Un lycéen anti-CPE poursuivi un an après !

dimanche 8 avril 2007.
 

Justice . Déjà condamné en mars 2006 à huit mois avec sursis, Gabriel est de nouveau poursuivi par son ancien proviseur, plutôt revanchard...

Ce n’est plus de l’acharnement, mais du harcèlement. Un an après avoir participé aux manifestations anti-CPE, Gabriel, ancien élève du lycée Louis-Armand, à Paris (15e), est de nouveau poursuivi devant les tribunaux par son ancien proviseur, plutôt rancunier. Le jeune homme doit comparaître ce matin devant la 30e chambre correctionnelle. En pleine préparation du bac.

L’affaire a débuté le 21 mars 2006. Ce jour-là, Gabriel manifeste en compagnie de 200 élèves devant son établissement. Le ton monte. Des barrières sont déplacées, des poubelles brûlées et un oeuf, peut-être deux, atterrit sur le proviseur, Jean-Armel Le Gall. Finalement, tout ce petit monde se disperse. Walid, un copain, raccompagne Gabriel chez lui avec son scooter. Les deux élèves n’iront pas loin. Ils sont interceptés par la brigade anticriminalité. Direction le commissariat, où les pandores les inculpent pour l’ensemble des faits commis ce jour-là.

Le proviseur est là, lui aussi. Et tient absolument à porter plainte pour « violences commises avec arme par destination, en l’espèce un oeuf ». Il n’a pas vu son agresseur ? Pas grave, la police lui suggère Gabriel, puisqu’ils l’ont sous la main... Les deux lycéens resteront quarante-huit heures en garde à vue. Et seront condamnés en comparution immédiate à de très lourdes peines : deux mois de prison ferme pour Walid ; huit mois avec sursis pour Gabriel. « Ils ont clairement payé pour tout le monde ! », se désole Christian Gauffre, le père de Gabriel.

Mais pour son fils, le calvaire ne s’arrête pas là. Quand Gabriel se présente à son lycée, le 27 mars, on lui en interdit l’entrée. Explication du proviseur : « C’est une mesure conservatoire qui durera tant que Gabriel fera l’objet d’une procédure judiciaire. L’annulation écrite viendra dès que les circonstances le permettront. » La condamnation ayant été prononcée, aucune « procédure judiciaire » n’est désormais en cours. Qu’importe : Gabriel attend durant des semaines la fameuse annulation. En vain. Finalement, une parodie de conseil de discipline se réunit le 22 mai et prononce l’exclusion définitive de Gabriel. Décision annulée le 14 juin par le recteur qui, après examen des faits, déclare la sanction illégale « en l’absence d’établissement de l’imputabilité des faits à l’élève ».

Affaire close ? Que nenni. En février dernier, Gabriel, désormais en terminale dans le lycée voisin Roger-Verlomme, reçoit une nouvelle citation à comparaître devant le tribunal. Pour ? « Violences commises avec arme par destination, en l’espèce un oeuf »... Gabriel découvre ainsi que la première plainte du proviseur avait été écartée par le parquet, qui n’avait retenu que les autres exactions. Le vindicatif Jean-Armel Le Gall, désavoué par le recteur, avait alors décidé de redéposer une nouvelle plainte... Le père de Gabriel est aujourd’hui très inquiet. « En cas de condamnation, les huit mois avec sursis vont se transformer en ferme ! » Une situation peu vraisemblable, selon son avocat. « Moi, je m’attends à tout », soupire Christian Gauffre.

de Laurent Mouloud


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