Le Front National est un ennemi de la culture

mardi 1er décembre 2015.
 

Benoît Schneckenburger

Secrétaire national du Parti de Gauche ; Olivier Bonafé, co-secrétaire du Parti de Gauche Paris

Toujours en quête de dédiabolisation Marine Le Pen s’est adressée au monde de la culture, pour les rassurer. Pourtant nous n’oublions pas les mauvais coups portés par l’extrême droite à la culture partout où elle passe. Personne ne croira que pour le Marine Le Pen les artistes « comptent à [ses] yeux pour la région, l’animation de sa vie culturelle et l’effervescence créative qu’elle doit impulser » ou encore qu’ « aucune forme d’art ne doit […] être négligée ». Elle veut faire croire que « chaque artiste doit être respecté et la création sera accompagnée autant que cela est possible ». Autant que possible, entendons par là, en tenant compte des budgets austéritaires que le Front National promet d’appliquer sans ciller dans toutes les régions. Pour ne prendre que l’exemple du candidat en Ile de France, Wallerand de Saint-Just, ce dernier annonce des suppressions dans le budget de la culture de près de 40 millions d’euros.

En réalité, le Front National déteste les artistes et la culture comme le montrent les actes de ses élus. Les municipalités où le parti frontiste est aux commandes donnent un avant-goût de ce que le FN pourrait proposer en la matière, en cas de nouvelles avancées électorales aux régionales.

Ainsi, Sébastien Chenu, responsable du pôle culture du FN, qualifie de "spectacle étrange" l’art contemporain. Sa position est toutefois modérée comparé au florilège de qualificatifs des responsables FN à propos des formes d’art qui n’ont pas l’heur de leur plaire : « dégueulis de haine » (Stéphane Ravier au sujet du rap) ou encore « spectacles dépravés » (Isabelle François au sujet d’une compagnie de danse). Les élus FN n’hésitent pas à saccager des oeuvres comme en 2014, lorsque le maire d’Hayange, Fabien Engelmann a fait repeindre une sculpture qu’il jugeait « sinistre » sans prendre la peine d’en avertir son auteur Alain Mila. Ce dernier a par la suite dénoncé une violation manifeste du droit moral.

De son côté Marion Maréchal Le Pen se lamentait que « [nos] impôts servent à financer les délires d’esprits manifestement dérangés ». Le Front National est manifestement gêné par les formes d’arts qu’il ne comprend pas. Quand à Jean-Claude Philippot, candidat FN à la mairie de Reims en 2014, il qualifie d’« écrin pour de la merde » les financements octroyés à l’art contemporain. Les artistes en question et leur public apprécieront.

En réalité, le Front National est un ennemi de la culture. A moins bien sur qu’elle ne serve ses intérêts, comme ce fut le cas l’été dernier, lorsque David Rachline a invité In Memoriam, groupe de rock d’extrême droite, à se produire aux arènes de Fréjus. Un événement proposé par une entreprise d’événementiel proche du FN "la patrouille de l’événement".

Voilà ce que fait le Front National, il patrouille, il juge et censure la culture qui ne lui sied pas. Marine Le Pen pourra bien écrire des lettres par dizaine, rien n’effacera les déclarations et les actes du Front National attaquant la culture partout et à chaque fois que cela lui est possible.


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