Contrôles au faciès : un rapport alerte sur "un phénomène massif aux conséquences imprévisibles"

vendredi 19 août 2016.
 

Pour la première fois sort en France une enquête d’une telle ampleur sur le sujet. Réalisé par les associations du collectif "Stop le contrôle au faciès", fondé en 2011, ce rapport a pour objectif de tirer la sonnette d’alarme alors que s’installe "un climat de résignation générale post-attentats, dans lequel la lutte contre les abus policiers semble obsolète".

Les associations du collectif "Stop le contrôle au faciès", fondé en 2011, rendent ce mardi public un rapport, révélé en exclusivité sur RMC, concernant "cinq ans d’écoute et d’orientation concernant des contrôles policiers abusifs". Concrètement, il s’agit de la première étude chiffrée des abus policiers et des contrôles au faciès en France. Au total, 2.283 personnes ont sollicité le pôle juridique du Collectif, au sujet d’interactions problématiques avec la police entre avril 2011 et décembre 2015.

Et, selon cette enquête, "on relève dans les saisines une série d’abus variés, dont les contrôles au faciès (dans 47,7% des cas), les violences physiques (23%), les fouilles et palpations (dans 18% des cas), les insultes (17%) ou propos racistes (13%), les intimidations - menaces, amendes infondées ou autres - (23%), et les palpations génitales, rapportées dans près de 10% des témoignages". Face à ses abus policiers, le collectif s’inquiète d’un sentiment de résignation des victimes. 92,9% des personnes s’estimant victimes d’abus policiers renoncent à porter plainte.

"Lever les mesures abusives liées à l’état d’urgence"

Ce rapport sort à l’occasion de l’ouverture des débats parlementaires sur la réforme de procédure pénale à l’Assemblée nationale ce mardi. Et ce alors que la loi anti-terroriste prévoit un élargissement des critères de contrôles d’identité. Les associations du collectif "encouragent le gouvernement à mener une campagne contre les contrôles abusifs, renforcer les pouvoirs du Défenseur des Droits, nommer une commission d’enquête indépendante au sujet des enquêtes impliquant les agents des forces de l’ordre, et de lever les mesures abusives liées à l’état d’urgence".

Elles proposent aussi "au Ministère de l’Intérieur une série de mesures facilitant le repos, la formation et le suivi psychologique anonyme et gratuit des agents de police, ainsi que leurs interactions avec le public dans un objectif d’amélioration des relations avec la population, et de leur service au quotidien. Elles invitent enfin "le Ministère de la Justice à renforcer son accueil et ses services auprès de victimes de violences plus ou moins graves de la part d’agents publics, et à faciliter les enquêtes indépendantes au sujet des faits graves les impliquant".


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