Elysée, Solférino : La débandade s’accélère

dimanche 1er mai 2016.
 

Déjà trois semaines que les agora citoyennes “Nuit Debout” tiennent sur la Place de la République à Paris et se propagent dans l’ensemble du pays. Ce mouvement hétéroclite né de la contestation de la loi travail, d’une aspiration démocratique et la conviction de la nécessité de la convergence des luttes, révèle une contestation globale du “monde El Khomri”. Le mot d’ordre était “leur faire peur ! le 31 mars, on ne rentre pas !”. Et de fait, en face, ils ont peur et paniquent.

Les tenants du système tentent tout pour casser la dynamique citoyenne à l’œuvre mais rien n’y fait. Après avoir échoué à diviser le mouvement via les annonces en direction de la jeunesse, à le dénigrer par la répression policière visant à encourager les violences, les voilà à créer une polémique nationale autour de l’éviction de Finkielkraut de la place de la République par une poignée de citoyens.

Tout un symbole. Une grande partie de la caste politique du FN en passant par LR et le PS, aidés d’une majeure partie des médias dominants ont trouvé leur victime, le “philosophe” défenseur d’une vision la plus ethniciste et communautariste. Tout doit être tenté pour casser la dynamique sociale et citoyenne à l’œuvre. L’Euro 2016 sera bientôt invoqué pour chasser ce peuple qui ose s’approprier l’espace public !

Le débat à l’Assemblée qui débutera le 3 mai devra affronter cette irruption sociale et citoyenne, les manifestations des 28 avril et 1er mai et le développement de ces prises de places.

Bien sûr, “Nuit Debout” reste un mouvement fragile et traversé par de fortes contradictions. A la résignation et la colère contenues depuis tant d’années, la parole se libère. Bien sûr elle part dans nombre de directions, mais se mêlent débats sur l’enjeu d’une constituante, la dénonciation des paradis fiscaux sur fond de scandale mondial des Panama Papers, le partage des richesses et le travail ou encore l’envie de repenser le modèle de développement pour la justice climatique. C’est bien la logique globale du système qui est remis en cause. Les Nuit Debout se trouvent confrontées à un premier choix : s’autodéfinir comme des agoras démocratiques considérées comme un « fin en soi » ou continuer à se reconnaître dans un objectif premier et du coup “politique” : le retrait de la loi travail, également pour pouvoir repenser plus globalement la contestation du système.

Nuit Debout peut et doit rester les deux : espaces de mobilisation sociale et de contestation citoyenne. Mais pour ce faire, elles doivent persister dans la convergence des luttes sociales et syndicales, à l’instar des mouvements qui prennent place comme ‘l’hôpital debout”, les “taxis debout” qui ont décidé de venir quotidiennement à République pour se joindre au mouvement, ou des nombreux citoyens de Nuit Debout venus à la rencontre des salariés de Renault. Au-delà des débats sur la grève générale, l’enjeu de faire venir les travailleurs sur les places ou les jeunes et citadins dans les usines, Nuit Debout démultiplie et réinvente les rencontres et les luttes. C’est aussi une condition pour réussir à opérer une jonction pérenne avec les classes populaires. C’est possible, ces assemblées populaires se propagent par ailleurs dans les quartiers, les villes excentrées comme dans l’ensemble des départements.

Au-delà de ces débats, se pose bien évidemment la question du débouché politique de ce mouvement. Il est encore bien trop jeune et trop hétéroclite pour le définir, d’ailleurs pourra t-il en définir un ? Nul ne peut le dire. Mais l’essentiel c’est qu’il participe de la lutte sociale et politique et de la bataille culturelle de façon à la fois nouvelle et complémentaire du mouvement syndical. Sa capacité à définir ou pas le débouché, ne détermine pas qu’il en existe un ou pas.

Les derniers sondages viennent de tomber. Dans tous les cas de figure, F. Hollande serait battu, éjecté du 2nd tour et talonné voire même dépassé par Jean Luc Mélenchon. Bien sûr, les sondages n’ont aucune valeur prédictive. Mais ils ont cependant une valeur performative. Les courbes s’inversent et tout est possible dans ce contexte de profonde crise de régime.

Ces sondages révèlent d’ores et déjà que le tripartisme est mort et enterré et démontrent le décrochage complet des tenants du système et la majeure partie du peuple. La panique à l’Elysée et à Solférino est à son comble. Quand JC. Cambadélis en vient à qualifier A. Juppé de candidat de l’oligarchie, il ne fait que révéler que Hollande n’est précisément même plus soutenu par l’oligarchie. Certes il a fait plus que le job, en appliquant toutes les réformes structurelles exigées par Bruxelles comme la loi travail qui incarne la loi la plus régressive de la 5e. Mais il ne peut plus endiguer l’opposition du peuple, il bat les records de bide médiatique d’audience, les puissants ont donc décidé de le lâcher et de miser sur un autre valet. La débandade s’accélère et nul ne peut prédire le nombre de candidats qui seront présents dans un an à l’élection cruciale de la 5ème. Le débat autour des “primaires de gauche” relève du décalage lunaire. Le candidat de la France Insoumise est donc plus que jamais crédible pour jouer le rôle d’accélérateur et d’unificateur de la colère populaire et de sa volonté de reprendre en main son destin. Le défilé de la France Insoumise du 5 juin sera une étape importante pour la dynamique de la campagne.

Poursuivons toutes et tous notre implication, dans les luttes sociales, syndicales et les Nuit Débout, dans le respect de la pluralité du mouvement et sans tentative de récupération.

Pas de révolution sans conscience, et l’accélération des prises de conscience c’est maintenant dans l’action !

Danielle Simmonet

Co-coordinatrice politique du Parti de Gauche


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