Que faire en 2017 ? Lettre ouverte aux progressistes

mercredi 4 janvier 2017.
 

LES GUERRES DE RELIGION LE RETOUR : Depuis le 11 Septembre et le dernier attentat de Berlin, le terrorisme renvoie à l’analyse en termes de « choc des civilisations », concept, qui renvoie en définitive aux « guerres de religion » comme le déclare le nouveau Président américain Trump. Derrière cette déclaration frappé du mouvement des apparences, se joue l’avenir de l’humanité qui avance ou qui recule, car à chaque moment historique, l’humanité peut, soit revenir vers Neandertal, soit progresser.

UNE ELECTION PRESIDENTIELLE COMME LES AUTRES ? Certains croient encore que cette élection Présidentielle se déroulera comme avant, sans problème qu’il ne s’agit ici que de « changer de casting », même pas de politique, puisque désormais avec la mondialisation, les politiques économiques alternatives sont réputées impossibles. C’est d’ailleurs au nom de la mondialisation, que certains ont cherché à justifier le concept de « fin de l’Histoire » au sens où les logiques d’affrontement Capital/Travail auraient disparues. Continuons donc à donner au « marché libre et non faussé », les clefs de l’organisation sociale, à travers des traités de libre échange (C.E.T.A, T.A.F.T.A etc…) et de nouveaux traités européens de libéralisation (Poste, Chemins de fer, Santé, Education). Surtout ne faisons aucun bilan véritable de ces politiques. Ne regardons pas le lien effectif que l’on peut faire entre cette libéralisation et les mécanismes de chômage de masse, qui engendrent l’acceptation des précarités et des pauvretés, au nom du « moindre mal », sur lequel fermente l’extrémisme religieux, qui conduit au terrorisme. Continuons de considérer que les mendiants sont dans la rue, car ils n’ont pas su s’insérer en faisant les efforts nécessaires. Continuons de considérer que les migrants ont lu notre code du travail [1] avant que de venir. Continuons de considérer que la fonte des glaciers est un mouvement naturel. Continuons de considérer que l’affrontement n’est plus celui des « classes sociales antagonistes » mais de nature religieuse et culturelle (« guerre des civilisations »), considérons enfin, que les guerres actuelles ne sont que périphériques et que l’Occident est protégé d’un nouveau conflit mondial à venir qui mêlera une fois de plus tous les sangs (croyants de toutes religions, migrants, nationaux, couleurs de peau et incroyants). Ou alors sachons regarder dans le rétroviseur, pour tenter de comprendre d’où tout ceci provient, car les sociétés en mouvement, fonctionnent tel un projectile et respectent de ce fait, les lois de la balistique. Et cela fait longtemps que le coup est parti…

LE RETROVISEUR DE L’HISTOIRE POUR COMPRENDRE : Une autre possibilité existe alors, celle d’utiliser le rétroviseur de l’Histoire, pour comprendre. Comprendre, ne signifie ni justifier, ni excuser et encore moins oublier. Comprendre c’est établir le diagnostic précis des causes et des dynamiques qui engendrent les « brulures de l’Histoire », à l’image de ce qui se fait pour tout accident matériel. Ainsi pour ce qui concerne les guerres en Europe, l’idée « d’Europe unie » a émergé en vue d’empêcher toute reprise de conflit. Pourtant aujourd’hui les peuples Européens sont déchirés comme jamais, et le Brexit en est l’expression la plus manifeste. Au-delà, les sondages montrent un euroscepticisme qui monte et qui souvent prend la forme d’un vote extrémiste (Autriche, Pologne, Ukraine, Italie, France, Allemagne), renvoyant à une période historique que l’on croyait révolu. La question scientifique qu’il faut alors se poser est de s’interroger pour savoir si l’Europe a été la réponse pertinente. Et surtout quelle Europe ? Peut-on se limiter à une définition qui stipule que l’Europe est « un marché libre et non faussé » ??? Et ne pas se poser ces questions est faire, développer, et entériner par idéologie, la politique de l’autruche.

La poser c’est utiliser le rétroviseur de l’Histoire en vue d’éviter le retour des drames. Karl MARX écrivait : « Celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre ». Voilà l’utilité du rétroviseur de l’Histoire.

LA MATRICE DES MARCHES : On ne peut regarder le rétroviseur de l’Histoire sans se poser la question des relations économiques et sociales dominantes dans le monde. Or, depuis l’implosion de l’U.R.S.S, le système qui domine le monde est le « capitalisme de marché ». Il ne s’agit pas d’un point de vue idéologique, mais d’un fait. Un rétroviseur avec une glace bien faite ne peut que nous renvoyer cette image de la Matrice des marchés, comme système organisant les relations humaines. Ne pas le reconnaitre, c’est sortir de l’analyse scientifique et rentrer dans l’idéologie. Qui pourrait aujourd’hui prétendre l’inverse ? Il nous faut donc analyser de manière rigoureuse quels ont été les effets de ce système sur les relations humaines. Le marché dominant a institué un système dénommé « mondialisation », c’est dons bien la mondialisation qu’il nous faut étudier et qu’il nous faut comparer au système de « Bretton woods », mis en place en 1945 et décédé par décision américaine en 1971.

La mondialisation c’est :

La réduction du périmètre de l’Etat (privatisations, libéralisations), produit du « consensus de Washington » impulsé par le couple « Reagan-Thatcher » définissant l’objectif de réduire les politiques publiques, réputées inefficaces. Il s’agit de ce fait, de promouvoir le marché.

La libéralisation financière et commerciale,

Le développement des échanges commerciaux fondé sur le « libre échange » censé favoriser le développement (la croissance) et la paix, entrainant la création de l’O.M.C en 1994.

Les conséquences effectives réelles ont été :

L’envolée cyclique des cours de bourse et ses crises (« Dow-Jones », C.AC 40 etc…)

La baisse tendancielle des taux de croissance des Pays dit développés (Les statistiques sont têtues),

L’explosion du chômage de masse et des précarités sociales dans le monde,

L’explosion des inégalités (dictature des 1 %),

Le retour des guerres, dites périphériques,

Dans les faits, la « mondialisation » prise comme système, ne cherche qu’à contourner les lois des Nations, issues de l’histoire des peuples, pour imposer comme seul régulateur, le taux de profit : « Parler de mondialisation, c’est évoquer l’emprise du capitalisme sur l’espace économique mondial. Cette emprise ne se réduit pas au triomphe d’un bloc d’Etats sur un autre, ni même celui d’un système économique sur ses concurrents. Elle tend en effet à transcender la logique d’un système interétatique à laquelle elle substitue une logique de réseaux transnationaux. La mondialisation est avant tout un processus de contournement, de délitement et, pour finir de démantèlement des frontières physiques et réglementaires qui font obstacle à l’accumulation du capital à l’échelle mondiale » [2]. La mondialisation, comme la métropolisation [3] des rapports sociaux n’est pas un processus naturel, elle est la réponse imposée aux états, par le capitalisme en crise (1971), dans le cadre d’un chantage mondialisé à l’emploi..

L’UBERISATION OPTIMUM DE LA MONDIALISATION : Si l’on regarde la mise en place de l’ubérisation on retrouve la définition aperçue ci-dessus. L’Ubérisation permet par une simple plateforme numérique de contourner à la fois l’impôt, fondement de la République depuis le 4 Aout 1789, mais aussi l’ensemble des règles sociales qui définissent le « vivre ensemble » social. Pire, après l’entreprise « sans usines », cher à Serge Tchuruk (Ex Alcatel) [4], on assiste à l’émergence de « l’entreprise sans capital » [5] et « sans salariés » [6]. Observons à ce propos, que la loi El Khomri, ne fait qu’aller dans le sens souhaité par Uber, d’une destruction des droits du travail, nous faisant revenir au temps de la Loi Le Chapelier (destruction des corporations). Pas besoin de la C.G.T pour comprendre leurs réactions à la baisse de leur tarif…et de ce fait l’utilisation par eux-mêmes des « outils de lutte de classe » réputés du passé (« blocage de l’activité »).

LA MATRICE DES GUERRES : On peut certes jouer l’incantation sur le rapport précis entre « capitalisme de marché » et guerres en rappelant ce qu’en disait Jaurès « Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage ». Mais là encore, sortons de l’anathème apparent et cherchons dans le « rétroviseur historique » la compréhension des guerres actuelles et leur risque de « globalisation ». Le graphique ci-dessous représente l’évolution des échanges internationaux de 1900 à 2005 et son analyse est vraiment stratégique si l’on veut comprendre l’origine des crises et des guerres…

UN DETAIL DE L’HISTOIRE ? Observons que le volume des échanges calculés en dollars pour l’année 2005 dépasse celui des années 30 et rejoint celui des années 1910, juste avant la « grande boucherie » de 1914-1918.

C’est à ce niveau de pensée qu’il nous faut raisonner pour comprendre la profondeur des enjeux. Qui veut un tant soit peu réfléchir ne peut rayer ce graphique d’un revers de main, comme un « détail de l’Histoire » ? Au contraire ce graphique est un révélateur de la Matrice des guerres, qui toujours commence par la compétition économique et du « libre commerce », pris comme matérialité de la domination d’un système économique sur les Peuples et produisant les ravages des insécurités sociales, économiques, juridiques et politiques (déstabilisation des Etats) en y rajoutant aujourd’hui, les désastres écologiques. On ne construit pas une société sur de l’instabilité, or, par définition, le marché (« rencontre entre une offre et une demande instantanée fixant un prix d’équilibre ») ne peut produire que de l’instabilité. La déclamation de Jaurès, trouve donc ici, le fondement matériel de sa perception.

A L’ORIGINE DES GUERRES LE SYSTEME ECONOMIQUE : aussi loin que l’on remonte dans l’histoire de l’Humanité, le système économique est cause des guerres.

Les guerres tribales : Dans le paléolithique ancien, les hommes organisés en tribus, n’ayant aucune capacité à gérer leur environnement, exploitaient toutes les richesses présentes sur un territoire, puis une fois celui-ci épuisé, abandonnaient alors leurs cavernes et se mettaient en quête de nouveaux territoires. En découlaient les « guerres tribales » de conquête des territoires où se trouvaient d’autres richesses. Ces guerres étaient les conséquences du « nomadisme permanent » [7] du fait de l’incapacité humaine à « produire » et « gérer » les ressources. Les guerres de conquête : Une fois l’agriculture maitrisée, permettant de répondre aux besoins essentiels des populations et de ce fait, s’étant sédentarisé, les guerres se développèrent pour la recherche et la domination des métaux précieux et/ou des matières premières, en vue d’accumuler de la Puissance politique (Alexandre le Grand, Rome etc..), Les guerres de Concurrence : S’y ajoutent les guerres visant à détruire les concurrents qui portent tort à la domination des flux commerciaux. Ainsi la « guerre de Troie », n’a jamais eu comme objet le « cul de la belle Hélène », mais bien le fait que ce port concurrençait les « ports grecs » dans la guerre commerciale qui agitait la Méditerranée. Les guerres coloniales : Elles ne sont que la reprise des guerres de conquêtes présentées sous d’autres formes (Evangélisation, civilisation etc.).

LES PROMESSES DE LA MONDIALISATION : Débarrassé de « l’empire du mal », la mondialisation nous promettait un développement harmonieux et sans guerres. Observons donc cette fumisterie.

Du terrorisme : Le 21ème siècle des modernités et des libertés débuta par un bain de sang (Le 11 Septembre 2001) qui ne cesse 15 ans après de se poursuivre (guerres du proche et moyen orient, Afrique, attentats de Paris et Berlin).

Les crises financières américaines : Avec le développement de la mondialisation, loin de parvenir à favoriser un développement stable, ce sont des crises financières successives, de plus en plus profondes et longues (graphique), qui formatent les sociétés. Il faut dans ce cadre, analyser comment le rebond du « dow-Jones » est la conséquence directe de l’intervention militaire américaine, lié au doublement du budget militaire américain. Marché, crise et guerre forment donc le triptyque des politiques américaines, à l’image de ce que fut la politique Hitlérienne [8].

Les guerres de Lybie et de Syrie : Les interventions successives des Etats-Unis (de manière directe ou cachées) tant en Lybie qu’en Syrie et en Irak (quoiqu’on pense des régimes) [9] ont fini par déséquilibrer l’ensemble de la Région. Les guerres ont cette caractéristique que l’on connait leur date de déclenchement, jamais la fin…car de fait, les bombes en déchiquetant les vies, font naitre les ressentiments de la vengeance. Tout se passe comme si les guerres du passé n’avaient en aucun cas permis de comprendre ce résultat, car les dirigeants, obnubilés par le présent, oublient de regarder dans le rétroviseur…Rappelons ici, que comme pour toute guerre, l’origine, la cause, le fondement n’ont rien à voir avec la démocratie ou la religion, mais depuis le paléolithique ancien, une raison économique, et ici c’est le pétrole, via l’appropriation des flux financiers dégagés par l’installation et la gestion (droits de passage) des oléoducs et des gazoducs [10].

Du terrorisme : Il faut alors ici rappeler que Ben Laden est une création de la C.I.A dont l’objectif était de faire de l’Afghanistan le « Vietnam soviétique » : « John.K.Cooley15 montre que pendant la seconde moitié de la guerre froide, les Etats-Unis cherchèrent et trouvèrent des alliés bien disposés parmi les puissances du Moyen-Orient (Egypte, Pakistan, Maroc, Arabie Saoudite, Jordanie, et quelques autres) qui étaient, eux aussi, au nom de la lutte contre le communisme et de la stabilité dans la région, prêts à financer, à organiser, former et déployer des brigades de moudjahidin anticommunistes, de plus en plus grandes et de plus en plus actives. Ces guerriers pouvaient être envoyés comme intermédiaires pour combattre les forces communistes quand elle faisaient peser une menace de désordre et d’instabilité dans des zones stratégiques, telles que les régions riches en pétrole du Moyen-Orient ». [11] On le voit le terrorisme actuel est aussi le produit d’une balistique.

Les américains ont donc gagné la « guerre froide » avec l’implosion du système soviétique (1989). Mais ils ne s’attendaient pas à ce que leur marionnette coupe les fils et cherche à détruire le père.

La guerre aux Etats : Une autre guerre souterraine fut menée de manière délibérée aux Etats. Le patronat mondial n’a jamais accepté sa défaite de 1945 et l’obligation qu’ils eurent de 1945, à 1971 d’obliger de négocier avec les syndicats dans les entreprises et avec l’Etat du fait des politiques keynésiennes mises en place. La crise de Bretton-Woods, et ses approfondissements successifs du fait des libéralisations financières (flottement des monnaies) permis d’engager un plan de reconquête. Les mises en causes successives de l’intervention publique débouchèrent sur la privatisation de la monnaie, dont la première conséquence fut l’envolée des dettes publiques comme le montre le graphique ci-dessous. Or, ce qu’il faut voir, là encore, c’est que la situation d’endettement de l’Etat américain, renvoie là aussi aux années 30 (graphique), comme pour les mouvements de capitaux.. comme c’est curieux. Où l’on voit une fois de plus que définitivement, le rétroviseur est un outil politique indispensable, pour comprendre les enjeux de notre temps.

LA GUERRE DES TEMPORALITES : Avec la « Révolution Informationnelle » [12], et non numérique, la monnaie elle-même est devenue « informationnelle ». Si auparavant la monnaie existait sous deux formes (Fiduciaire [13] et scripturale [14]), désormais sa plus grande utilisation est la « monétique » (monnaie informatique) qui permet des échanges à la nano seconde et surtout favorisant l’Hyper-trading (spéculation). Combinée à la logique du marché, qui se définit comme la rencontre instantanée entre une offre et une demande fixant un prix réputé d’équilibre, la financiarisation des activités devient la norme. Financiarisation signifiant seulement que la rentabilité financière définit en amont toute forme de production et d’échange. On assiste alors à la planification du profit, et son corolaire la flexibilisation de toute la société, expliquant chômage de masse, précarités et pauvreté, analysée non comme conséquence mais comme les inputs fondamentaux du système. De fait, la phrase de Victor Hugo : « c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches », ne s’est jamais appliquée, avec autant de matérialité, qu’à notre époque. A l’opposé la société se construit sur une temporalité longue exigeant investissements publics, formation, culture, échange équitable, partage. La contradiction avec les marchés et leur instantanéité qui imposent une temporalité courte peut être cause de l’accident intégral, duquel on ne revient jamais.

MIGRATIONS OU GUERRES SOCIALES : Il est une vérité historique à rappeler. Les migrations humaines, ne sont jamais volontaires. Elles sont toutes provoquées par des événements, qui imposent des départs forcés qui sont avant tout des déracinements. Les mouvements migratoires sont donc des réactions de survie ou sont le produit de politiques imposées.

La première migration africaine : La première migration historique des peuples se fait en même temps que les modifications climatiques et le réchauffement de la planète. L’Humanité vivante part d’Afrique et émigre vers le nord, venant donc peupler l’ensemble du continent Européen. A l’époque le code du travail n’existait pas encore. La migration est donc d’origine et de cause climatique. Là encore le rétroviseur est utile pour comprendre les enjeux de notre temps. Beaucoup d’entre nous viennent d’Afrique. La migration des noirs en Amérique : Il n’y aurait jamais eu de noirs en Amérique, si le « patronat blanc » dominateur n’avait pas voulu utiliser à des fins d’exploitation la plus rentable possible les champs de coton, générant un esclavagisme sans fin… Les migrations industrielles : Afin de réduire les coûts du travail, déjà dès les années 60, le capitalisme Français sut trouver dans ses anciennes colonies, les moyens de peser sur le « coût du travail » en Métropole. Ce sont les Patrons de Renault, Peugeot, Citroën qui venaient dans les anciennes colonies pour recruter les immigrés, tant pour l’industrie automobile, que pour le B.T.P.

Au-delà du mouvement apparent des migrations, se cachent les guerres sociales mondiales, qui visent à mettre en concurrence permanente, les salariés du monde entre eux, pour le plus grand bénéfice des actionnaires des groupes industriels mondiaux expliquant l’envolée des cours de bourse des plateformes financières ubérisées (Bourses) commandés par informatique et formant réseau. L’immigré est montré du doigt, là où leur migration de survie est la conséquence directe des mouvements du capital (carte).

PAUVRETE OU GUERRE SOCIALE ? Quelle est la réalité de notre Pays sur cette question ? Combien de fois par jour nous rencontrons les mendiants dans la rue ? Les statistiques froides sont là pour nous rappeler la dureté de ce réel des invisibles de la société…. « parias du capitalisme ».

La pauvreté d’aujourd’hui renvoie à celle du moyen-âge, on n’y reviendra, mais il y a une différence énorme entre ces deux périodes. Autant on peut considérer, que les conditions productives du moyen-âge étaient encore rudimentaires et limitaient les capacités productives, donc la réponse aux besoins élémentaires de tous, expliquant notamment les glaneurs [15], autant aujourd’hui, au vu des capacités humaines (technologies, connaissances humaines), cette situation de grande pauvreté, qui de plus augmente est inacceptable. Elle est une violence contre l’Humanité. Là aussi contrairement aux apparences, le chômage de masse, les précarités et la pauvreté, ne sont pas des conséquences du système, mais son « input initial ». Il faut alors reprendre la phrase de Victor Hugo, « C’est de l’enfer des pauvres, qu’est fait le paradis des riches » et en comprendre toute la portée. Il commence par l’enfer des pauvres, et c’est cet enfer, qui fait le paradis des riches, donc déjà à cette époque, la pauvreté, n’est pas une conséquence du capitalisme naissant, mais, bien une condition de son développement.

Le capitalisme actuel fonctionne et ne peut fonctionner avec toutes ses violences sociales, qu’en imposant la précarité, le chômage de masse et la pauvreté, comme « investissement » initial de son fonctionnement effectif et de ses prédations sociales, écologiques, économiques et financières. Si dans le cadre du capitalisme de Marx, le profit était une résultante d’un système productif, fondé sur l’exploitation du travail, désormais le profit est placé en amont de tout choix d’investissement. Dès lors que le profit est mis en amont de tout choix effectif, c’est toute la société qui devient sa variable d’ajustement expliquant le développement sans fin des précarités sociales, précarités sociales qui deviennent alors la base conditionnant in fine, la distribution des dividendes. Pour paraphraser Victor Hugo on pourrait dire : « c’est sur la précarité de masse que se développe le business mondialisé ».

DES ESPACES-TEMPS DIFFERENCIES : Notre système engendre des espaces temps différenciés. Quel point commun entre le « Business mondialisé » et les précaires de la Métropole ? Quel rapport d’ignorance entre un cadre travaillant dans les bureaux de la Métropole et la femme de ménage des tours du business de la Métropole ? Leur seul espace commun est l’ascenseur dans lequel ils se croisent, l’une pour aller effectuer ses taches, l’autre rentrant enfin dans son appartement luxueux.

Observons dans le même temps, que le salarié métropolitain, subit le nomadisme permanent tandis que le précaire subit « l’errance » [16] des désintégrés du système, à la recherche de l’emploi de survie.

Observons que ce terme d’errance renvoie au fonctionnement social du moyen-âge, c’est vous dire la modernité de la « Révolution numérique » et de ses traductions sociales en termes d’ubérisation…

LES GUERRES ECONOMIQUES ET MONETAIRES : Elles sont immanentes à l’existence et au fonctionnement du capitalisme. Le capitalisme est fondé sur le triptyque compétitivité, concurrence, libre-échange.

La compétitivité est un ratio financier qui observe le rapport Input et output financier. En d’autres termes, combien l’entreprise investit et combien ça lui rapporte à périmètre constant. La compétitivité est le critère central qu’appliquent les processus de financiarisation à l’entreprise. La concurrence est la modalité de fonctionnement appliqué au marché du travail. L’entreprise ne recrutant que les salariés les plus performants et compétitifs (acceptant les salaires les plus faibles). Libre échange : c’est le moyen hypocrite (liberté), de pouvoir combiner compétitivité et concurrence sur le champ de bataille de la guerre économique.

A ces aspects survolés, il faut rajouter la guerre monétaire, qui fait s’affronter chaque jour la valeur des monnaies des Pays (ex (Dollar Euro). Plus l’euro est fort, plus les besoins de baisser les « coûts du travail » sont prégnants dans les choix de gestion. La guerre monétaire c’est en clair l’affrontement salarial généralisé, du type guerre des tranchées de 1914. On comprend mieux ici, la « grande boucherie »…

LA GUERRE DES MOTS : Au-delà de l’analyse des mouvements de fond que nous venons de survoler, il existe aussi les « mots de guerre », qui précédent toujours les « maux de guerre ». J’ai grand plaisir à vous montrer la thématique qu’organise à Blanc Mesnil, mon ami et camarade Michel LOISEAU, en invitant Anne Morelli, Historienne, à Blanc-Mesnil le 6 Février 2017. Oui, « les guerres ne commencent pas par des bombes mais par des mots » qui répétés à longueur de temps, transforment les mots en matérialité inévitable. D’où l’utilisation abusive de « l’Etat d’urgence » et ses états d’exception permanents, en vue de préparer la phase ultérieure de privation des libertés. Tout est donc préparé pour la phase suivante.

LES ENJEUX DE 2017 : La République française, depuis la constitution de 1958 et ses dérives successives (quinquennat) ont débouché sur un système de « monarchie présidentielle », concentrant et renforçant tous les pouvoirs autour d’un suzerain, certes élu par le peuple mais dans des conditions de soumission, qui confine l’élection à une farce (500 parrains, Couverture médiatique, financement, etc..). Le capitalisme mondialisé, du fait de ses prises de pouvoir a de plus perverti la démocratie, « pouvoir du peuple », en « démocratie de marché » où le marché est au-dessus de la démocratie, empêchant de ce fait tout choix alternatif aux priorités du marché.

L’élection Présidentielle de 2017, au vu du niveau des crises à affronter, n’est plus simplement de configuration nationale, celle-ci souligne à quel point elle est, comme en 1789, de portée universelle, en fonction du type de réponse apportée. Soit aggravation et accélération des crises précédentes (écologique, démographique, sociales, politiques, économiques et anthropologiques)… rien que ça…soit réponse universelle en terme « d’intérêt général humain » C’est d’ailleurs du fait de la profondeur de ses enjeux que les politiques classiques, bien aidés par les médias du système, cherchent à enfermer le débat dans une vision passéiste de repli sur soi et de conservatisme social. Nous sommes donc confrontés à un choix qui nécessite une « bifurcation » majeure. Toute autre poursuite de la balistique actuelle, ne peut qu’aggraver la situation de l’humanité et peut potentiellement déboucher sur son extinction…

QUEL CHOIX ? En posant cette question il s’agit de s’interroger si une candidature pose les questions telles que tente de l’esquisser [17] cette réflexion ?

Le Front-National représente la réponse la plus dangereuse. Si Le F.N se limitait au clan « Le-Pen » (Marion et Marine), le danger serait moindre, car leurs pulsions primaires les poussent à revenir en permanence sur leurs fondamentaux anti-immigrés. Mais l’idéologue véritable du F.N, c’est Filippot, qui lui a une claire vision de la situation historique. Il sait que les conditions actuelles renvoient aux années 30 et de ce fait ses interventions sont d’une grande pertinence, c’est du pur « national-socialisme ». Bien entendu ses solutions tournent le dos à « l’intérêt général humain ». La droite est de droite et encore plus à droite qu’avant, du fait du positionnement, déjà libéral du couple « Hollande-Valls » et de leur quinquennat de soumission au marché. Macron, au vu des 400 parrainages déjà obtenus n’est que le poisson pilote de « Hollande-Valls » pour une recomposition du P.S, déjà annoncé par Valls, auparavant… (« les gauches irréconciliables »), à qui il veut désormais imposer sa personne, au nom des menaces (F.N). Les Frondeurs du P.S sont à l’image des « frondeurs » de Louis XIV, en échec avant même d’avoir commencé. Ne proposant aucune refondation digne des enjeux perçus dans cet article.

Après le listage rapide, il ne reste plus grand monde, à part ce que proposent les insoumis avec la candidature de Jean-Luc MELENCHON. Comme il s’agit de rester dans une démarche scientifique la question devient : la candidature de MELENCHON est-elle à la hauteur des enjeux posés ???

AVEC L’INSOUMISSION PRENONS LA BIFURCATION : Je ne vais pas me cacher, oui je suis partisan, en tant que communiste de MILITER pour l’insoumission, car l’insoumission est la racine des émancipations. Il est facile de montrer cette matérialité dans l’Histoire humaine, de Spartacus à la Résistance…Je trouve de plus en Jean-Luc MELENCHON un tribun populaire, passionné, romantique et poète. Or, « la poésie est à la révolution, ce que les fusils sont aux barricades ». Mais cet enchantement personnel ne répond pas à la question politique posée… Venons-y.

Qui pose en premier la question de « la multitude » comme révolution démographique du siècle ? Qui interpelle en s’appuyant sur cette Révolution et les risques d’implosion de la planète du besoin d’une « bifurcation » nécessaire à l’humanité entière mettant en avant la nécessité de « l’intérêt général humain » ? Qui propose la « règle verte » visant à ne pas prendre à la nature plus que ce qu’elle ne peut renouveler ? Qui propose la sortie des conglomérats militaires et guerriers et notamment l’O.T.A.N ? Qui propose la Paix comme meilleure arme antiguerre et destruction ? Renvoyant de ce fait au combat historique des communistes, dont la création est consécutive à la « grande boucherie » ? Qui propose de sortir des traités européens si Merkel, ne veut pas réorienter l’Europe de guerre ? Qui propose la sortie du « libre échange » cause des sous développements et des inégalités ? Qui propose de refuser la soumission aux traités CETA et TAFTA ??? Qui propose l’abolition de la loi El Khomri ? et des droits nouveaux pour le monde du travail ? Qui propose enfin, et c’est en premier dans les propositions, de sortir de la « monarchie Républicaine » par convocation d’une assemblée constituante pour une VIème République, renouant ainsi avec les fondamentaux de notre Révolution ? Celle de 1789, qui là aussi commença par de simples cahiers de doléances, mais qui déboucha sur l’embrasement de l’Europe.

Voilà ce qui sur le fond, me fait rejoindre la dynamique de l’insoumission. On peut avoir des désaccords sur tel ou tel point du programme, c’est mon cas comme tout bon gaulois que je suis, mais si je fais le rapport entre l’analyse que j’ai voulu la plus objective possible de « l’Histoire qui brûle » et du besoin de « Révolution-Bifurcation »…Le seul candidat, à proposer une réponse au niveau HISTORIQUE, universaliste et global des enjeux posés à l’Humanité, porte le nom de Mélenchon.

Je ne suis pas mélenchoniste, je suis communiste. QUELLE POSITION COMMUNISTE [18] ET PROGRESSISTE ? OUVERTURE

Arrivé à la fin de cette réflexion, et au-delà des analyses de fond que j’ai cherché à esquisser, Il reste une question que je n’ai pas abordée et qui touche ma sensibilité de communiste.

Aujourd’hui les militants communistes sont divisés entre un soutien mou, un vote par défaut, une désertion du combat politique pour les Présidentielles, voire pire…dans un pseudo « vote révolutionnaire » dont la tentation existait déjà en 1981, quelque soient par ailleurs les limites rapidement atteintes et le retour de politique dès 1983, du programme « Changeons la vie ». Ce fait est incontestable.

Mais nous ne sommes plus en 1983, avec les ambiguïtés du monde d’alors. Nous sommes plus proches de 1936 et de la matérialité du « mur d’argent », ce qui explique que selon une étude sociologique, « 62 % des jeunes en France seraient prêts à une révolte de « grande ampleur » [19].

Je ne demande pas à mes camarades de se positionner sur un vote pro ou anti Mélenchon, comme si la question du siècle était de savoir si nous reconnaissions le messie… Il ne s’agit pas ici, d’aimer un homme.

Je leur demande de réfléchir à partir des éléments de « lutte de classe mondiale » que j’ai tenté d’avancer dans cette réflexion, en ayant dans le rétroviseur de leur analyse, le comportement de nos camarades en 1940.

Aucun communiste n’a eu besoin des consignes du Parti [20], pour devenir insoumis et se transformer en Résistant au régime de Vichy et au nazisme… Et c’est de cette insoumission, au plus profond de la « nuit noire », que fut pensé, réfléchi, rédigé et diffusé « les jours heureux », programme du conseil National de la Résistance. Et c’est par ce programme que la Résistance se développa et put imposer au couple américano anglais, qui souhaitait une administration militaire (AMGOT), la reconstruction de la France comme Nation libre, Indépendante et de ce fait, à nouveau Républicaine et démocratique.

Aujourd’hui au cœur de la « nuit noire » d’une Europe des marchés éclatée et en guerre contre les peuples (« marché libre et non faussé »), avec leur programme, « l’avenir en commun » [21], perçu comme démarche, les insoumis renouent avec cette histoire.

Historiquement, on reconnait un communiste, quand « l’Histoire brule », car il est le premier à prendre les armes de l’insoumission, de la résistance et de la création Révolutionnaire sous-tendu.

Camarades, Depuis le 11 Septembre 2001, « l’Histoire brule à nouveau » et en 2017, c’est de nous dont dépend pour partie, en France, en Europe et dans le monde, la réussite des luttes politiques, qui partant de l’insoumission, peut enfanter une nouvelle Révolution Universaliste. Nous sommes aussi historiquement le dernier Pays à faire les Révolutions (les Anglais et les Américains nous ont précédé en 1789) mais nous sommes alors, la Nation qui dans ce cadre, va le plus loin.

Ce n’est pas le messie qui déclenche les Révolutions, ce sont, comme l’analysait Marx, « les situations historiques », encore faut-il le Tribun, susceptible de faire passer ces idées de manière massive en vue d’en faire une force matérielle [22]. Qui peut dénier à Mélenchon cette capacité ???

Dans ce cadre d’analyse, le devoir et la mission d’un communiste, ne peuvent consister, à rester l’arme au pied en attendant l’éventuel « grand soir », incantation illusoire, qui ne façonne que les « matins blêmes ».

Puisse cette réflexion ouverte, susciter chez les communistes, au sens large, et chez tous les progressistes, l’engagement militant nécessaire conscient mais aussi passionné, qui depuis Spartacus, est la matrice historique du combat communiste, car… « L’Histoire Brûle à nouveau ».

Le 21 Décembre 2016, Fabrice AUBERT

[1] Pourtant désormais détruit du fait de la loi « El Khomri » et de ses décrets d’application.

[2] / La Mondialisation de l’économie » / Jacques Adda / La Découverte 2006

[3] La Métropole contourne le pouvoir des Communes, pour la gestion des biens communs.

[4] Dont on sait ce qu’elle devenue, englouti par les résultats désastreux de sa financiarisation.

[5] Les chauffeurs de Taxi sont propriétaires de leur voiture (et non UBER) et sont obligés de les entretenir.

[6] Les « chauffeurs Uber » ne sont pas salariés de l’entreprise, donc aucun contrat de travail écrit et aucune obligation de la « plate-forme » de financer les règles sociales (protection sociale). C’est le marché pur au sens « d’offre demande » fixant un prix d’équilibre instantané.

[7] Nomadisme que l’on retrouve tant dans la « Mondialisation » que dans la « Métropolisation » des rapports sociaux.

[8] Je parle bien de politique, je ne mets pas un trait d’égalité.

[9] Rappelons ici les tueries d’Israël en Palestine, massacres des populations soutenues par les U.S.A.

[10] Quel homme politique à part Mélenchon fait cette analyse ?

[11] Journaliste américain, qui a couvert l’ensemble des conflits du Moyen-Orient, auteur de l’ouvrage : « C.I.A et Jihad » 1999, bien avant le 11 Septembre.

[12] Concept porté par les intellectuels communistes (philosophes, économistes, sociologues) et abandonné par les Dirigeants du P.C.F, qui désormais se rangent au concept libéral de « Révolution numérique ».

[13] Pièces et billets fondés sur la confiance (Fidus étant confiance en latin).

[14] Chèques ou dettes, de nature scripturale ventant de « script », écriture.

[15] Le glanage est un droit d’usage sur la production agricole, existant notamment en France, sous différentes formes depuis le moyen-âge. Après la moisson, le ramassage de la paille et des grains tombés au sol est autorisé. Aujourd’hui les restaurants du cœur sont la version moderne du « glanage », sans compter ce qui est appelé les « glaneurs des villes » lemonde.fr/2015

[16] Action de marcher longtemps sans but précis. L’errance au moyen-âge, conduisant au banditisme et à la « cour des miracles »

[17] Chaque aspect devrait faire l’objet d’un développement spécifique approfondi.

[18] Pris au sens où le définit Marx : « mouvement réel qui abolit l’état existant »

[19] Publié par Le Monde.

[20] Et pour cause, il n’existait plus sous sa forme légale.

[21] 5ème meilleure vente de livres loin devant « Révolution » du menteur Macron, qui ne pointe qu’à la 15ème place.

[22] « Quand une idée s’empare des masses, elle devient une force matérielle » Karl Marx.


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