SANS LE VOULOIR, PÉNÉLOPE ACCABLE FILLON

samedi 18 février 2017.
 

Article d’origine : http://robertmascarell.overblog.com...

Jeudi 2 février 2017, dans son émission Envoyé spécial, diffusée sur France 2, Élise Lucet nous a présenté un très court extrait d’une interview que Pénélope Fillon, la femme de qui vous savez, a donné en anglais à une journaliste anglaise, en 2007, peu après que son mari ait été nommé Premier ministre par Sarkozy, nouveau président de la République.

Dans le passage diffusé le 2 février, Pénélope affirmait très clairement qu’elle n’avait jamais été l’assistante de son mari, « ni quoi que ce soit de ce genre ». Elle ajoutait aussitôt, qu’elle ne s’occupait pas davantage de sa communication.

Le lundi suivant cette émission, Fillon, tenant conférence de presse d’urgence, a minimisé les dires de son épouse, affirmant qu’il s’agissait de petits bouts de phrases sortis de leur contexte. Et d’ailleurs, il ajoutait que la journaliste anglaise, scandalisée par la manipulation d’Élise Lucet, l’avait dénoncée directement auprès de son épouse.

Las pour Fillon, la journaliste anglaise a immédiatement demandé à Fillon de cesser ce mensonge.

Du coup, Élise Lucet, indignée, a décidé de diffuser l’intégralité de l’interview le jeudi 16 février, toujours sur France 2. Mais il se trouve que cette interview intégrale circule déjà sur le net (elle vient d’être retirée). Beaucoup ont déjà dû la regarder. En tout cas, moi je l’ai regardée. Je ne me suis pas contenté de cela. J’ai retranscrit tous les passages qui me paraissent intéressants.

L’interview dure 57 minutes, dont 53 sonorisées. Elle est accablante pour Fillon. Loin que le passage diffusé le 2 février ait été tiré de son contexte, le reste de l’interview est particulièrement intéressant à partir de la douzième minute. Je m’en vais mettre en relief les passages les plus significatifs de la mentalité de celui qui prétend diriger la France, avec une morale et une probité au-dessus de tout soupçon. Il en a même fait son principal fonds de commerce.

Autant cette interview est accablante pour Fillon, autant Madame m’a donné l’impression d’une très grande dignité. Sur son visage se lit une indéfinissable tristesse, doublée d’une grande pudeur et d’une grande douceur.

À 12’23’’, Pénélope nous apprend que, mariés en juin 1980, ils auront quatre enfants en cinq ans. Elle ajoute que son mâle reproducteur, député depuis juin 1981, la laissait seule avec tous les enfants la moitié de la semaine. Lui à Paris, elle dans la Sarthe.

Dès ce moment, le décor est planté, Madame sera sous l’entière domination de son mari. Elle est vouée à être mère au foyer. Conforme à son puritanisme catho, son homme ne fait manifestement pas de l’acte sexuel un acte d’amour, mais un acte de reproduction.

À 22’37’’, Pénélope explique que, étant donné les activités de François, elle a jugé plus utile de garder ses distances avec les habitants sarthois. Nous sommes loin des propos de Fillon, affirmant que son épouse, assistante parlementaire, était celle qui lui permettait de garder le contact avec la population de sa circonscription.

À 22’57’’, arrive le moment qui a été diffusé sur France 2, dans Envoyé spécial, le 2 février : « Je n’ai en fait jamais été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre. Je ne m’occupe pas de sa communication. »

Je ne vais pas m’appesantir dessus. Tout a déjà été dit et tout est d’une clarté lumineuse.

Puis arrive, à 25’23’’, le moment où Pénélope nous apprend que, pour des raisons familiales, bien compréhensibles, et parce que Monsieur est devenu ministre des affaires sociales, n° 3 du gouvernement de Raffarin, décision est prise, à partir de juin 2002, que le couple et les enfants habitent complètement à Paris. Passant leurs week-ends à Sablé-sur-Sarthe.

C’est le moment à partir duquel, Fillon, devenu ministre, laisse son poste de député à son suppléant, Marc Joulaud. C’est le moment aussi, où Fillon impose à son suppléant d’embaucher Pénélope au poste d’assistante parlementaire, au salaire brut de 11 000 euros par mois. Je parle de brut et non pas de net, contrairement à Fillon, parce que pour nous contribuables, nous finançons les salaires perçus par tous les assistants parlementaires, mais également leurs cotisations sociales, auxquelles il faut ajouter les charges patronales.

Pour justifier un tel ukase, Fillon explique que, grâce à Pénélope, il garderait un lien très fort et permanent avec sa circonscription sarthoise.

Pur mensonge, sa Pénélope vivait à Paris. Elle ne pouvait donc jouer son rôle d’assistante parlementaire dans la Sarthe, et comme personne ne la voyait hanter les couloirs du Palais Bourbon, elle ne jouait pas, non plus, son rôle d’assistante parlementaire à l’Assemblée nationale.

Pénélope raconte d’ailleurs sa vie très agréable à Paris. Mais les week-ends, elle aimait bien rentrer à Sablé-sur-Sarthe. À 27’58’’, elle précise même : « Je peux faire mes courses à Sablé en portant de vieux vêtements et cela n’a pas d’importance. Les gens pensent seulement que je suis une jardinière anglaise. »

Manifestement, si elle ne jouait pas son rôle d’assistante parlementaire en semaine à Paris, elle ne le jouait pas davantage les week-ends à Sablé.

À 32’31’’, la journaliste anglaise, qui a compris que sa compatriote, Pénélope, ne jouait aucun rôle auprès de son politicien de mari, ose cette question pleine d’impertinence contenue : « Mais est-ce que pour vous l’idée est que, sans aller jusqu’à être une potiche, sa carrière politique exige que vous suiviez le mouvement ? »

Pas du tout vexée de pouvoir être prise pour une potiche, et avec une candeur d’une très grande franchise, Pénélope lui répond : « Oui, en effet, je suis le mouvement. Mais, dans la mesure où j’ai toujours réussi à avoir ma propre vie en parallèle, cela ne m’a pas dérangée. »

Pénélope pouvait-elle dire plus clairement qu’elle ne s’est jamais impliquée dans les activités politiques de son mari ?

Lorsqu’à partir de 50’14’’, Pénélope, répondant à la question de sa compatriote : « Que faites-vous de vos journées lorsque votre fils est à l’école ? Avant. Je ne vous demande pas ce que vous faites maintenant. »

« Eh bien, j’ai toujours vécu comme tout le monde. Il y a toujours les choses horriblement ennuyeuses que vous devez faire ; mais Paris est un endroit merveilleux pour faire des choses, des expositions. Je me suis inscrite à l’université en France. »

« Ah oui ? Dans quelle matière ? »

« Anglais. »

« Qu’est-ce qui vous a décidé à faire cela ? »

Et là, Pénélope lui répond toujours avec la même franchise : « Eh bien, je me suis soudain rendu compte que tout ça, vous savez, s’occuper des enfants, si je n’avais pas eu le dernier, je serais sans doute allée chercher un travail. Mais…. Je me suis tout à coup rendu compte que les enfants ne me voient que comme leur mère. Alors, je leur explique : vous savez, j’ai un diplôme de français. J’ai fait du droit, j’ai eu le concours d’avocat. Je ne suis pas si stupide. Je me suis dit que ça me remettrait au travail, que ça me stimulerait mentalement. »

Pénélope n’avait donc pas d’emploi. Contrairement à ce qu’a dit son menteur de mari, affirmant que sa femme était bien son assistante parlementaire parce qu’elle avait les diplômes requis pour cela. Pénélope confirme que son François n’a jamais reconnu ses compétences. Il a préféré la laisser ruminer ses complexes et son anorexie mentale.

Toute l’infinie tristesse qui se lit sur le beau visage de Pénélope trouve son explication dans cette dernière citation.

J’ai beaucoup de respect pour cette femme.


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