MARIE-GEORGE BUFFET : Quoi qu’il arrive, le PC n’explosera pas

mercredi 28 mars 2007.
 

Propos recueillis par Eric Hacquemand

Si vous échouez à la présidentielle, le PCF, notamment pour des raisons financières, peut-il disparaître ?

Marie-George Buffet. En 2002 (NDLR : Robert Hue a recueilli 3,37 % des voix), nous n’avons pas explosé. Il a fallu faire des efforts, notamment sur le plan financier. Nous l’avons fait. Quoi qu’il arrive, le PC n’explosera pas en 2007. Notre résultat sera important pour faire bouger la gauche en 2007, mais l’avenir des communistes ne dépend pas du score à la présidentielle. Leur combat se poursuivra bien après parce que tant que des hommes et des femmes auront envie d’égalité, de fraternité et de liberté, il y aura besoin d’un Parti communiste. Nous l’avons bien vu lors de la campagne contre la Constitution européenne où le PC a montré son utilité. Nous avons 134 000 adhérents qui paient des cotisations. Le PC peut aussi s’appuyer sur 13 000 élus qui reversent tout ou partie de leurs indemnités. Ce sont des atouts.

Craignez-vous une victoire de la droite ?

A quatre semaines de l’élection, rien n’est joué. Battre la droite et réussir à gauche n’est pas gagné. Je ressens un grand intérêt des Français et une énorme incertitude. Dans les meetings, beaucoup viennent par curiosité en ne sachant pas ce qu’ils vont voter. Comme en 2002, les électeurs vont se décider au dernier moment. Ils attendent d’avoir tous les projets en main et des débats contradictoires pour se prononcer.

Nicolas Sarkozy affiche sa sérénité...

Sarkozy est un véritable danger pour la République. Regardez son bilan à la tête du ministère de l’Intérieur : non seulement il n’a pas réglé le problème de l’insécurité mais il a opposé les banlieues à la police nationale et stigmatisé la jeunesse. Il va même jusqu’à faire arrêter une directrice qui s’oppose à une arrestation dans une école (lire en page 10)... Il est donc urgent de mobiliser l’électorat de gauche. Or je suis très inquiète de constater qu’il ne dépasse guère, pour l’instant, 35 % dans les sondages.

Comment expliquez-vous cette faiblesse ?

Ségolène Royal mène une campagne qui ne correspond pas aux attentes des électeurs de gauche. Ils attendent des choix courageux : réforme de la fiscalité, remise en cause de l’Europe libérale, hausse du pouvoir d’achat, mise en place d’un grand pôle public de l’énergie... La candidate socialiste ne porte pas une telle détermination et n’incarne pas ce profond désir de changement. Si on veut réveiller la gauche, il faut tenir un discours clair sur les combats et les valeurs de gauche. Ce n’est pas le cas. Faire du « Bayrou bis » est mortifère. Car le candidat centriste est un faux nez de la droite : Bayrou et Sarkozy, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

Mais il y a aujourd’hui cinq candidats antilibéraux...

Nous n’avons pas su prendre le chemin de l’union. Je continue de le regretter. Les socialistes qui ont voté non à la Constitution européenne nous ont en partie quittés. La LCR a estimé impossible de construire une large majorité de gauche comprenant, par exemple, des socialistes. Certaines organisations ne voulaient pas d’une candidature issue d’un parti, dont la mienne. Maintenant, l’urgence est de battre la droite.

Votre candidature ne va-t-elle pas être pénalisée par le vote utile ?

Le PS commet une énorme erreur en arguant du vote utile. La gauche n’est pas une armée qui se rangerait en rangs serrés derrière un chef. Jamais la gauche ne sera majoritaire comme cela. En utilisant de telles injonctions à se ranger derrière Royal, le PS joue contre son propre camp. Le vote utile est celui qui redonnera à la gauche sa force, sa crédibilité. C’est le sens de ma candidature.

En cas de victoire de la gauche, participerez-vous à un gouvernement avec les socialistes ?

Le programme porté par la candidate socialiste n’est pas apte à faire réussir la gauche. Ce sera donc sans nous. Pour autant, je ne partage pas les appels comme celui d’Olivier Besancenot qui visent à sanctionner Royal. Le soir du premier tour, il faudra que toute la gauche se rassemble sans négociations pour battre la droite.

Serez-vous toujours secrétaire nationale lors du prochain congrès ?

Non. Après avoir été ministre puis secrétaire nationale, je souhaite me consacrer pleinement à mon mandat de députée si je suis réélue. Je ne serai donc plus secrétaire nationale lors du congrès de 2009. La relève est prête.


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