On ne nous refera pas le coup du Bourget

mercredi 15 février 2017.
 

Le résultat de la primaire PS a défait le bilan des gouvernements Hollande/Valls/Macron, il n’en a pas effacé pour autant ses conséquences sur le scrutin présidentiel. Autrement dit, parler de rassemblement de la « gauche » de Valls à Jean-Luc Mélenchon n’a pas de sens politique. C’est même contreproductif électoralement : les citoyen-ne-s ne suivraient pas un attelage entre des partisans de la politique passée et ceux qui s’y sont opposés.

Les défaites de Clinton, Renzi, des post-blairistes du Labour, de Hollande et Valls marquent le déclin historique du social-libéralisme et c’est une excellente chose. Mais la victoire d’un candidat du camp du progrès humain et de l’émancipation, pas plus que l’indispensable recomposition politique à venir, ne passe pas par un rabibochage avec eux. Il y a dans notre pays une volonté très majoritaire de dégager ceux qui ont gouverné depuis dix ans.

Cela n’en fait évidemment pas une force politique homogène tirant dans le même sens mais les effets récents sont, eux, connus : les électeurs de droite ont dégagé Sarkozy tout en se portant sur une ligne bien à droite. Ceux qui se seront déplacés à la primaire PS ont fait de même avec la ligne Valls. Et ceux qui aujourd’hui, profondément désorientés, ne savent même pas s’ils voteront ne s’engageront pas en faveur des « ambigus ».

C’est donc moins nous qui posons la question à Benoît Hamon que ses 1 200 000 bulletins de vote : s’insoumettra-t-il avec eux ou au contraire reviendra-t-il à des arrangements typiquement solfériniens ?

En posant cette question nous ne voulons pas « couper des têtes » mais juste éviter qu’on se paie la nôtre. On ne nous refera pas le coup du Bourget.

Hamon assure pouvoir mettre en place son projet en préservant le statu quo dans les investitures socialistes ? Eh bien qu’il le prouve en leur demandant dès maintenant d’abroger la loi El Khomri. On a compris que Benoît Hamon n’envisage pas de se désister pour Jean-Luc Mélenchon. Dommage, notre programme « l’Avenir en commun », héritier de tous les travaux unitaires de la gauche antilibérale depuis 2005 et produit des milliers de contributions de la France insoumise, a toutes les qualités pour fédérer. C’est d’ailleurs autour de lui que nous entendons fédérer le peuple et gagner cette élection.

Il dit vouloir discuter d’une majorité gouvernementale sans limiter cela à une discussion entre « appareils » ? Pourquoi pas, cela peut être à l’occasion d’un café, a répondu mon candidat. Mais il le fait en nous proposant de rebrousser chemin pour le retrouver au milieu du gué, de partager avec lui le fardeau de l’actuel PS. Qu’il s’en dégage et on pourra alors discuter programme. Où là encore Benoît Hamon reste au milieu du gué. S’il reprend de larges pans, et c’est tant mieux, de nos principes éco-socialistes, je note qu’il se déclare pour la VIe République mais omet la constituante, qu’il part de l’idée très libérale qu’il n’y aurait plus assez de travail pour tout le monde alors que nous priorisons le partage des richesses et la baisse du temps de travail associée à une Sécurité sociale intégrale et qu’il a bien du mal avec une vision indépendantiste de la France en matière de politique internationale. Mais, surtout, il propose finalement de nous ramener à la voie sociale-démocrate en matière d’UE en ne se donnant aucun moyen réel pour la transformer.

À l’inverse, nous pensons que la seule chance de sortir des traités tous ensemble pour reconstruire une Europe du progrès humain implique de mettre sur la table qu’en cas d’échec nous le ferons uniquement avec les pays qui le veulent. C’est sur la souveraineté populaire qu’est née la gauche il y a plus de deux cents ans, c’est en lui redevenant fidèle qu’elle reprendra tout son sens.

Texte publié par L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message