s ont interpellé le ministre de la justice et d’autres membres du gouvernement ainsi que les responsables du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH). Des organisations internationales comme le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH), la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) ont exprimé leur préoccupation face à la multiplication des atteintes aux libertés d’association et de réunion et des entraves à l’action des ONG de défense des droits humains. Enfin, 90 sections locales de l’AMDH ont organisé, le 15 octobre, des sit-in pour protester contre la répression du mouvement des droits humains dans son ensemble.

Pour dénoncer cette escalade d’interdictions et exprimer notre soutien aux organisations de droits humains et toutes les victimes des politiques répressives au Maroc, nous vous appelons aux Rassemblements le samedi 1 novembre 2014 à 15h devant les Ambassades du Maroc à Paris et à Bruxelles et devant le consulat du Maroc à Montréal.

Premiers signataires :

Organisations :

AMDH-Paris/IDF ; AMDH-Belgique ; AMDH-Nord/France ; Union Syndicales Solidaires ; Comité de soutien du Mouvement du 20 février – Montpellier ; Sortir du colonialisme ; Association de Solidarité avec Le Peuple Marocain (SLPM) ; Cap Démocratie Maroc (Capdema) ; Confédération National du Travail (CNT-F) ; Fédération Nationale de l’Enseignement-ELCO France ; Comité de soutien à l’AMDH au Québec (CSAQ) ; Comité d’action et de soutien aux luttes de peuple marocain ; Association des Marocains de France (AMF) ; Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) ; Solidarité Maroc 05 (Gap Hautes Alpes France) ; Massira, collectif citoyen de soutien aux luttes sociales et démocratiques en Algérie ; Parti Communiste Français (PCF) ; Observatoire Amazigh des Droits et Libertés/Maroc (OADL) ; Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ; Le Parti de Gauche (PG) ; Europe Écologie Les Verts (EELV) ; Association des Marocains de Belgique pour la défense des Droits de l’Homme (AMBDH), La Voie Démocratique-Paris/IDF, Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuple d’Afrique (AFASPA), Mouvement du 20 Février Paris/IDF, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples/Lille (MRAP-Lille), Le Manifeste des libertés, Ligue des droits et libertés/Canada, L’inter-collectif de solidarité avec les luttes des peuples du monde arabe (l’Inter-Co)

Personnalités :

Stéphane Enjalran : Secrétariat national Union syndicale Solidaires, Mouhieddine Cherbib : Militant des Droits Humains, Joseph Tual : journaliste et grand reporter, Khadija Ryadi : lauréate du prix ONU pour les droits humains, Christian Mahieux : commission internationale Union syndicale Solidaires, Marie-Christine Vergiat : Député Européenne, Patrick VASSALLO : conseiller communautaire de Plaine Commune et conseiller municipal délégué de Saint-Denis, Mohamed Salmi : Défenseur des Droits Humains, René Galissot : historien et professeur émérite, Abdellatif Laâbi : intellectuel, poète, romancier, homme de théâtre, traducteur et fondateur de la revue Souffles, Pierre Vermeren : Historien du Maghreb contemporain, Christine Poupin : porte-parole du NPA, Abderrahmane Cherradi : journaliste, Président de AMBDH, Marguerite Rollinde : chercheur, politologue et militante, Bachir Ben Barka : universitaire ; Mohdeb Said, syndicaliste ; Abderrahim Afarki : bibliothécaire, ancien prisonnier politique marocain ; Karima Delli : députée européenne EELV ; Hayat Bousta : militante des Droits Humains ; Louisette Faréniaux : universitaire filmologue ; Hind Arroub : Politologue, chercheur, militante, Fondatrice et Dérictrice du think tank Hypatia of Alexandria Institute for Reflexion & Studies ; Alima Boumediene Thiery : Avocate et ex-sénatrice ; Michelle Demessine : Sénatrice du Nord ; Alain Krivine : ex-député européen (NPA) ; Roseline Vachetta : ex-députée européenne (NPA) ; Saâd Zouiten : militant des Droits Humains,


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