Retraites complémentaires Le Medef fait encore reculer l’âge de départ à la retraite

samedi 24 octobre 2015.
 

A) Ce que dit le triste "accord" que la CFDT, la CGC et la CFTC paraissent valider. Honte à eux

Pour "sauver les régimes de retraites complémentaires", le Medef a maintenu vendredi sa volonté d’"inciter" les salariés à travailler plus longtemps. Il a proposé la mise en place d’un système de bonus-malus, pour les départs à la retraite ne dépendant plus uniquement de l’âge mais aussi de la durée de cotisation. Leur objectif : inciter les salariés, à partir de 2019, à travailler une année de plus, une fois qu’ils ont rempli les conditions nécessaires pour partir avec une retraite à taux plein (âge légal de 62 ans et durée de cotisation de 41,5 ans).

Ainsi, un salarié remplissant ces deux conditions qui déciderait de prendre sa retraite à 62 ans verrait sa retraite complémentaire amputée de 15% la première année, 12% la seconde et 10% la troisième, avant de récupérer une retraite à taux plein à 65 ans. En revanche, s’il travaille jusqu’à 63 ans (soit 4 trimestres de plus) ce malus serait annulé.

Autre cas de figure, une personne disposant de ses annuités à 64 ans devrait attendre 65 ans, pour partir à la retraite sans subir de décote. Des bonifications de 10, 20 et 30% seraient au contraire appliquées pendant un an pour les salariés restant en activité deux, trois ou quatre ans de plus. Les retraités modestes exonérés de CSG ne seraient pas concernés.

B) L’âge de la retraite ne peut reculer à 64 ans comme le demande le MEDEF (par Gérard Filoche)

Nouvelle séance de négociation sur les retraites complémentaires le 16 octobre. Les propositions du Medef visent à reculer le départ en retraite à 64 ans. Partir plutôt entraînerait un abattement sur la retraite. Totalement inacceptable !

Le patronat propose d’introduire des abattements au montant des pensions complémentaires versées avant 64 ou 65 ans. Partir à 62 ans entraînerait un abattement de 25% de sa pension et à 63 ans 15% de moins ! Le taux plein ne serait garanti qu’à 64 ans.

Rappelons que pour une retraite à taux plein, la règle est d’avoir 62 ans et 166 trimestres de cotisation. Cette règle, contenue dans la loi pour le régime général n’est pas remise en cause en droit. Mais, en fait l’abattement proposé par le Medef ne peut avoir que deux conséquences : soit reporter l’âge de départ à 64 ans, soit partir avec une pension amputée pendant deux ans.

Non seulement, le Medef n’accepte pas de jouer sur les paramètres de financement en augmentant les cotisations patronales mais il pousse à modifier les deux autres paramètres que sont l’âge de départ et le montant des pensions.

En faisant jouer à la baisse les pensions, le patronat tente d’ouvrir à nouveau le « marché « des retraites aux assureurs privés et aux banques. En repoussant l’âge du taux plein il fait le pari du retour de la droite en 2017 pour repousser une nouvelle fois l’âge de départ en retraite.

Pour bien se faire comprendre, le patronat propose d’aggraver le gel des pensions – ce qui est déjà le cas – un nouveau report de la date de revalorisation des pensions, un gel de la valeur du point couplé avec un hausse du prix d’acquisition des points ARRCO et AGIRC …

L’objectif est de parvenir à un régime complémentaire dit « à cotisations définies ». Dès lors que les sources de financement sont taries, l’équilibre financier n’est possible qu’en baissant les pensions des retraité-e-s, en réduisant le niveau des futures pensions au regard du salaire de fin d’activité, en reculant l’âge de départ en retraite.

Les soi-disant efforts financiers sur quelques années pour rétablir les comptes masquent de plus en plus mal un objectif de fond : bouleverser le système de retraite solidaire construit depuis la libération et basé sur des prestations garanties. Cette attaque doit être appréciée à son juste niveau et combattue fermement.

Toutes les organisations syndicales rejettent aujourd’hui les propositions patronales. Et comme le pointe la CGT, « les entreprises bénéficient de plus de 200 milliards d’aides publiques sous différentes formes (exonérations, CICE, pacte de responsabilité….) et ne pourraient pas trouver les 8 milliards nécessaires pour assurer le versement des retraites complémentaires à l’horizon 2020 ? ».

Alors que la droite (Sarkozy, Wauquiez…) met en cause la représentativité des syndicats de salariés, Manuel Valls a justement rappelé l’importance de ce qu’il appelle « les corps intermédiaires ». On serait en droit d’attendre de la gauche au gouvernement un soutien aux syndicats face aux exigences du Medef. Mais on attend…et on n’entend rien !

C) Déclaration du bureau confédéral CGT

Le Medef impose un report du départ en retraite d’un an par rapport à l’âge du taux plein. Les salariés qui ne pourraient différer leur départ subiraient les trois premières années de retraite un abattement de 10 % : une double peine pour les 56 % de salariés qui ne sont plus en emploi et pour les femmes dont la pension est déjà en moyenne inférieure de 40 % à celles des hommes et de 60 % pour les femmes cadres.

Les jeunes générations verraient le niveau de leurs futures pensions diminuer de 8,5 % supplémentaires. Les retraités essuieraient de nouvelles baisses de leur pouvoir d’achat pendant trois années supplémentaires, outre le report au 1er novembre de la revalorisation de leurs pensions.

Au total la contribution des salariés actifs et retraités s’établirait à 95 % du besoin de financement contre 5 % pour le Medef : soit 5,7 milliards à la charge des salariés et retraités contre 300 millions pour le patronat.

Pour autant les régimes ARRCO et AGIRC ne seraient pas équilibrés. Le Medef propose donc de mutualiser les réserves des régimes. Il s’ensuivrait un épuisement anticipé de quatre années des réserves de l’ARRCO qui induirait à terme une baisse du niveau des pensions pour tous. De surcroît, l’accord troque l’existence du régime complémentaire AGIRC contre un engagement à ouvrir une négociation interprofessionnelle sur la notion d’encadrement. Un marché de dupes très lucratif pour le Medef !

Nouvelle preuve en est que le dialogue social nécessite l’intervention des salariés sur tous les sujets qui les concerne pour être efficace

D) Retraites complémentaires. Pour FO, "l’accord proposé est un marché de dupes"


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