L’urgence laïque

jeudi 30 mars 2017.
 

L’urgence laïque (éditions Michalon, 2017) Ouvrage de Laurence MARCHAND-TAILLADE

Laurence est une militante de terrain, issue du Val-d’Oise, un département marqué par les compromissions des élus de tout bord avec l’islamisme politique. Son propos est donc politique, on s’en doute. Elle entend éclairer les choix de l’élection présidentielle : il n’est pas sûr que le dossier soit à l’ordre du jour des débats, si l’on excepte une heureuse sortie de Mélenchon sur TF1 le 20 mars.

Mais son expérience, et celle de son réseau, sont précieuses pour éclairer ce qui se déroule sous nos yeux, et que nous ne voulons pas voir, bien souvent. Une « déchéance de laïcité », écrit-elle en sous-titre, c’est ce qui la pousse à dénoncer les trahisons successives commises par les républicains (en général), et la gauche en particulier.

De part en part, le livre est en outre traversé par un féminisme militant, et nullement tenté par la « liberté du hidjab » : il inclut d’ailleurs en annexe la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges (1791). Sans doute un sujet qu’il faudra reprendre et approfondir, tant ses rapports avec la laïcité sont, soit occultés, soit niés : Laurence y trouvera tout notre appui.

Si l’on peut regretter quelques approximations (l’urgence ?), que nous lui avons d’ailleurs signalées, on aimera la lecture aisée et stimulante de cet ouvrage.

« Sans la liberté de blâmer il n’est pas d’éloge flatteur » (Beaumarchais)

Nous blâmerons donc dans ces deux ouvrages un identique défaut. Evoquant l’affaire Baby-Loup, qui a vu se manifester nos deux auteures, comme l’UFAL et tous les vrais laïques, pour la défense de la crèche de Natalie Baléato, aucun des deux livres ne conclut sur la décision définitive de l’assemblée plénière de la Cour de cassation du 25 juin 2014. Aucun ne la commente ! Tous deux s’en tiennent à l’arrêt de la Cour d’appel de Paris (2013), dont l’argument sur « l’entreprise de tendance » a pourtant été rejeté par la Cour de cassation !

Pourquoi cacher à ses lecteurs les enseignements véritables de l’arrêt du 25 juin 2014 ? Etait-ce pour en venir à l’amendement de Françoise Laborde et Jean Glavany à la Loi El Khomri, introduisant le « principe de neutralité » dans le code du travail (art. L.1321-2-1) ? Outre que ces deux laïques confirmés n’ont pas besoin de soutiens, rien ne dit que cet article soit constitutionnel, ni conforme aux conventions internationales. Il eût mieux valu engranger l’apport de l’arrêt Baby-Loup. Rappelons au demeurant que la Cour de justice de l’Union Européenne vient encore d’enrichir la matière, comme nos lecteurs le savent.

Chère Caroline, chère Laurence, les médias de l’UFAL (ufal.org, « Ufal-Info ») sont à votre disposition, comme à celle de tous les militants de la laïcité.

Note(s)

1. A cet égard, on peut se passer de lire le « Petit manuel pour une laïcité apaisée », de Bauberot et « le cercle des enseignant.e.s laïques », qui consacre près d’un tiers de ses pages à ce combat d’arrière-garde !


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