Fillon fait rimer le légal avec l’immoral

jeudi 16 février 2017.
 

Les petites excuses que François Fillon a présentées aux Français lors de sa conférence de presse ne changent rien sur le fond.

Révélées par le Canard enchaîné de ce mercredi, les indemnités versées à deux reprises à Penelope Fillon sont probablement légales. Néanmoins celles qui ont trait au premier licenciement de la dame par son mari en disent long sur la mentalité de François Fillon et l’appât du gain qui le caractérise à travers cette affaire Penelope. Le 21 août 2002, son contrat de travail se termine avec l’ancien député Fillon devenu ministre. Mais un mois plus tôt, elle a déjà signé, répondant là encore au souhait de on mari, un nouveau contrat de travail avec Marc Joulaud devenu député quand Fillon a été nommé ministre. Fillon lui-même a confirmé lors de sa conférence de presse du 6 février qu’il avait souhaité ce poste pour sa femme afin de garder un lien avec sa circonscription.

On sait par ailleurs depuis deux semaines que le salaire brut de Penelope Fillon est passé de 4 .600€ au printemps 2002 auprès de son mari à 6.900€ auprès de Joulaud. On devine que cela a été possible parce que Fillon a fourni à Joulaud un autre collaborateur qui était aussi conseiller technique dans son cabinet de ministre, tandis qu’une autre collaboratrice, payée par un sénateur de la Sarthe, travaillait aussi pour Marc Joulaud .

Enfin , le passage de Penelope Fillon d’assistante de son mari à assistante de son suppléant dans la même circonscription ressemble davantage à une mutation qu’à un licenciement suivi d’une recherche d’emploi .Mais sans doute était-il légalement possible de lui attribuer 16.000€ d’indemnités . Ce que François Fillon n’a pas manqué de faire. Tous ces chiffres sont à rapprocher des paroles d’une ouvrière de Troyes, se disant hier choquée par la visite de François Fillon dans on usine où l’on embauche à 7 heures du matin pour un salaire net de 1.000€ par mois.

Avec la farouche volonté de reprendre la main, François Fillon, guidé par sa communicante, a tenu une conférence de presse le lundi 6 février devant 200 journalistes. Cette communication était surtout destinée à l’électorat de droite. Abordant le dossier sensible qui met sur la sellette le député qui a longtemps salarié sa femme sans que l’on sache vraiment dans quelle mesure elle travaillait en échange de ce salaire, le candidat Fillon a déclaré ce jour là : « Ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’est plus aujourd’hui. En travaillant avec ma femme et mes enfants, j’ai privilégié cette collaboration de confiance qui aujourd’hui suscite de la défiance ». Ce qui l’a conduit à présenter ses « excuses aux Français » avant de dire qu’il continuait sa campagne électorale « parce que je porte un programme de rupture et que je suis le seul à pouvoir le mettre en œuvre ».

Jouant la « transparence » de la manière qui convenait au mieux à ses intérêts de candidat en campagne, François Fillon a affirmé que le salaire net moyen de son épouse a été de 3.677€ durant ces quinze années de collaboration qu’elle a passées à son service, mais aussi au service de Marc Joulaud , son suppléant entre 2002 et 2007. Il a justifié le niveau de cette rémunération par les diplômes en droit et en lettres dont peut se prévaloir son épouse. Il a également ajouté que « seul le député décide de ce que doit être le travail d’un assistant parlementaire et de sa rémunération à condition de ne pas dépasser la somme allouée à cet effet. Personne, a-t-il affirmé, n’a le droit de décider à la place du député du contenu du travail, du lieu et de la rémunération de ce travail des assistants parlementaires ».

Vu comme cela, une assistante parlementaire peut être employée à faire le ménage tout en étant payée en fonction de ses diplômes, ce qui n’est pas le cas d’une diplômée qui devient caissière en grande surface. Il est enfin dommage que pas un seul des 200 journalistes présents n’ait posé la moindre question sur la raison pour laquelle François Fillon a balancé ce chiffre moyen de 3.677€ par mois concernant le salaire net de son épouse sur quinze ans. Or cette moyenne sert à camoufler le salaire brut de 6.900€ mensuels dès l’été 2002 révélé par le Canard enchaîné quand Penelope Fillon est passée au service de Marc Joulaud.

Si le souci de François Fillon était d’être transparent lors de cette conférence de presse, c’était pour limiter la transparence à ce qui lui semblait avouable, tout en cachant l’inavouable. Il a tout de même précisé que sa société « 2F Conseil » crée en 2012- soit quelques jours avant d’être élu député de Paris car interdite de création du jour où on devient parlementaire- avait pour clients l’assureur Axa de l’ex PDG surpayé Henri de Castries. Désormais dans son équipe de campagne, l’ancien PDG d’Axa est forcément intéressé par le projet ce casse de la Sécurité sociale du candidat Fillon. Parmi ses clients, le candidat de la droite a aussi cité le holding financier Fimalac de son grand ami milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, sans oublier le Cabinet Ricol Lasteyrie dont le patron avait travaillé pour le Premier ministre Fillon quand Sarkozy était à l’Elysée. Fillon, avec son cabinet « F2 Conseil » aurait aidé la société de René Ricol à « réfléchir aux défis de la globalisation ».

Tel est le candidat Fillon à moins de 80 jours du premier tour de l’élection présidentielle.

Gérard Le Puill, L’Humanité


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