Patrick Devedjian, Juifs et Arabes : abjection et falsification de l’Histoire

mardi 22 septembre 2015.
 

Vendredi, au cours d’une conférence de presse dans les locaux de la préfecture d’Ile de France, le député des Hauts de Seine Patrick Devedjian s’est livré selon ses dires à « une boutade déplacée » dont la teneur exacte est :

« Les Allemands nous ont pris nos Juifs, ils nous rendent des Arabes ».

Boutade ? La contamination du politique par les émissions people n’excuse rien.

Propos racistes abjects, dans l’air du temps, malheureusement courants aujourd’hui – sous des formes diverses – de la part des plus hauts représentants de l’Etat, de la part des hommes politiques de tous bords.

Propos relevant des tribunaux.

Propos historiquement faux que nous ne pouvons laisser sans réponse dans cette période où se pose à nouveau à l’Europe, à la France, la question de l’accueil de réfugiés fuyant la guerre et ses ravages dans de nombreux pays du Moyen-Orient, cette question fallacieusement présentée comme étant une question de quotas.

Sur la question des quotas, nous nous sommes déjà exprimés, avons rappelé qu’au cours de la Conférence d’Evian de juillet 1938, organisée sous l’égide de Franklin Roosevelt pour trouver une solution globale à la question des réfugiés – juifs et antifascistes – fuyant l’Allemagne nazie et l’Europe de l’Est, les Etats-Unis, l’Angleterre et la France ont refusé l’accueil de ces personnes, invoquant « les quotas ».

Nous connaissons les conséquences...

A propos de la première partie de la « boutade » de ce monsieur :

« Les Allemands nous ont pris nos Juifs »

rappelons qu’en réalité, c’est la France qui a livré aux nazis les juifs apatrides ou redevenus tels vivant en France ou réfugiés après les avoir arrêtes et parqués dans les camps de concentration français ouverts pour beaucoup spécialement pour les interner.

Faut-il rappeler à ce monsieur que la SNCF facturait aux préfectures d’où partaient ces malheureux, leur transport jusqu’à Drancy en général, jusqu’à la frontière allemande ensuite ?

Que plusieurs mois après la Libération, les services comptables de la SNCF continuaient à exiger des sommes dues.

Une vérité que nul ne peut remettre en question :

C’est la France qui a arrêté et livré volontairement les Juifs de France aux nazis. Nuance.

Aujourd’hui, où le racisme européen, le racisme français, s’est déplacé sur un nouveau groupe humain, que l’islamophobie supplante l’antisémitisme dans le discours politique ambiant, nous sommes devenus pour ces messieurs – de droite comme de gauche – LEURS JUIFS, passant ainsi du statut de citoyens à celui d’individus protégés comme aux temps des rois de France.

Tragique recul politique.

Reste l’abjection de la seconde partie de cette « boutade »

« ils nous rendent des Arabes ».

En somme, pour cet individu, Juifs et Arabes ne sont que des produits d’échange, plus ou moins de bonne qualité, acceptables ou non selon l’époque, mais toujours soumis à des quotas, à des restrictions de circulation.

Quand des hommes politiques, des élus, profèrent de tels propos, à ce point abjects, il est de notre devoir, à nous Juifs progressistes, antifascistes, d’alerter nos concitoyens sur les dangers qui nous menacent tous.

Bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix, le 13 septembre 2015


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