Rififi chez les Verts pour leur primaire

vendredi 14 octobre 2016.
 

Yannick Jadot et « la présidente écologiste » – De quoi la direction d’EELV se scandalise ?

C’est la petite phrase qui restera du second débat qui a opposé, jeudi 6 octobre sur BFM-TV, les quatre candidats à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts. S’agaçant des déclarations de Cécile Duflot, qui n’a cessé de dire qu’elle souhaitait être la prochaine « présidente écologiste », le député européen, Yannick Jadot, a fini par lâcher : « Je ne crois pas qu’il y ait un président écologiste en 2017. » Des propos qu’il a répété et qui ont fait l’effet d’une petite bombe au sein du parti écologiste. Même ses équipes ne s’y attendaient pas.

Pour s’en expliquer, M. Jadot a envoyé un mail après le débat à ses soutiens, que Le Monde s’est procuré. Intitulé « Oulala Jadot a osé dire qu’on n’allait pas gagner la présidentielle dans 6 mois ! », ce texte répond aussi aux attaques du camp Duflot après ses propos. « Pour convaincre, l’écologie mérite mieux que la méthode Coué, attaque M. Jadot. Les gens se rendent compte quand on les prend pour des andouilles, et ils trouvent même que c’est une marque de fabrique des politiciens, ils ne relèvent plus, mais il ne suivent plus non plus. » Ce dernier entend donc « reconquérir les déçus de la politique et les déçus de l’écologie » en leur tenant « un discours de vérité, pas en leur proposant de devenir des autruches ».

« Dire la vérité »

Sans la citer, il s’en prend directement à Cécile Duflot qui entend « déminoriser » l’écologie politique. Pour y parvenir, estime le député européen, « il ne faut pas la ridiculiser en répétant comme un mantra qu’on va devenir présidente alors que 99,99 % des Françaises et des Français et 100 % des écologistes pensent que cela n’arrivera pas ». Lui juge au contraire qu’il faut « dire la vérité aux gens et alors ils écouteront ce que nous avons à leur dire ». Il rappelle au passage que les législatives suivront la présidentielle. « Je veux que les 577 candidats écologistes soient dans la dynamique positive du meilleur résultat qu’aura fait l’écologie à une présidentielle, pas dans la déprime de celui qui disait à chaque phrase qu’il allait gagner et qui a fait 7 % », lâche-t-il.

Il poursuit son raisonnement : « Besancenot n’a pas dit une seule fois qu’il pensait gagner l’élection, ça ne l’a pas empêché de faire trois fois plus que nous. Et malgré son bon score en 2012, Mélenchon a déçu et n’a pas construit parce qu’il s’était donné comme objectif de battre Le Pen. » Yannick Jadot lâche aussi ses coups : « Enfin, depuis quand les écologistes misent sur une présidence écologiste plus que sur la société écologique ? Avons-nous tellement dérivé que nous jouons sans recul la présidentialisation de la République et l’ultra-personnalisation de l’écologie ? »

Il assure enfin qu’être « lucide » ne l’empêchera pas « d’aller arracher chaque voix pour que le projet radical » que porte EELV « progresse durablement dans la société ». Et de conclure : « Comme vient de me dire un ami : une vérité qui dérange vaut mieux qu’un mensonge qui conforte. » La réponse de Cécile Duflot ne s’est pas fait attendre. Vendredi matin, elle a publié sur Twitter : « Avoir la foi, c’est monter la première marche même quand on ne voit pas tout l’escalier. Martin Luther King. » [1]

Raphaëlle Besse Desmoulières, journaliste au Monde(.fr)


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