Besoins sociaux : Un horizon progressiste

jeudi 12 janvier 2017.
 

par Liêm Hoang-Ngoc, membre de l’espace politique de la France insoumise

La France compte 9 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et 6 millions de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi. Alors que les hauts revenus ont explosé et que le patrimoine se concentre dans la poche des nouveaux rentiers, les revenus de la majorité de la population stagnent. L’ascenseur social est en panne. Consolider notre modèle social pour traiter l’urgence sociale est plus que jamais nécessaire. Les conservateurs et les libéraux de tout bord objectent que le financement de notre modèle social pèse sur la compétitivité des entreprises et qu’il faut produire avant de redistribuer. C’est pour poursuivre cette chimère que la France a obtenu l’autorisation des institutions européennes de déroger au pacte de stabilité tout au long du quinquennat de François Hollande. Elle a consacré l’intégralité des marges de manœuvre dégagées, tout en comprimant la dépense sociale et en augmentant les impôts, pour financer le redressement du taux de marge des entreprises dans l’espoir que celles-ci investissement et créent des emplois. Las  ! Les premières évaluations montrent que cette politique a surtout accru les dividendes.

Les dizaines de milliards du pacte de responsabilité comptent parmi les dépenses en faveur de l’emploi et du marché du travail. Ils auraient pu, en partie, être employés pour porter les minima sociaux au niveau du seuil de pauvreté de 1 000 euros. Cela ne coûtait pas plus de 10 milliards  ; 6 autres milliards auraient pu être redéployés pour enrayer la spirale destructrice de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et de la modernisation de l’action publique (MAP), et créer 200 000 emplois dans les services publics, aujourd’hui asphyxiés par un manque flagrant de personnel dans l’éducation, les hôpitaux, la police et la justice.

Quant à notre modèle de protection sociale, financé par la cotisation sociale et, pour sa partie universelle, par la CSG affectée, son déficit est, en large partie, conjoncturel  : il est dû à l’incapacité des politiques menées depuis longtemps à produire les effets annoncés sur la croissance, constamment surestimée dans les lois de finances. Il en résulte des déficits temporaires de cotisations et de rentrées fiscales, devenant cumulatifs et à l’origine du trou de la Sécu. Cela ne signifie aucunement qu’il ne faille pas améliorer le mode de financement de la Sécurité sociale pour le rendre plus juste. Tel était le sens du projet de CSG progressive, prélude à la révolution fiscale que le PS a renoncé à entreprendre.

Cet horizon progressiste n’est pas celui des conservateurs et des libéraux, qui, sous couvert de réduire le coût du travail, entendent désormais se débarrasser de la cotisation sociale et réduire la couverture maladie aux « gros risques ». La pression exercée par le lobby des assureurs privée est, à cet égard, devenue grotesque. L’étape suivante serait celle de la généralisation du régime de retraite par capitalisation. Pour justifier les réformes projetées, l’argument démographique, selon lequel il faut prendre en compte l’allongement de l’espérance de vie et la dégradation du rapport actifs-inactifs est fallacieux. Les paramètres dont dépend l’équilibre structurel du régime de retraite sont  : le taux de fécondité, le solde migratoire, le taux de croissance des revenus d’activité et le taux de chômage. Alors que notre taux de fécondité est l’un des plus élevés d’Europe, rien ne dit qu’un changement de politique, entraînant une activité plus soutenue et une augmentation de la part des salaires dans la valeur ajoutée, entre autres, n’améliore pas la valeur desdits paramètres. Il n’est, dans ce cas, aucunement irréaliste, à la faveur d’une légère hausse des cotisations, de préserver le régime par répartition, maintenir le niveau des pensions et rétablir la retraite à 60 ans.


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