Régionales 2015 : Vote des salariés, par syndicat, pour le FN

vendredi 24 juin 2016.
 

Dans une étude réalisée par l’Ifop, à l’issue du premier tour des régionales, il apparaît que seuls 44 % des travailleurs et 47 % de proches d’un syndicat se sont rendus aux urnes

Les salariés proches d’un syndicat votent moins pour le Front national

C’est ce qui ressort du sondage Ifop réalisé pour l’Humanité, à l’issue du premier tour des régionales qui ont eu lieu dimanche. Un scrutin marqué par une abstention plus forte du monde du travail puisque seuls 44 % des salariés et 47 % des salariés proches d’un syndicat se sont déplacés contre 50,5 % pour l’ensemble des électeurs. « Un effet lié à l’âge car ce sont les retraités qui se sont le plus mobilisés dimanche », note le directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, Jérôme Fourquet. Selon lequel, 29 % des salariés se déclarant proches d’un syndicat ont voté Front national contre 32 % pour l’ensemble des salariés et 33 % pour ceux n’ayant de proximité avec aucun syndicat.

L’an dernier, lors des élections européennes, si 30 % des salariés avaient voté FN, ceux s’estimant proches des syndicats n’étaient « que » 25 %. « Même si les syndicats restent un léger rempart contre le vote FN, on constate que le parti d’extrême droite a une audience plus forte vers le monde du travail qui est assez semblable à celui des Français. Et ce quelle que soit l’organisation syndicale dont ils se sentent proches », note le sondeur.

Le vote FN, syndicat par syndicat

L’organisation syndicale à voter le plus pour la formation de Marine Le Pen reste Force ouvrière, avec près de 34 % des sympathisants contre 33 %. « Historiquement FO est formé de deux blocs, l’un d’extrême gauche et l’autre très gaulliste qui formait l’électorat populaire issu du monde du travail de la droite. Or, celles-ci ont été vampirisées par le FN », analyse Jérôme Fourquet.

Les sympathisants CGT sont 27 % à avoir voté FN contre 22 % aux européennes. « La rupture du lien social provoquée par la croissance du chômage, les discours irresponsables contre l’immigré bouc émissaire, le culte de la concurrence et de l’individualisation dans l’entreprise enracinent la montée du Front national », a analysé la CGT cadres dans un communiqué, voyant dans ce premier tour « la faillite des politiques d’austérité ». C’est en revanche chez les proches de la CFDT avec 26 % contre 17 % en 2014 que le parti d’extrême droite réalise sa plus forte progression. Une organisation qui, au même titre que la FSU, la CGT ou encore l’Unsa, avait communiqué avant le premier tour, afin de mettre en garde ses syndiqués mais surtout les salariés contre la supercherie d’un vote FN. « Ce n’est pas surprenant, nous avons senti que chez les salariés, les idées du FN touchent l’ensemble du monde du travail. Aucune catégorie, aucun secteur n’est épargné. Ce sondage est un encouragement à poursuivre le travail que nous avons mené avec pédagogie, mais aussi avec fermeté depuis plusieurs mois. Un travail de persuasion qui prend du temps », a réagi Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT.

Plus réjouissant. Avec plus de 40 % des votes, la gauche reste en tête chez les salariés. Un score qui grimpe à 48 % chez les proches d’un syndicat. Sans surprise, le Front de gauche confirme sa première position chez les proches de la CGT avec 35 %, même si, cette fois, pour des raisons pratiques les sondeurs ont aggloméré les résultats des listes EELV ou Nouvelle Donne. Lors des européennes, ces listes totalisaient 37 % dont 30 % pour le Front de gauche. Les listes PS réalisant de leur côté 23 % contre 19 % en 2014. Les électeurs proches de FO qui ont le plus voté Front national sont ceux dont la première intention était de « sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement » (45 % contre 30 % en moyenne pour les autres). ■

par Clotilde Mathieu, L’Humanité


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